Thèses achevées

Valentine Robert | Anne-Katrin Weber | Séverine Graff | Mireille Berton | Izabelle Pluta | François Bovier | Alain Boillat | Laurent Guido
 

Valentine Robert

L'origine picturale du cinéma. 
Le tableau vivant, une esthétique du film des premiers temps

Directeur de thèse : Prof. François Albera
Jury de thèse : Danielle Chaperon, André Gaudreault, Laurent Le Forestier, Victor Stoichita
Date de la soutenance : 4 mars 2016

 

Résumé :

Le cinéma des premiers temps, c’est-à-dire la production des deux premières décennies du cinéma, majoritairement caractérisée par des plans autonomes, des histoires courtes et un cadre fixe, n’a essentiellement connu d’études esthétiques que sous un angle narratologique, centrées notamment sur les prémisses du montage. Cette thèse déplace le regard – ou plus simplement le convoque –, en proposant de faire sa place à l’image. Car à qui sait les regarder, les premiers films dévoilent une parenté picturale jusqu’alors ignorée. Les images du cinéma des premiers temps – alors significativement appelées « tableaux » – se sont en effet définies à l’aune de la peinture, et même plus précisément par une imitation littérale des œuvres d’art. Cette étude révèle que le tableau vivant, défini dans les termes stricts de la reconstitution d’une composition picturale par des acteurs vivants (que ceux-ci tiennent la pose ou non), est au fondement d’une esthétique du film des premiers temps.

L’argument est structuré par les illustrations que l’auteure exhume (et compare, à la manière d’un spectaculaire et vivant jeu des 7 différences) parmi cette production filmique majoritairement disparue, brûlée, effacée, et ces références picturales aujourd’hui perdues, dénigrées, oubliées… Néanmoins ce ne sont pas quelques exemples isolés, mais un vrai phénomène historique qui est mis au jours à travers un corpus de films traversant tous les genres du cinéma des premiers temps, et prouvant que les productions du Film d’Art et des séries d’art ou le film Corner in Wheat (D.W. Griffith, 1909), souvent tenus comme un commencement, consistent bien plus en un aboutissement de cette tradition qui consiste à créer des images filmiques sous forme de tableaux vivants.

Traçant d’abord ses « contexte et contours », le texte montre que la reconstitution picturale hante toutes les formes de spectacle à l’heure de l’émergence du cinéma. Les scènes de l’époque cultivent internationalement une esthétique de tableau vivant. Et la scène n’a pas l’exclusivité du phénomène : le médium photographique, dès son apparition, s’approprie le procédé, pour (chose jusqu’alors impossible) documenter l’effet visuel de ces reconstitutions, mais aussi pour les réinventer, en particulier pour se légitimer en tant que moyen artistique capable de rivaliser avec la peinture. Le cinéma émergent procède à une appropriation similaire du tableau vivant, qui fait le cœur de ce travail en y étant analysée selon quatre axes théoriques : Reproduire – où l’on découvre le caractère fondamentalement indirect de la filiation picturale de ces tableaux vivants, pris dans une dynamique de reproduction intermédiale qui en fait de véritables exercices de style, par lesquels les producteurs expérimentent et prennent conscience des moyens artistiques de l’image filmique – ; Réincarner – où l’on étudie les problématiques engagées par la « mise en vie », et plus précisément la « mise en corps » des figures picturales (en particulier de Jésus et du nu), impliquant des enjeux de censure et un questionnement du regard sur l’art, sur le corps, et sur le statut de ces images qui semblent plus originales que l’original – ; Réanimer – où l’on examine la manière dont le cinéma mouvemente la peinture, en remettant la composition en action, en en redéployant l’instant prégnant, en expérimentant la pose gestuelle, l’arrêt du photogramme et tout le spectre de la temporalité cinématographique – ; enfin Recadrer – où l’on analyse le cadrage de ces tableaux repensés à l’aune de la caméra et de l’écran, qui nécessitent de complexifier les catégories théoriques baziniennes, et qui font émerger le tableau vivant comme un lieu de cristallisation d’une image filmique tabulaire, offrant une résistance au montage linéaire. Or cette résistance se vérifiera jusque dans les films très contemporains, qui, en réactualisant le motif du tableau vivant, briseront la linéarité narrative du montage et feront rejaillir le poids artistique de l’image – ravivant en cela une esthétique fondatrice du cinéma.

