Travailler dans la santé implique une confrontante proximité avec les limites de la vie. Etudier la médecine, c'est aussi initier un riche cheminement, parfois difficile à penser et à vivre. Quatre étudiants prolongent la réflexion dans un livre.
Dans La mort, une inconnue à apprivoiser, Marc-Antoine Bornet, Sophie Kasser (en photo), Sophie Masmejan et Arnaud Bakaric rassemblent plusieurs témoignages d'étudiants et de praticiens autour d'une question centrale dans la vie et dans la pratique médicale. Rencontre avec les deux premiers, impliqués avec leurs camarades dans le projet Doctors and Death de l'Association suisse des étudiants en médecine.
«Notre association propose aux étudiants en médecine d'ouvrir une réflexion sur la mort et en particulier leur vécu face à la mort», explique Sophie Kasser. «Nous bénéficions aussi d'une fructueuse collaboration avec la Faculté de biologie et de médecine. Sous l'impulsion du professeur Lazare Benaroyo, un cursus d'accompagnement des étudiants face à la mort s'est mis en place dès 2011. Nous avons été invités à participer à certains de ces cours», ajoute Marc-Antoine Bornet .
Désormais, un livre permet de poursuivre la réflexion, que l'on soit étudiant en médecine ou non. «Nous sommes partis du vécu de la dissection, premier contact durant les études avec la mort, pour aller vers un questionnement sur la pratique médicale, la relation au patient en fin de vie et, plus généralement, sur la mort elle-même», précisent Sophie et Marc-Antoine, tous deux en 5ème année de médecine. La première hésite entre la chirurgie et la psychiatrie et le second se destine à la médecine interne hospitalière.
«Notre livre peut intéresser tout un chacun», soulignent les deux étudiants. En effet, penser à la mort est une manière de penser à la vie, à son intensité, sa qualité, comme le suggèrent quelques écrits réunis dans cet ouvrage.
«Face à la maladie, il y a quantité de connaissances à mettre en oeuvre, de gestes à accomplir, il faut faire, sans oublier l'être, la relation à la personne», souligne Marc-Antoine Bornet. A lire les textes rassemblés par cette jeune équipe, on comprend que cette relation va dans les deux sens. Le malade, même très diminué, même mourant, peut encore donner à son entourage personnel et médical une leçon de vie.