Mesdames et Messieurs,
Se pencher sur la situation actuelle des étudiants, c'est constater une dégradation à tous les niveaux.
Premièrement, le Numerus Clausus en Médecine est sur le point d'être mis en place. D'ailleurs, sans le référendum lancé à Berne par les étudiants, le Numerus Clausus aurait déjà été opérationnel pour cette rentrée.
Deuxièmement, le système des bourses d'études est complètement inadapté et l'on se refuse encore à le réformer malgré un contexte alarmant. En ce sens, des chiffres très précis seront disponibles en février 1996. Date à laquelle aboutira la quatrième enquête lancée par la FAE sur la situation socio-économique des étudiants et dont l'objet central est la question des bourses d'études.
Troisièmement, les perspectives de travail sont fortement réduites. Surtout dans l'enseignement où le chômage a triplé en 12 mois. De plus, la nouvelle loi sur l'assurance chômage péjore fortement cette situation en introduisant un délai d'attente de six mois et en diminuant les indemnités de moitié pour ceux qui ne finissent pas leurs études.
Dans ce contexte, le dernier avatar de la série - Orchidée - se conjugue à merveille pour définitivement sonner le glas d'une démocratisation des études qui n'avait pourtant rien d'aboutie. En effet, le choix d'une université plus élitiste et moins démocratique se traduit dans Orchidée par la diminution du taux d'encadrement, l'accroissement de la sélection et la suppression d'enseignements.
Mais dénoncer ces mesures d'une brutale simplicité est un leurre si l'on ne s'interroge pas sur les raisons de ce choix, sur cette croyance dominante qui présente comme inévitables les sacrifices budgétaires dans le secteur de la formation et qui élimine en fin de compte la possibilité pour l'université - et la société avec elle - de choisir entre plusieurs avenirs. S'interroger sur ce credo dominant est incontournable. En effet, que penser des discours des politiques tendant à prouver que n'importe qui dans la même situation aurait agi comme eux? Tout se passe comme si leur tâche n'était pas de chercher ce qu'il faut faire (puisqu'un clergé technocratique s'en charge) mais plutôt de trouver ce qu'il faut dire. Les politiques - relayés par la presse - se sont abandonnés à ce prêt-à-penser et à son refrain lénifiant sur le partage des sacrifices dans la formation.
Leur discours a comme résultat de travestir, voire d'anéantir le débat sur Orchidée, et l'intransigeance est telle que les opposants sont qualifiés de "briseurs d'élan". Comme si couper dans les budgets était une idée novatrice, comme si verrouiller les besoins en formation était un bond en avant, comme si le sursaut collectif de 12'000 manifestants ne traduisait pas le besoin d'une véritable réforme.
La FAE a fait et fera encore partie de cette opposition parce que nous pensons qu'Orchidée n'apporte aucune réponse d'avenir. La séance extraordinaire du Sénat en mai dernier n'avait pas manqué de signaler la superficialité du travail accompli par les consultants. Ces mesures révèlent bien qu'en chassant les déficits à tout prix, les promotteurs d'Orchidée se moquent du coût social élevé qu'elles engendreront à long terme. Les décisions, qui concernent une restructuration de l'université se prennent dans le cercle restreint des autorités cantonales. Dommage! Dommage parce que les réformes structurelles nous concernent tous, à plus d'un titre. Lorsqu'il s'agit de modifications pour le moyen et le long terme, un conclave aussi réduit que le Conseil d'Etat ne se justifie plus. A contrario, au sein de l'université la participation récente de tous les corps a eu quelques débuts prometteurs, notamment entre étudiants et assistants. En ce qui concerne la participation des étudiants, le bilan se révèle déjà positif dans certains domaines précis. Il est des dysfonctionnements que seuls les étudiants peuvent déceler et leur appréciation de l'enseignement est primordiale.
En ce sens, ils ont leur rôle à jouer dans l'optimisation de l'utilisation des ressources disponibles pour améliorer la qualité des études. Durant cette année académique, la FAE tâchera d'accentuer ce rôle en envisageant d'autres voies que celles toutes tracées et veillera à ce que la participation ne soit vidée de tout son sens. Les enjeux de cette rentrée académique ne manquent pas et nous espérons qu'un sursaut politique soit encore possible afin que nous puissions entrer en matière sur des propositions et ouvrir ensemble de moins sombres perspectives.