Une étude menée conjointement par la Faculté des hautes études commerciales (HEC) de l'UNIL et le Service d'endocrinologie, diabétologie et métabolisme du CHUV révèle que le taux de testostérone des dirigeants peut avoir une influence sur leur comportement et les inciter à prendre des décisions dans le seul but d'augmenter leurs profits.
Depuis des siècles, les penseurs et les scientifiques s'intéressent à la relation que l'humain entretient avec le pouvoir: est-ce que l'homme a tendance à l'utiliser pour le bien de tous ses semblables ou simplement pour son profit personnel? En d'autres termes, est-il possible pour un mortel de ne pas succomber au pouvoir corruptif?
Pour apporter un nouvel éclairage à la question, une étude menée par des spécialistes en comportement organisationnel, John Antonakis, Samuel Bendahan, et Christian Zehnder de la Faculté des hautes études commerciales de l'Université de Lausanne et le neuroendocrinologue, François Pralong, professeur ordinaire et vice-Doyen à la FBM ainsi que chef en binôme du Service d'endocrinologie, diabétologie et métabolisme du CHUV, a pris la forme d'une simulation mettant en scène des volontaires (plus de 700 étudiants) en situation de dirigeants ou de subalternes.
Le principe était simple : le «leader» avait une certaine somme d'argent à disposition qu'il devait distribuer à son équipe. A chaque décision prise, le leader avait la possibilité d'en faire bénéficier la collectivité (en réduisant un peu son propre revenu pour augmenter les paiements de ses subalternes), ou de détruire le bénéfice de la collectivité (en réduisant beaucoup ce qui était versé aux subalternes afin d'augmenter ses propres revenus).
Les résultats, parus dans la revue spécialisée The Leadership Quarterly Elsevier, ont montré que plus le pouvoir-soit le nombre de personnes soumises aux décisions du leader ou les choix décisionnels à la disposition du leader-augmentait, plus le leader était influencé par son propre intérêt. L'étude a également permis de révéler que des déterminants individuels, tels que le taux de testostérone que d'autres études liaient déjà plus ou moins indirectement aux comportements asociaux ou égocentriques ainsi qu'à une baisse des capacités d'empathie, avait une influence tout aussi grande sur les décisions prises par les dirigeants. Spécifiquement, les dirigeants étaient particulièrement corrompus quand ils avaient beaucoup de pouvoir et un haut taux de testostérone. Il serait donc possible de prédire le comportement d'un dirigeant en prenant en compte ces deux facteurs, soit la dimension du pouvoir et les déterminants individuels.
Selon les auteurs de l'UNIL-CHUV, les résultats de cette recherche pourraient ainsi apporter un nouvel éclairage sur les systèmes de management actuellement en vigueur qui tendent à donner toujours plus de pouvoir à de moins en moins de dirigeants.