Giuseppe Gandolfi

professeur à l'Université de Pavie,

présenté par M. Jean-Marc Rapp, doyen de la Faculté de droit

Né en 1927 à Salsomaggiore Terme dans la province de Parme, le professeur Giuseppe Gandolfi s'est illustré dans trois domaines: le droit romain, le droit civil et le droit comparé.

Chargé de cours à 30 ans, il enseigne d'abord l'exégèse des pandectes à Milan et, après un brillant concours, le droit romain à Camerino et à Trieste. Quelques années plus tard l'Université de Padoue d'abord, celle de Pavie ensuite lui confient l'enseignement des Istituzioni di diritto privato, cours de base, qui familiarise les étudiants avec les grands principes du droit civil et commercial.

Le professeur Gandolfi y est particulièrement à l'aise car, depuis 1951, il pratique le barreau à Milan et il est agréé comme avocat par la Cour de cassation en 1959. Pendant de très nombreuses années le professeur Gandolfi préside en outre le tribunal arbitral lombard appelé à trancher des litiges relatifs aux licenciements. Grand officier de l'Ordre pour le mérite de la République italienne en 1984, membre de l'Académie des sciences de Milan, il est décoré en 1988 de la Médaille d'or per i Benemeriti della Scuola, della Cultiva e dell'Arte.

Mais le professeur Gandolfi n'est pas seulement un praticien prestigieux; il est aussi l'auteur de nombreuses monographies et d'articles portant sur le droit romain, le droit privé moderne et le droit comparé.

Ne citons parmi ses travaux romanistiques que ses monographies importantes sur les interdits et l'interprétation des actes juridiques. Un trait caractéristique de ses articles de droit moderne est leur grande actualité. En témoignent des titres tels que la fécondation artificielle, la famille naturelle, l'indemnisation après divorce du conjoint qui a travaillé bénévolement au profit de l'autre. L'Université de Pavie les a d'ailleurs réunis dans le Recueil Studi di diritto privato, qui a été offert au professeur Gandolfi en signe de reconnaissance pour vingt ans d'enseignement à Pavie.

Les deux volumes sur la conversion des actes nuls, publiés en 1984 et en 1988, sont un ouvrage qui fait autorité. Dans les 861 pages qu'ils totalisent, notre collègue examine les principes de base des régimes contractuels du droit allemand, anglais, français et italien et leur évolution à travers les siècles. Cette analyse remarquable est le résultat de près de vingt ans de recherches menées avec une compétence, un soin et un enthousiasme rarement égalés.

Tout en réaffirmant les liens existant entre le professeur Gandolfi et la Faculté de droit qui a bénéficié de ses conférences, l'Université de Lausanne entend exprimer non seulement son estime à un savant, mais elle désire aussi honorer et encourager une personnalité d'action.

En effet, le professeur Gandolfi a créé à Pavie en 1992 l'Académie des privatistes européens appelée à élaborer un code des contrats formant loi uniforme. Ce code est, en effet, destiné à remplacer les législations nationales des 15 membres de l'Union européenne et de la Suisse.

A ces travaux il a aussi associé des professeurs lausannois. Qu'à l'époque de l'anglomanie, le français soit la langue de travail de cette Académie, et que le code en voie d'élaboration soit rédigé en français, est également dû à un voeu personnel de celui que l'Université de Lausanne honore aujourd'hui par un doctorat honoris causa.

Laudatio:

Au juriste qui, par ses ouvrages historiques et dogmatiques et par la création de l'Académie des privatistes européens, a donné un nouvel essor à la construction intellectuelle de l'Europe unie.

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