Christian Hardtke

Un chercheur aux talents d'artisan

hadrtke.jpg

Etre chercheur en sciences de la vie, c’est à la fois observer, comprendre, formuler des hypothèses, mais également livrer la preuve de ce qui est avancé. Ce double défi, intellectuel et expérimental séduit le Bavarois, arrivé à l’UNIL en 2004. 

Quand Christian Hardtke entame son parcours universitaire à la fin des années 80, la génétique est en pleine expansion. Les disciplines liées à ce domaine l’intéressent, mais c’est vers la biologie moléculaire que le scientifique s’oriente à l’Université de Munich où il obtiendra son doctorat.

«Un bon chercheur doit avoir des talents d’artisan», relève le professeur, à la tête du Département de biologie moléculaire végétale depuis 2009. Ses travaux préalables l’ont conduit à l’Université de Toronto, puis à Yale et enfin à l’Université McGill de Montréal où il a créé son propre laboratoire au sein du Département de Biologie.

Aujourd’hui, les doctorants et postdoctorants de Christian Hardtke sont impliqués dans quatre projets bénéficiant de subsides de l’Union européenne. L’un d’eux est BRAVISSIMO, un réseau Marie Curie axé sur la formation à la recherche des doctorants, dans le cadre du programme FP7 (People – ITN). Outre l’UNIL, des universités aux Pays-Bas, en Espagne, Belgique, Allemagne, Hongrie et République tchèque, ainsi qu’une société de biotechnologie agricole belge, CropDesign, sont engagées dans cette recherche. BRAVISSIMO s’intéresse aux brassinstéroïdes, des hormones végétales de croissance qui stimulent l’activité racinaire des plantes.

En effet, les plantes sont soumises aux changements constants de leur environnement, dont elles sont prisonnières. En revanche, elles peuvent déclencher des processus complexes, comme par exemple celui de se défendre en cas d’attaques d’insectes. Ces informations sont perçues grâce à l’activité des hormones végétales, parmi lesquelles les brassinstéroïdes. Celles-ci sont des stéroïdes, dont l’apparence structurelle est liée à certaines hormones animales. La brassinstéroïde n’est pas nécessaire à la survie de la plante et certaines mutantes en sont dépourvues.

Les chercheurs lausannois ont mis en évidence qu’une partie de l’activité de la brassinstéroïde se fait par effet synergistique. C’est la présence d’une autre hormone, l’auxine, indispensable elle à la survie du végétal, qui vient renforcer l’activité de la brassinstéroïde, qui à son tour favorise la croissance. Il se trouve que l’auxine a une influence sur l’expression de certains gènes. Le doctorant Emanuele Scacchi, dont la thèse a été financée par BRAVISSIMO, s’est particulièrement intéressé à un gène qui limite la biosynthèse de la brassinstéroïde. Mais une protéine, la BRX, est nécessaire pour garder les taux de brassinstéroïde à un niveau optimal afin de renforcer l’auxine. Ce mécanisme de régulation très complexe à différents niveaux a été déchiffré par le jeune biologiste italien. Ses expériences ont fait l’objet de quatre articles publiés dans des revues prestigieuses. Une preuve supplémentaire de la qualité des travaux conduits au sein du Département de biologie moléculaire végétale et de son rayonnement européen.

Les connaissances techniques et scientifiques hyperpointues, acquises dans le cadre des réseaux de formation initiale (ITN) facilitent le passage entre recherche fondamentale et appliquée selon Christian Hardtke. La Suisse demeure selon lui une des meilleures places au monde pour la recherche de base : «Il y règne une mentalité d’excellence et un vrai soutien à la recherche. Par ailleurs, votre système d’éducation est d’un haut niveau.»

D’une enfance passée en forêt bavaroise, le scientifique a gardé cette proximité avec la nature et il a longtemps pratiqué l’escalade. A l’heure des vacances, il opte pour des destinations chargées d’histoire et de culture. Celles de 2012 sont en partie planifiées : Londres et ses Jeux olympiques d’été : «Notre profession nous accapare sept jours sur sept. Si je prends le temps de m’arrêter, je suis fasciné par des activités très éloignées de mon domaine.»

Marie-Françoise Macchi 

Partagez: