Directeur de l'Institut de police scientifique, le professeur Pierre Margot se verra décerner en septembre prochain un doctorat honoris causa de l'Université de Québec à Trois-Rivières. Reconnu internationalement par ses pairs, le professeur a notamment reçu la médaille Douglas M. Lucas en 2011, le prix le plus prestigieux en sciences forensiques.
Figurant parmi les rares chercheurs à avoir mené toutes ses études et sa carrière dans les sciences forensiques, Pierre Margot a obtenu son diplôme de police scientifique et de criminologie à Lausanne en 1974. Il a par la suite effectué un master puis une thèse à l'Université de Strathclyde à Glasgow, consacrée aux champignons toxiques et hallucinogènes. Une recherche qui l'a conduit à poursuivre un post-doc aux Etats-Unis dans la toxicologie et les empoisonnements. Après un passage à l'EPFL comme chimiste chercheur sans avoir été spécifiquement formé à la chimie, le chercheur originaire de Delémont repart pour l'Australie où il occupera les fonctions de spécialiste en sciences forensiques et en chimie. « Je suis tombé par hasard sur l'annonce, j'ai postulé un peu par jeu, et j'ai obtenu le poste. » En collaboration avec la police australienne, il développera notamment de nouvelles méthodes de détection des empreintes digitales.
Cette vision généraliste c'est l'orientation que le professeur Margot souhaite maintenir à l'Institut de police scientifique de l'Ecole des sciences criminelles, la plus ancienne école de sciences forensiques du monde, qu'il dirige depuis 1986. En défendant une « culture de la trace », qui exploite toutes les informations cachées dans une trace, à l'opposé d'une ultra-spécialisation « qui ne donne qu'une vision partielle des faits ».
Parmi ses contributions à l'Institut, le professeur concède l'importance qu'il confère à la recherche. « Jusqu'à mon arrivée, il y avait eu cinq doctorats, par la suite leur nombre est passé à plus de 100. » Il souligne également son plaisir à enseigner, espérant qu'il donne l'envie aux étudiants de poursuivre leur développement ou la recherche par un doctorat. « Pour qu'une discipline soit vivante, il faut une recherche active qui précède les questions qui vont se poser. »
Un goût de l'enseignement par lequel il justifie également sa reconnaissance prochaine par l'Université à Québec. Cette même université a lancé d'ailleurs un nouveau bachelor en criminalistique, dont le modèle suit celui de Lausanne depuis fin 2011. Un programme qui a ainsi directement pu bénéficier des conseils du professeur Margot.