PHAGOBURN est une étude sur la phagothérapie pour traiter les infections cutanées à Escherichia coli et Pseudomonas aeruginosa des patients brûlés, menée par Yok-Aï Que, MER1 à la FBM et médecin associé au Service de médecine intensive adulte du CHUV et Grégory Resch, MA suppléant au Département de microbiologie fondamentale (DMF) de l'UNIL.
PHAGOBURN: projet collaboratif européen financé par le 7e Programme Cadre de Recherche et Développement (Programme Santé) est lancé le 1er juin 2013 pour une durée de 27 mois. Coordonné par le Ministère de la Défense français (Service de santé des Armées - Hôpital d'instruction des armées Percy) en collaboration avec la PME Pherecydes Pharma, PHAGOBURN rassemble six autres centres de brûlés internationaux - dont l'École Royale Militaire/Hôpital militaire Reine Astrid (Belgique) ainsi qu'une seconde PME française, Clean Cells.
L'objectif de l'étude PHAGOBURN est d'évaluer la phagothérapie (usage thérapeutique des bactériophages) pour traiter les infections cutanées provoquées par les bactéries Escherichia coli et Pseudomonas aeruginosa chez les patients brûlés.
L'intérêt de la phagothérapie repose sur des prédateurs naturels destructeurs de bactéries : les bactériophages. Ces virus environnementaux se rencontrent partout où sont présentes des bactéries. Il est admis qu'ils représentent la biomasse la plus importante sur Terre.
En raison de leur pouvoir antibactérien, leur utilisation à des fins thérapeutiques a été initiée après leur découverte au début du XXe siècle. Mais, l'arrivée des premiers antibiotiques à la fin des années 30, (considérés comme des médicaments «miracle») et la seconde guerre mondiale (à l'origine de leur production en masse) ont provoqué le déclin de la phagothérapie. Elle a néanmoins perduré dans les pays situés au-delà du rideau de fer, et n'ayant alors pas accès aux antibiotiques du monde occidental. Or, le contexte d'émergence croissante de sources bactériennes résistantes aux antibiotiques en milieu hospitalier pose de difficiles problèmes thérapeutiques. Elle conduit parfois à des impasses dramatiques pour les patients car les derniers antibiotiques actifs sur ce type de bactéries datent de plus de 20 ans. De plus, la recherche en matière d'antibiothérapie, largement orientée vers la médecine de ville, ne permet pas d'espérer un antibiotique efficace contre les bactéries hospitalières, y compris à long terme. Face à ces menaces et carences, il existe un risque sérieux de voir les infections nosocomiales devenir des maladies orphelines, dans un avenir proche. D'autres moyens de lutte contre ces infections résistantes, complémentaires à l'antibiothérapie, sont nécessaires. L'utilisation des phages paraît riche de promesses, expliquant leur regain d'intérêt auprès des professionnels de santé, des pouvoirs publics et des associations de patients. Aujourd'hui, la Géorgie, la Pologne et la Russie pratiquent la phagothérapie avec succès et à grande échelle. Malheureusement, cet usage local n'est pas directement transposable à l'ensemble de l'Europe. Dans un but évident de santé publique, il devient indispensable d'initier des programmes de recherche adaptés à nos standards, afin de valider la phagothérapie selon les critères occidentaux.
Le projet PHAGOBURN a été construit en accord avec cette logique. Il s'intéresse spécifiquement aux patients brûlés - chez lesquels les infections représentent la première cause de mortalité - notamment, celles provoquées par les bactéries E. coli et P. aeruginosa, souvent à l'origine de pathologies graves, difficiles à traiter et dont l'incidence est en hausse. L'efficacité et l'innocuité de la phagothérapie seront évaluées par le biais d'une étude clinique dite de «phase I/II», conforme aux bonnes pratiques cliniques (BPC) et de fabrication pharmaceutique (BPF). Conduit en France, en Belgique et en Suisse au sein d'unités hospitalières, dédiées à la prise en charge des grands brûlés, cet essai est le premier du genre au monde.
PHAGOBURN est doté d'un budget global proche de 5 millions d'euros, dont plus de 3,8 millions d'euros de soutien européen.