Nadia Bruyndonckx, coordinatrice du programme doctoral en écologie et biologie évolutive, partage sa passion des chiroptères dès qu'elle en a l'occasion. Retour sur sa thèse de doctorat alors qu'on célèbre en 2012 l'année de la chauve-souris.
Elue animal de l'année 2012 par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement, la chauve-souris a longtemps été victime de mauvais traitements de par la méconnaissance de son mode de vie. Noctambule mystérieuse, affublée du titre de vampire depuis le fameux Dracula et la découverte de trois espèces qui se nourrissent effectivement de sang de mammifères et d'oiseaux en Amérique du Sud, le petit mammifère volant est le lieu de beaucoup d'idées reçues. « Non, les chauves-souris ne s'accrochent pas dans les cheveux », aime à expliquer Nadia Bruyndonckx à ses élèves avec l'aide d'un spécimen. Enseignante remplaçante dans les écoles vaudoises, la jeune femme de 33 ans a achevé un doctorat à l'UNIL en 2009 sous l'égide du spécialiste des chauves-souris, Philippe Christe. Actuellement coordinatrice du programme doctoral en écologie et biologie évolutive, elle continue à collaborer avec lui lors de publications scientifiques mais préfère le contact avec le grand public. Fête de la Nature ou Nuit de la chauve-souris (qui se déroulera le 24 août 2012 à Lausanne), tout événement est l'occasion pour elle de sensibiliser les curieux aux vertus insoupçonnées que possèdent le petit animal.
Une chasseuse d'insectes utile à tous
« Vingt-huit espèces de chauves-souris vivent en Suisse et elles sont toutes insectivores, note la chercheuse. Une chance pour les particuliers qui en abritent chez eux comme pour les agriculteurs, dont les cultures peuvent ainsi être débarrassées de nombreux nuisibles. » Mais suite notamment à la réduction de leur habitat naturel - forêts, vieilles bâtisses abandonnées, granges, clochers - les populations de chauves-souris ont diminué de manière inquiétante. A l'échelle mondiale, plus de la moitié des espèces sont menacées d'extinction. Dans cette situation, il est essentiel de comprendre l'évolution et les déplacements des différentes espèces de l'ordre des chiroptères, terme signifiant « qui vole avec ses mains ».
Basé sur la génétique des populations qui permet de saisir les mécanismes d'évolution des espèces, la thèse de Nadia Bruyndonckx étudie l'interaction de différentes populations de chauves-souris avec un parasite qui vit sur leurs ailes. L'acarien, qui provoque des démangeaisons mais pas de maladies graves chez l'animal, ne quitte jamais son hôte et ne se transmet que par contact physique. L'idée est donc d'utiliser le parasite comme marqueur afin de retracer l'histoire de vie d'un individu. C'est grâce à l'analyse de la structure génétique des deux organismes, qui partagent une histoire évolutive, que la biologiste a pu établir avec certitude des contacts entre populations.
Symbole de biodiversité, les chauves-souris méritent l'attention du public et la fascination des scientifiques, qui n'ont pas fini de décrypter leurs moeurs.