Il arrive parfois aux animaux de pouvoir bien sentir d'autres individus, et d'autres fois non. Les dénommés « gènes CMH » peuvent jouer un rôle primordial à ce sujet. Une collaboration de recherche entre Agroscope et les Universités de Berne, Hanovre et Lausanne démontre à présent que l'adéquation de ces gènes possède chez le cheval une influence sur les stratégies reproductrices des mâles : lorsqu'une jument convient génétiquement à l'étalon, celui-ci produit significativement plus de testostérone et donne plus de spermatozoïdes.
Depuis des millions d'années, dans la reproduction, il est établi que l'individu qui est le mieux adapté aux adversités de la vie va survivre et se reproduire à son tour. Les dénommés « antigènes de transplantation » appelés également gènes CMH (CMH = complexe majeur d'histocompatibilité) jouent à cette fin un rôle clé au sein du système immunitaire. Ceux-ci influencent également les odeurs et la communication olfactive, bien que nous ne comprenions pas encore explicitement la signification de ce type de signalisation.
Des partenaires potentiels possédant un type CMH semblable à son propre type sont normalement perçus comme non attractifs. Les deux sexes ont une préférence pour des types CMH dissimilaires au leur. En effet, plus dissemblables sont les partenaires sexuels, plus diverse sera la combinaison génétique des descendants, et mieux seront ainsi évités les éventuels effets de la consanguinité. Comme il a pu être démontré lors d'expériences avec des souris, les odeurs liées au CMH sont également importantes dans d'autres contextes. Ainsi, elles peuvent par exemple influencer le succès d'une gestation ou la coopération entre femelles gestantes.
Au cours d'un travail de collaboration scientifique entre l'Institut suisse de médecine équine (ISME) de l'Université de Berne et Agroscope ainsi que les Universités de Hanovre (Allemagne) et Lausanne, nous avons testé si et de quelle manière les odeurs liées au CMH peuvent influencer le comportement et la reproduction des chevaux. Durant la saison de monte, de nombreux éleveurs amènent leurs juments au centre de reproduction de l'ISME au Haras national suisse d'Avenches pour insémination. Les juments y sont détenues de manière aussi proche que possible de la nature, dans une écurie auprès d'un des nombreux étalons du haras. En outre, la semence des étalons du haras est récoltée régulièrement et de façon routinière dans le cadre de l'élevage équin, ce qui nous donne facilement des informations sur la qualité des éjaculats.
Nos premiers résultats d'une expérience à ce sujet sont actuellement publiés dans la renommée revue Proceedings of The Royal Society Series B (date 22.4.2015). Nous avons vu que les étalons montraient des valeurs de testostérone plus élevées lorsqu'ils étaient détenus à côté d'une jument possédant un CMH dissimilaire au leur, par rapport à lorsque le type CMH de la jument du boxe voisin était similaire au leur. La présence de la jument ayant un CMH différent provoquait également des numérations de spermatozoïdes plus élevées par éjaculat.
Nous concluons de ces observations que les signaux liés au CMH entre les sexes peuvent influencer les stratégies reproductrices mâles. D'autres études à ce sujet sont déjà en cours.