Trois équipes composées d'étudiants de l'UNIL, de l'EPFL et de l'ecal ont conçu des objets connectés. Ces derniers seront fabriqués en petite série à Shenzhen, cet été. Ce projet pédagogique, le China Hardware Innovation Camp (CHIC), est mené tambour battant.
Comment passer d'une idée gribouillée sur un bout de papier à un objet électronique réel, en trente jours de travail ? C'est le défi que Marc Laperrouza, chargé de cours à la Faculté des HEC, a lancé en décembre dernier. Une quinzaine d'étudiants, issus de l'EPFL, de l'UNIL et de l'ecal, l'ont relevé. «Au terme d'un week-end d'idéation, trois équipes se sont constituées autour de trois projets», explique le coordinateur du China Hardware Innovation Camp (CHIC).
Comme dans la vraie vie, les objets connectés projetés sont le fruit d'un travail qui mêle disciplines et institutions. Ainsi, les groupes comprennent des futurs ingénieurs (micro-technique, matériaux, systèmes d'information, électricité et génie mécanique). S'y ajoutent des designers industriels de l'ecal, ainsi que des étudiants en master de système d'information d'HEC (pour les aspects économiques).
Exercice acrobatique
«Je suis assez fasciné par leur capacité à s'organiser, même si l'exercice est acrobatique», remarque Marc Laperrouza. Les participants à CHIC doivent comprendre le langage de leurs collègues issus d'autres spécialités, négocier avec eux, nouer des compromis et déboucher sur une réalisation innovante, le tout dans des délais très serrés.
Vesta, Dory et Fimi, soit les trois projets, sont décrits en détail sur le site de CHIC (https://chic2015.wordpress.com). Le premier, destiné aux personnes âgées, cherche à nourrir leurs liens avec les membres de leurs familles, souvent installés loin d'eux. Le deuxième s'adresse aux enfants et aux enseignants. Il s'agit d'un instrument de mesure de la température, du pH et de la turbidité des eaux, dans un but de sensibilisation à la pollution. Le dernier est un biberon connecté qui répond à des angoisses parentales répandues : quelle est la température du liquide et quelle quantité le bébé en a-t-il englouti?
Dialogue avec la société
Loin de fignoler leurs projets seulement en laboratoire et à l'écran, les équipes ont interrogé des personnes potentiellement intéressées par leurs produits - par exemple des ONG ou le milieu associatif - afin d'obtenir leurs retours. Ainsi s'établissent non seulement des dialogues entre les institutions (EPFL-ecal-UNIL) mais également avec la société.
Pour la prochaine étape, mi-juillet, les participants vont passer douze jours à Hong Kong et en Chine afin de concrétiser leurs projets. Leurs PCB (circuits imprimés en VF) seront livrés sous forme de fichiers à l'entreprise Seeedstudio, basée à Shenzhen, tout près de Hong Kong. Une fois le prototype fabriqué, il va falloir l'intégrer dans les boîtiers imprimés en 3D par les étudiants. «Sur place, en Chine, ils devront encore réaliser des soudures. Puis ce sera l'heure de vérité !» sourit Marc Laperrouza. Le risque est toutefois limité car de nombreux aller-retour de fichiers et de pièces ont lieu en ce moment entre les trois équipes et l'usine chinoise. De plus Alex Wayenberg, ingénieur expérimenté, suit de près le travail et livre de nombreux conseils.
Né d'une idée de Pascal Marmier, CEO de swissnex China, et soutenue financièrement par cette institution, par le canton de Vaud et le Collège des Humanités de l'EPFL, CHIC possède un but pédagogique fort. Pour les trois étudiants d'HEC, il s'agit de leur travail de semestre. Les fichiers produits sont publiés sur la plateforme ouverte GitHub, afin que d'autres puissent les utiliser. Les équipes vont rencontrer des collègues étudiants à Hong Kong et visiter des entreprises, afin de mieux comprendre à la fois le pays, son fonctionnement et son économie.
Enfin, à l'automne, les candidats présenteront leurs réalisations en public à l'EPFL. Stressant, cet exercice à forte composante humaine, malgré son habillage technologique, devrait fournir de précieuses compétences aux participants.