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Anne-Katrin Weber

Television before TV : A Transnational History of an Experimental Medium on Display, 1928-1939

Directeur de thèse : Prof. Olivier Lugon
Co-directeur de thèse : Prof. Andreas Fickers
Jury de thèse : Prof. Anna McCarthy, New York University et William Uricchio, MIT
Date de la soutenance : 13 juin 2014

 

Résumé :

Dès le milieu des années 1920 et le développement des premiers prototypes fonctionnels, la télévision se fait objet d’exposition. La nouvelle technologie est montrée à des foires industrielles et dans des grands magasins, à des expositions universelles et nationales : exposée, la télévision devient un mass media avant même qu’elle ne diffuse des émissions régulières. En étudiant les présentations publiques de la télévision en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis entre 1928 – date de l’ouverture des premières expositions annuelles dans les trois pays – et 1939 – moment de l’interruption de celles-ci suite à l’éclatement de la Deuxième Guerre mondiale – Television before TV montre que les lieux où le médium rencontre son premier public constituent les mêmes espaces qui, rétrospectivement, permettent de comprendre son avènement.
Cette recherche propose ainsi de nouvelles pistes pour l’histoire des médias en interrogeant la définition de la télévision en tant que médium du privé. Elle rappelle l’importance historique de l’espace public pour la « vision à distance » et, dépassant la perspective nationale, reconstitue les différences et similarités techniques, médiatiques et institutionnelles de la télévision allemande, américaine et britannique dans l’entre-deux-guerres. Développée dans un contexte qui est simultanément nationaliste et nourri d’échanges et de compétitions internationales, la télévision sert de comparatif dans les rivalités entre pays, mais stimule également la circulation de savoir-faire et de personnes. Sa forte valeur symbolique comme emblème du progrès scientifique et, dans le cas allemand, comme preuve de la modernité du régime national-socialiste se traduit dans les salles d’expositions par des scénographies souvent innovatrices, dont les photographies et descriptions se propagent au-delà de la presse locale. Au centre d’un réseau discursif et représentationnel, les expositions jouent alors un rôle essentiel pour la construction sociale, politique et culturelle de la télévision.
Remplaçant l’analyse de textes audiovisuels par l’étude de la machine exposée, ma recherche reformule la question bazinienne de qu’est-ce que la télévision ? pour demander où le médium se situe-t-il ? Cette prémisse méthodologique permet de contourner une évaluation qualitative de la technologie qui déplorerait ses multiples imperfections, et éclaire d’un nouveau jour des dispositifs télévisuels qui, même sans programme, intègrent un univers voué à la culture de consommation et du loisir.

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Séverine Graff

Histoire discursive du « cinéma-vérité ». Techniques, controverses, historiographie (1960-1970)

Directeur de thèse : Olivier Lugon
Jury de thèse : François Albera, Laurent Le Forestier et Gilles Delavaud
Soutenance : 6 mars 2013

 

Résumé :

Histoire discursive du « cinéma-vérité ». Techniques, controverses, historiographie (1960-1970) retrace l’histoire du succès et de la disgrâce du label « cinéma vérité » en France qui, entre 1960 – date à laquelle Edgar Morin publie son essai programmatique « Pour un nouveau “cinéma vérité” » dans France Observateur – et 1964-65 – moment où la notion commence à perdre en popularité – sert de bannière à un mouvement cinématographique supposé renouveler les rapports entre cinéma et réalité. Une vingtaine de films – comme Chronique d’un été de Jean Rouch et Edgar Morin, Primary de Richard Leacock et Robert Drew, Les Inconnus de la terre ou Regard sur la folie de Mario Ruspoli, Hitler, connais pas de Bertrand Blier, Le Chemin de la mauvaise route de Jean Herman, Le Joli Mai de Chris Marker, La Punition de Jean Rouch ou Pour la Suite du monde de Michel Brault et Pierre Perrault – revendiquent cette étiquette ou y sont associés par la presse hexagonale qui y consacre des centaines d’articles. En effet, la sortie en salles de ces « films-vérité » provoque en France de virulentes controverses qui interrogent aussi bien l’éthique de ces projets où les personnes filmées sont supposés révéler une vérité intime face à la caméra, le statut artistique de ces réalisations, ou l’absence d’un engagement politique marqué des « cinéastes-vérité » devant les questions abordées par les protagonistes (par exemple la Guerre d’Algérie, la jeunesse française, la politique internationale).
L’hypothèse à la base de cette recherche est que la production cinématographique qui se réclame du « cinéma-vérité » se caractérise par une étroite corrélation entre film et discours sur le film. D’une part car la première moitié de la décennie est marquée par de nombreuses rencontres entre les « cinéastes vérité », les critiques ou les constructeurs de caméras légères et de magnétophones synchrones ; rencontres qui contribuent à accentuer et à médiatiser les dissensions au sein du mouvement. D’autre part car la particularité de nombreux projets est d’inclure dans le film des séquences méta-discursives où les participants, les réalisateurs ou des experts débattent de la réussite du tournage. Ce travail montre que le succès du mouvement entre 1960 et 1964-65 ne se fait pas malgré une forte polémique, mais qu’au contraire, nombre de longs métrages intègrent la controverse en leur sein, interrogeant, sur un plan symbolique, l’abolition du filtre entre le film et son spectateur. Si les films qui s’inscrivent dans la mouvance du « cinéma vérité » octroient une large place à la confrontation, c’est parce que la « vérité » est pensée comme un processus dialectique, qui émerge dans une dynamique d’échanges (entre les réalisateurs de cette mouvance, entre les protagonistes, entre le film et son public). Les querelles internes ou publiques qui rythment ces quelques années font partie du dispositif « cinéma-vérité » et justifie de faire l’histoire de ce mouvement cinématographique par le biais des discours qu’il a suscité au sein de la cinéphilie française.

