La monarchie absolue

| Bibliographie | Sources
 

On attribue à Montesquieu, dans L'Esprit des lois (1748), la théorie de la séparation des pouvoirs, qui montre que le pouvoir de faire les lois (législatif), celui d'en assurer l'exécution (exécutif) et celui de sanctionner les infractions (judiciaire) doivent être séparés pour éviter l'arbitraire politique. La mise en oeuvre concrète de cette théorie par la Révolution française déterminera la fin de ce qu'on nomme "l'Ancien Régime". Cet Ancien Régime lui-même représente une très longue période et recouvre plusieurs situations politiques: la féodalité proprement dite, qui se termine à la fin du XIIIe siècle, la monarchie qu'on appelle parfois "féodale", la monarchie dite "absolue" qui caractérise la France du XVIIe siècle, la monarchie parlementaire ailleurs (dans l'Angleterre de la Charte par exemple). Par monarchie absolue, les historiens désignent un système où le roi gouverne seul au nom de la nation tout entière, mais en restant soumis à la loi et en respectant les privilèges des sujets (ce n'est donc pas un despotisme). L'absolutisme français louisquatorzien a trouvé son assise dans la théorie du droit divin, selon une expression de Bossuet: le roi est vu comme le représentant de Dieu dans la nation; tous les sujets sont ses enfants.

L'émergence de l'absolutisme en France a été préparée depuis Philippe le Bel déjà (mort en 1314), qui institua une première centralisation au profit du pouvoir royal. Mais dans la période moderne, tout se concrétise avec Richelieu, que Louis XIII appelle au pouvoir en 1624 et qui deviendra un Premier Ministre tout-puissant. Richelieu parvint à abaisser les prérogatives des grands seigneurs qui étaient restées fortes, et à imposer une administration royale, première ébauche de l'Etat moderne. Sa mort, en 1642, puis celle du roi l'année suivante, ouvrit cette période de troubles qu'on appelle la Fronde (il y eut en fait deux Frondes, mais nous n'entrerons pas ici dans les détails). La régente Anne d'Autriche nomma Mazarin Premier Ministre. Sans cesse attaqué, haï, mais multipliant les entreprises, Mazarin devenu Cardinal sauva la royauté à l'intérieur (contre les Princes et les Parlements) et à l'extérieur (par sa diplomatie). Lorsque Louis XIV, à la mort de Mazarin (1661), entreprit de gouverner personnellement, il commença par se passer de Premier Ministre en concentrant dans ses mains toutes les grandes décisions. Il avait alors un peu plus de 22 ans, et il assura ce rôle jusqu'à sa mort en 1715, mettant en application d'une manière concrète l'absolutisme royal. Au XVIIIe siècle, Louis XV parvint un temps à poursuivre sur cette voie, mais il dut faire des concessions; Louis XVI tenta d'introduire, trop tard pour sauver la monarchie, une forme de parlementarisme.

Louis XIV ne fit pas que gouverner personnellement. Il écarta des instances de décision les princes et les grands seigneurs qui y prétendaient héréditairement; et il introduisit dans l'administration royale des hommes venus de la noblesse de robe (des parlements) et de la bourgeoisie. Pour assurer complètement le pouvoir royal, il diminua la noblesse en obligeant les nobles à séjourner à Versailles, c'est-à-dire à quitter leurs domaines et leur province pour s'approcher de la Cour, d'où tout dépendit de plus en plus. Il lia aussi la fonction royale à sa représentation publique, développant une stratégie d'ostentation et un contrôle strict des images du pouvoir. Versailles, ses fêtes et ses cérémonies quotidiennes ou extraordinaires devint le coeur du dispositif. C'est de là qu'est née la mythologie du Roi-Soleil, semblable à Apollon. Cette gestion autoritaire du pouvoir rencontra d'emblée et pour longtemps l'approbation des contemporains, désireux d'ordre dans la société. Des victoires militaires (la conquête des Flandres et de la Franche-Comté) vinrent opportunément ajouter la gloire au prestige royal. Mais, à partir du milieu des années 1680, le reflux commença. Des guerres coûteuses, des dépenses multipliées, une politique interne trop autoritaire (notamment à l'égard des huguenots), une exigence de servilité envers tous ceux qui approchaient le roi - la fin du règne fut longue et douloureuse pour le pays. Lorsque Louis XIV mourut en 1715, la France entière s'en réjouit. Si l'absolutisme survivait encore dans les institutions, il n'allait pas tarder à s'effondrer dans les esprits.

Louis XIV en costume de sacre, par Rigaud.

Dictionnaire du Grand Siècle, sous la direction de

François Bluche, Paris, Fayard, 1990.

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Bibliographie

Deux ouvrages historiques de référence sous forme de dictionnaire:
  • Bluche, François, Dictionnaire du Grand Siècle, Fayard, 1990.
  • Pillorget, René et Suzanne, France baroque, France classique, Paris, Robert Laffont, "Bouquins", 1995, vol I. "Récit", vol. II "Dictionnaire".

Pour une présentation synthétique de l'histoire politique:

  • Décimon, Robert et Jouhaut, Christian, La France du premier XVIIe siècle, Paris, Belin, 1996.

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Sources

  • Apostolidès, Jean-Marie, Le Roi-machine, Paris, Minuit, 1981.
  • Saint-Simon, Mémoires, tome V (1714-1716), Paris, Gallimard, La Pléiade, 1985.

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