Lors de sa séance du 5 mars 2015, les membres du Conseil ont accepté une résolution demandant au FNS de renoncer à l'imposition de l'anglais pour la soumission des requêtes en science politique.
Projet de résolution présenté par Antoine Chollet (corps intermédiaire, Faculté des SSP)
Texte de la résolution:
Le 10 décembre 2014, le FNS décidait d'obliger les chercheuses et chercheurs en science politique à rédiger et remettre leurs requêtes en anglais dès le 1er avril 2015. Une pétition, signée par plus de 600 personnes dont de nombreux spécialistes de science politique, en Suisse comme à l'étranger, a permis de reporter provisoirement la mise en oeuvre de cette décision.
Cette mesure contraignante pour l'élaboration des projets de recherche s'inscrit dans une tendance plus générale de standardisation des critères de scientificité. Elle procède d'une décision privée de toute réflexion sérieuse à propos de la communication entre les univers scientifiques nationaux et des modalités de circulation et de transfert, et donc de traduction dans le sens le plus large, des théories, concepts, idées, problématiques et résultats de recherche entre ces univers.
Cette décision pose problème pour plusieurs raisons :
1. Il s'agit d'une décision sans fondement, car les univers scientifiques germanophones, italophones ou francophones, ainsi qu'anglophones, en Suisse ou à l'étranger, comptent suffisamment de spécialistes pour expertiser le petit nombre de requêtes déposées dans l'une des trois langues nationales.
2. Cette décision impose une langue au stade confidentiel de l'élaboration d'un projet de recherche, alors que la communication scientifique doit plutôt porter sur la valorisation des résultats de la recherche, notamment par la publication de travaux (livres, articles) en anglais. Ce faisant, cette décision confond langue de raisonnement et langue de communication.
3. Cette décision ignore les questions complexes liées à l'usage des langues dans les sciences humaines et sociales. Sciences de la culture ayant pour objet l'homme et/dans la société, leur visée universaliste ne saurait se réduire à l'imposition de l'anglais comme langue universelle, au risque d'appauvrir notre discipline en portant atteinte à la diversité des paradigmes, concepts, théories et méthodes.
Il n'est pas question ici de se revendiquer d'une quelconque exceptionnalité, francophone ou germanophone, mais de tenir compte des spécificités des univers scientifiques nationaux, mais sans pour autant les réifier, et cela pour imaginer des dispositifs favorisant le dialogue entre les chercheurs.
Au vu de ce qui précède, le Conseil de l'Université de Lausanne se réjouit du report de la décision du FNS, et demande à ce dernier de renoncer à l'imposition de l'anglais pour la soumission des requêtes en science politique, ainsi que dans d'autres sciences humaines et sociales.