Une étude menée par la Dresse Stéphanie Bibert et Pierre-Yves Bochud, PD et MER1 à la FBM et médecin adjoint au sein du Service des maladies infectieuses du CHUV, en collaboration avec la Cohorte suisse de l'hépatite C (SCCS) a été publiée dans le Journal of Experimental Medicine le 27 mai 2013.
On estime que 80'000 personnes en Suisse sont atteintes d'hépatite C chronique, dont plus de la moitié ignore leur diagnostic. Les traitements classiques ne permettent l'élimination du virus que dans environ 50% des cas, et il n'existe aucun vaccin permettant de se prémunir contre l'infection. Malheureusement, le diagnostic est souvent posé trop tard, lorsque les complications telles que la cirrhose ou le cancer du foie sont déjà installés. Ces manifestations tardives sont en grande augmentation et constituent un important problème de santé publique pour les années à venir, la greffe du foie restant parfois la seule option thérapeutique possible.
Récemment, de nouvelles molécules ciblant spécifiquement le virus ont permis une remarquable avancée dans la prise en charge de l'infection, rendant le traitement plus efficace et moins long. Toutefois, les traitements actuels restent coûteux, leur administration est complexe, notamment en raison de nombreux effets secondaires et du risque d'émergence de résistance. Afin de proposer un traitement optimal, les médecins doivent prendre en compte de nombreux facteurs, comme le génotype viral, l'état clinique du patient ou sa capacité à supporter des effets secondaires sur une longue durée. Des études récentes ont montré que des marqueurs génétiques permettent de prédire le degré de réponse aux traitements antiviraux. Ces marqueurs peuvent être mesurés chez les patients à l'aide de tests moléculaires simples qui constituent désormais un élément important pour l'élaboration de stratégies thérapeutiques personnalisées.
Depuis quelques années, on sait que des variations de la séquence d'ADN à proximité du gène IL28B (qui produit une protéine appelée interféron lambda 3) influencent de manière importante la réponse au traitement. Plusieurs marqueurs ont été proposés, sans que le marqueur causal (expliquant la mauvaise réponse au traitement) ne puisse être définitivement identifié. Cette étude a permis de mettre en évidence un nouveau marqueur qui prédit avec plus de précision la réponse au traitement. En utilisant des échantillons sanguins de patients de la Cohorte suisse de l'hépatite C (SCCS), ils ont montré de manière élégante que c est bien ce nouveau marqueur (et non les marqueurs proposés précédemment) qui est associé à une quantité réduite d'interféron lambda 3. L'identification du marqueur causal ouvre de nouvelles perspectives dans la connaissance de l'immunologie de l'hépatite C et de la médecine personnalisée en infectiologie.
Cette recherche a été possible grâce à une collaboration de longue durée entre le Service des maladies infectieuses, le Service de gastroentérologie et d'hépatologie et la Cohorte suisse de l'hépatite C.