Enseignant à la Faculté de théologie et de sciences des religions, Jean-François Bert organise avec le Centre Michel Foucault un colloque sur un aspect méconnu du travail du philosophe.
Trois jours pour penser le religieux - le(s) christianisme(s), le pouvoir pastoral, la volonté de vérité, les techniques d'existence, la spiritualité antique - à la lumière d'un philosophe qui a posé cette question de manière très large dans l'ensemble de son oeuvre. Pour Jean-François Bert, spécialiste de Foucault, il s'agit là du premier colloque à s'emparer ainsi de l'intérêt du philosophe pour ces domaines qui l'ont amené, par exemple, à penser la question de la révolution non seulement dans ses dimensions politique et sociale mais également religieuse. « Il invente la notion de spiritualité politique », précise Jean-François Bert.
Faisant partie de la dernière génération d'intellectuels à avoir reçu une éducation religieuse soutenue et précoce, Foucault s'est intéressé à la question de la charité, de la chasteté ou encore de l'aveu à travers les dispositifs religieux, judiciaire, littéraire de la confession. Au croisement du pouvoir pastoral qui prend en compte la globalité des âmes, et du pouvoir administratif qui discipline l'individu - tous et chacun - il y a le pouvoir de la modernité...
De nouvelles perspectives
Depuis la mort de Michel Foucault en 1984, d'innombrables archives manuscrites et audiovisuelles ont été numérisées et mises à la disposition des chercheurs et du public. « Ces entretiens filmés, ces enregistrements, ces cours apportent un éclairage inédit qui doit permettre de relire les ouvrages avec des questions nouvelles », estime Jean-François Bert. Ce colloque réunit d'éminents spécialistes de la pensée de Foucault qui jouent le jeu de l'éclairage spirituel et religieux, et des historiens des religions qui veulent penser le religieux dans la modernité.
Au même moment, une création collective d'après Michel Foucault s'appuie sur le célèbre ouvrage « Surveiller et punir » pour explorer le monde carcéral. Intitulé « La prison », ce spectacle proposé par cinq comédiennes est à voir du 23 au 25 octobre au Théâtre La Grange de Dorigny.