Le CHUV a ouvert début mai le Centre de Résonance Magnétique Cardiaque (CRMC). Pionnier en Suisse romande, il permettra renforcer les compétences de l'hôpital vaudois en matière de diagnostics des maladies cardiaques, ainsi que la recherche et la formation dans ce domaine.
50% des hommes et 64% des femmes ne présentent aucun symptôme avant un infarctus. Conséquence: ces patients ne sont généralement pris en charge à l'hôpital qu'après la survenue de complications ou pire d'une crise cardiaque. Le problème est d'importance. En 2004, la Suisse dénombrait environ 13'000 infarctus par an et, sur dix décès provoqués par cette maladie, six arrivaient hors de l'hôpital. Pourtant, depuis une dizaine d'années, une technologie d'imagerie médicale permet de détecter les malades avant la survenue d'un infarctus: l'IRM cardiaque (Imagerie par résonnance magnétique).
Pour développer cette technologie, le CHUV a inauguré début mai le Centre de Résonance Magnétique Cardiaque (CRMC). «Nous allons faire travailler ensemble des radiologues et des cardiologues. Une première en Suisse!, se réjouit le professeur Pierre Vogt, chef du service de cardiologie du CHUV. Jusqu'ici, les premiers s'occupaient davantage de la technique et les seconds de la pathologie. Désormais, ils vont travailler ensemble pour le bien du patient ce qui constitue une véritable avancée.» Constitué d'un médecin chef, deux médecins cadres (un radiologue et un cardiologue) et de deux assistants, ce centre permettra à l'hôpital vaudois d'améliorer la qualité des soins dispensés en matière de cardiopathie.
«Ce centre bénéficiera surtout de la grande expérience du professeur Juerg Schwitter», se félicite le professeur Pierre Vogt. Spécialiste de l'IRM cardiaque de notoriété mondiale, Juerg Schwitter a pris le 1er mai 2009 la direction du Centre d'IRM cardiaque. Jusqu'ici, il travaillait à l'Hôpital universitaire de Zurich, où il a développé pendant une dizaine d'année l'IRM cardiaque. Il y a dirigé les études multicentriques les plus importantes au monde dans ce domaine, comme le programme MR-IMPACT à la base de l'introduction de l'IRM dans la clinique cardiaque. Son arrivée au CHUV constitue donc un véritable atout pour l'hôpital vaudois.
«L'IRM cardiaque permet le dépistage des maladies coronaires à la fois chez les patients avec des symptômes typiques ou atypiques, mais aussi chez les malades asymptomatiques mais présentant des facteurs de risque (hypertension, hyperlipidémie, fumeurs, diabètes...)», précise Juerg Schwitter. «En matière de détection, cette technique possède de nombreux avantages par rapport aux autres techniques existantes, telles que la scintigraphie, les tests d'efforts, les ultrasons ou l'échocardiographie, poursuit Pierre Vogt. C'est une méthode à la fois précise, spécifique et rapide (ndlr: un examen dure environ une heure).» Elle se révèle par ailleurs pas plus cher que les autres techniques: selon le test effectué, son prix s'élève entre 600 et 1000 francs.
«Actuellement, le CHUV effectue environ trois cents IRM cardiaque par an, avance le professeur de radiologie Reto Meuli. Grâce à la création de ce centre ce chiffre devrait être porté à cinq cent dès la première année.» Pour autant, l'emploi des autres techniques (scintigraphie, ultrasons et échocardiographie) ne devrait pas diminuer. «Il s'agit avant tout de compléter les tests, afin de mieux traiter les patients.»
Outre les soins, le centre d'IRM cardiaque constituera également un pôle en matière de recherche et d'enseignement. «Le Centre d'imagerie biomédicale de l'Ecole polytechnique de Lausanne (EPFL), ainsi que l'Hôpital universitaire de Genève (HUG) participeront à nos projets de recherche, notamment en matière de traitement d'images», explique Reto Meuli. L'objectif sera à la fois d'améliorer les applications existantes de l'IRM cardiaque, d'en développer de nouvelles et de définir des standards. «Avec la création de ce centre d'IRM cardiaque, nous avons créé un bon modèle pour la collaboration interdisciplinaire et pour imposer cette technique à Lausanne, estime Juerg Schwitter. Notre centre va aussi nous permettre d'assumer le rôle de contrôleur de la qualité des examens d'IRM cardiaque du nouveau registre Européen en IRM cardiaque, dont j'étais l'un des membres fondateur en 2008. En somme, le centre d'IRM cardiaque va nous donner la possibilité de jouer un rôle important au niveau mondial.»
Cet article a été publié dans le CHUV-magazine, printemps 2009