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Mireille Berton

Le dispositif cinématographique comme modèle épistémologique dans les sciences du psychisme au tournant du XXe siècle. L'invention du sujet moderne

Cette thèse part d'une volonté de revisiter les liens entre cinéma et psychanalyse trop souvent réduits aux deux termes d'une comparaison sensée démontrer la parenté de deux systèmes - signifiants, représentationnels, interprétatifs, formels, etc. - dont les affinités électives ont fait l'objet d'une abondante littérature dans le champ des études cinématographiques. Tentant de repenser l'articulation entre cinéma et psychanalyse (freudienne) sur la base d'une analyse historique et épistémologique d'un certain nombre de discours (et de pratiques) scientifiques et culturels au tournant du XXe siècle, cette recherche s'interroge sur les fondements qui organisent la réflexion sur le cinéma à partir d'une analyse des fonctions paradigmatiques du dispositif cinématographique dans les sciences du psychisme. Il s'agit alors de démontrer que le cinéma et les sciences du psychisme contribuent à la construction d'un sujet percevant et pensant aux prises avec un milieu physique et un espace mental bouleversés par la modernité industrielle, technologique et scientifique. Incarnant un individu dont l'appareil psychique est conceptualisé sur la base des nouvelles donnes générées par le monde moderne, le spectateur tel qu'il est « sécrété » par la dispositif cinéma apparaît comme l'emblème de cette subjectivité émergeant à la fin du XIXe siècle, notamment dans la littérature médicale et paramédicale. La configuration du sujet moderne (et de ses diverses facettes) peut, en effet, être repérée dans divers discours traitant de psychopathologies, et plus spécialement dans des textes exposant les effets néfastes provoqués par les dernières technologies - à l'instar du dispositif cinéma - sur des sujets fragiles (enfants, femmes, malades). On tentera donc de problématiser l'appartenance du cinéma à un ensemble de discours et de dispositifs effectifs renvoyant à une histoire du psychisme et du regard façonnée par le contexte de la modernité.

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Izabelle Pluta

Intitulé de la thèse: Acteur et médias sur la scène

Directeur de thèse:
Prof. François ALBERA

Jury de thèse: 
Monsieur Franck BAUCHARD, Expert externe, Directeur adjoint et chercheur, Centre national des écritures du spectacle la Chartreuse, Université d’Avignon, France.
Monsieur Ryszard W. KLUSZCZYNSKI, Expert externe, Professeur, Université de Lodz, Ecole nationale supérieure de cinéma, de télévision et de théâtre de Lodz, Pologne.
 

Soutenance: 24 juin 2009

Une publication de la thèse est prévue aux Editions l'Age d'homme.  

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François Bovier

Intitulé de la thèse: H. D. et le groupe Pool (1927-1933): des avant-gardes littéraires anglo-américaines au cinéma "visionnaire".

Directeur de thèse: Prof. François ALBERA

Soutenance: Octobre 2007

A donné lieu à la publication suivante: 

François BOVIER, H.D. et le groupe Pool. Des avant-gardes littéraires au cinéma, L'âge d'homme, 2009.

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Alain Boillat

Intitulé de la thèse: Les voix du cinéma : boniment, voix synchrone, déliaison et voix-over

Directeur de thèse: Prof. F. Albera

Soutenance: Février 2006

(807p., consultable à la Bibliothèque cantonale universitaire)

A donné lieu à la publication suivante:

Alain BOILLAT, Du bonimenteur à la voix-over. Voix-attraction et voix-narration au cinéma. Lausanne : Antipodes, 2007.

Laurent Guido

Intitulé de la thèse: L'Age du Rythme. Musicalisme et mouvement corporel dans la culture cinématographique française, 1900-1930.

Soutenance: Novembre 2004

Directeur de thèse: Prof. F. Albera

A donné lieu à la publication suivante:

Laurent GUIDO, L'Age du rythme. Cinéma, musicalité et culture du corps dans les théories cinématographiques françaises 1910-1930. Lausanne : Payot, 2007

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