"La production industrielle américaine est le fondement de notre économie": c'est ainsi qu'un communiqué de la Maison Blanche publié le 3 octobre 2014 à l'occasion du National Manufacturing Day, introduit l'annonce par le Président Obama de nouvelles initiatives visant à stimuler le développement du secteur industriel aux Etats-Unis. L'objectif est d'aider les fabricants américains à réaliser qu'il peut être plus profitable et compétitif de (re)localiser leurs activités dans leur pays plutôt qu'ailleurs dans le monde. Un outil développé par les chercheurs d'OpLab, un laboratoire du Département des Opérations de la Faculté des HEC de l'Université de Lausanne, a été présenté parmi ces initiatives.
La collaboration entre OpLab et le département américain du commerce a débuté au printemps 2014, lorsque Suzanne de Treville, professeure de gestion des opérations à HEC Lausanne et directrice du laboratoire, et alors également professeure invitée à MIT Sloan, a présenté les résultats des recherches d'OpLab à Washington, de même que l'outil qui permet de facilement mettre en pratique ces résultats.
OpLab est une équipe interdisciplinaire de chercheurs passionnés et spécialisés dans la gestion des opérations, l'analyse des risques et les statistiques. Les professeurs Suzanne de Treville, Norman Schürhoff et Valérie Chavez en font partie, ainsi que leurs collaborateurs. Leurs recherches, publiées dans des revues prestigieuses telles que le Journal of Operations Management, ont abouti à la création d'un outil innovant qui, utilisant les principes de la finance quantitative, calcule le coût réel résultant de l'allongement de la chaîne d'approvisionnement. Il permet ainsi de quantifier l'un des coûts cachés les plus importants causés par les délocalisations.
Les résultats démontrent finalement que les économies qui justifient en apparence une délocalisation sont souvent une illusion. Avec ce nouvel outil, appelé Cost-Differential Frontier calculator, ou CDF, il est enfin de possible de quantifier des coûts qui étaient jusque-là extrêmement difficiles à prendre en compte. Les managers et décideurs politiques disposent à présent de chiffres concrets sur lesquels baser leurs décisions et peuvent identifier les marchés pour lesquels une relocalisation de la production est la plus prometteuse.
C'est spécifiquement pour aider les fabricants à évaluer les avantages d'une (re)localisation de leur production aux Etats-Unis que le département du commerce américain a choisi de collaborer avec les chercheurs de HEC Lausanne. L'outil CDF est ainsi intégré au sein d'une plate-forme qui, via des outils et des ressources, soutient chaque année plus de 300'000 PME du secteur industriel aux Etats-Unis.
La position de la Maison Blanche est claire. Bien que la production industrielle américaine ait connu une importante croissance depuis février 2010 - avec plus de 700'000 nouveaux emplois, la plus forte croissance depuis les années 90 - il est possible de faire plus afin de soutenir l'emploi de la classe moyenne et aider les entreprises à évoluer dans ce secteur estimé comme vital.
C'est cette même conviction qui anime la professeure Suzanne de Treville, qui insiste sur le rôle moteur de l'industrie pour l'économie, en créant des emplois et en stimulant l'innovation. Elle souligne également d'autres avantages d'une production locale, tels que le contrôle des pratiques sociales et étiques et, bien sûr, l'impact sur l'environnement.
L'outil CDF est hébergé en ligne sur les serveurs de l'Université de Lausanne en libre accès pour tous les managers et décideurs politiques en Suisse, aux Etats-Unis et dans le monde.