Les conseillers d'Etat vaudois et genevois, les recteurs et président de l'UNIL, l'UNIGE et l'EPFL ainsi que le secrétaire d'Etat à l'éducation et à la recherche ont annoncé ce lundi la création de deux pôles scientifiques à Lausanne et à Genève, destinés à la recherche sur le cerveau et aux technologies computationnelles.
Le projet Neuropolis offrira un écrin de choix aux neurosciences, en accueillant la plateforme Blue Brain et d'autres domaines scientifiques portés par les hautes écoles lémaniques. Pour la place lausannoise, ce renforcement passe par la construction d'un nouveau bâtiment de recherche et de formation. Trois questions au recteur Dominique Arlettaz.
Le projet Neuropolis annoncé ce lundi 11 juin 2012 est centré sur le cerveau ; quel est son intérêt pour l'UNIL ?
Neuropolis veut effectivement offrir un cadre à la recherche en neurosciences et au projet Blue Brain. S'il est clairement piloté par l'EPFL, cet ambitieux projet de recherche sur le cerveau ne peut se réaliser que grâce au concours des scientifiques de nombreuses universités. L'UNIL est principalement intéressée par les conséquences cliniques et thérapeutiques que cette recherche peut apporter, et ces développements sont placés sous la direction du professeur Richard Frackowiak, directeur du Département des neurosciences cliniques de l'UNIL et du CHUV.
L'UNIL y voit-elle d'autres avantages ?
La recherche doit toujours se concevoir sur le long terme et l'UNIL profitera de cette nouvelle impulsion dans une perspective beaucoup plus large. Les méthodes scientifiques évoluent en permanence. Les sciences de la vie ont réalisé des progrès énormes grâce à la bioinformatique introduite il y a une quinzaine d'années, qui permet de traiter de très grandes quantités de données. Aujourd'hui, on sait que les méthodes de simulation vont permettre de faire de la science autrement. C'est une étape que l'UNIL veut anticiper. Pour cela, il faut des équipements de calcul à haute performance, mais nous devons surtout construire des compétences en rassemblant les personnes capables d'utiliser la simulation et la modélisation. Cet objectif du projet Neuropolis intéresse particulièrement l'UNIL, qui veut en profiter pour préparer aujourd'hui les compétences nécessaires aux chercheurs de demain. Ce développement sera utile aux sciences de la vie, mais aussi à d'autres domaines scientifiques ; on envisage dans un premier temps des applications pour les neurosciences, la biologie évolutive, l'oncologie, les sciences de la Terre, sans oublier les sciences économiques et sociales. Aujourd'hui déjà, 150 chercheurs de l'UNIL sont actifs en bioinformatique et biologie computationnelle ; à terme, 300 scientifiques de l'Université de Lausanne seront insérés dans le projet Neuropolis. Sur le volet de la formation, il me paraît important de souligner que les étudiants pourront s'initier à ces technologies de la simulation.
La collaboration lémanique est donc renforcée ?
Ces dix dernières années, l'UNIL a tiré profit de sa collaboration avec l'EPFL et l'Université de Genève. En particulier, les institutions lausannoises rassemblent une quantité de chercheurs en sciences de la vie qui fait de ce campus un extraordinaire lieu de recherche disposant de plateformes technologiques de premier plan. Dans le même esprit, le projet annoncé aujourd'hui va renforcer la place scientifique lausannoise dans le domaine de la simulation. Cela s'inscrit magnifiquement dans la stratégie de la Faculté de biologie et de médecine. Celle-ci a créé en janvier 2010 le Département des neurosciences cliniques et lancera en août 2012 un Département des neurosciences fondamentales, qui rejoindra Dorigny dès la rénovation du bâtiment Amphipôle. Le projet Neuropolis s'inscrit dans cette logique scientifique et de partenariat.