Dans les situations d'urgence, l'union fait la force. Quand elles sont confrontées à une inondation, les fourmis s'accrochent les unes aux autres pour former un radeau vivant. De plus, elles exploitent la flottabilité de leur couvain et résistent remarquablement bien à la submersion, selon une étude publiée dans l'édition du 19 février 2014 de la revue PLOS ONE par la Dre Jessica Purcell et l'équipe de Michel Chapuisat, au Département d'écologie et évolution (DEE) de l'UNIL.
Les chercheurs ont étudié la formation de radeaux chez une espèce de fourmis habitant les plaines alluviales du Rhône, en Valais. Au laboratoire, ils ont exposé de petits groupes d'ouvrières, de couvain et de reines à des crues expérimentales. Ils ont ainsi pu observer la position de ces diverses catégories d'individus au sein des radeaux. Curieusement, les ouvrières plaçaient systématiquement les individus les plus jeunes de la société, les larves et les pupes, à la base du radeau.
Les fourmis étaient-elles en train de jeter le bébé avec l'eau du bain? Allaient-elles noyer leur couvain? «Pas du tout! rétorque Jessica Purcell, première auteure de l'article publié dans PLOS ONE. En fait, les fourmis sont très résistantes à la noyade et le couvain survit sans problème même s'il est longtemps submergé à la base du radeau». Les larves et les pupes, qui ont la meilleure flottabilité, servent donc de bouée. Grâce à elles, les ouvrières passent moins de temps immergées, ce qui diminue leur temps de récupération lorsqu'elles regagnent la terre ferme.
La reine est placée au centre de l'embarcation
La reine, essentielle à la survie de la colonie, est placée au centre, à l'endroit le mieux protégé. «Globalement, la formation du radeau permet aux fourmis de rester groupées et de surmonter collectivement une situation critique, tout en exploitant au mieux les propriétés de chaque membre de la société», résume Michel Chapuisat.