La formation d'un espace footballistique européen (1919-1991) Jeudi 5 et Vendredi 6 février 2015
Depuis les années 1990, les travaux sur l'histoire du football en Europe sont en plein développement. Si les historiens* du football ont déjà souligné les conditions de la mise en place du professionnalisme, le développement des institutions ou encore la médiatisation du jeu en Europe, force est néanmoins de constater qu'à ce jour la majorité des études ont peu traité de ces aspects sous un angle transnational. En effet, les chercheurs se sont davantage focalisés sur les développements nationaux du jeu, et même les travaux collectifs de chercheurs issus de différents pays demeurent la plupart du temps des juxtapositions de cas nationaux. Par ailleurs, les écrits qui ont signalé les connexions à un niveau supranational ont principalement traité de l'entre-deux-guerres. Pourtant, la période allant de la Seconde Guerre mondiale aux années 1990 est riche de réalisations décisives pour l'« européanisation » du football (concrétisation d'une institution européenne, réglementation des statuts de joueurs ou de dirigeants et surtout mise en place de compétitions). Enfin, le statut du jeu sur la scène international reste encore largement sous investis. Certes, des études ont déjà insisté sur l'utilisation du football par les Etats en guise d'élément de soft power. Par contre, peu de travaux ont abordé les actions des dirigeants du football, qui depuis l'entre-deux-guerres forment une véritable communauté (au sens utilisé par Barbara Keys pour les dirigeants du CIO de la même période) transnationale et qui, de part leurs actions, ont souvent permis au ballon de se jouer des divergences politiques qui agitent les relations entre les pays européens.
Au regard de ces considérations, nous proposons une journée d'étude où il s'agira de réfléchir sur la place particulière du football sur la scène européenne. Autour de plusieurs études de cas, nous souhaitons évoquer la structuration de l'espace européen du football ; interroger les actions et motivations des dirigeants ; ainsi que questionner la possible autonomie de la sphère footballistique vis-à-vis des politiques étatiques (et dans ce cas, d'observer les éventuels différences entre les pays). Les échanges permettront, nous l'espérons, de forger des analyses inédites et de formuler de nouvelles pistes de recherches sur la place du football dans les relations internationales. En outre, cette conférence scientifique recèle également le but de faire rencontrer, et dialoguer, des chercheurs expérimentés avec des jeunes chercheurs et ce dans le but de continuer les échanges déjà entrepris au sein d'autres réseaux européen comme le projet FREE (Football Research in Enlarged Europe).
L'organisation de cette manifestation s'inscrit dans la continuité d'une précédente rencontre scientifique internationale organisée par l'Institut des Sciences du Sport de l'Université de Lausanne en collaboration avec l'Institut d'Histoire Economique et Sociale. A l'occasion du Championnat d'Europe des nations de 2008 qui s'est déroulé en Suisse, une première journée d'étude avait alors permis de mettre à jour le rôle de la Suisse dans le développement du football international tout au long du XXe siècle. Il était notamment ressorti des conclusions de la journée, présentée dans un livre (Bancel ; David ; Ohl 2009), qu'un regard élargi sur les circulations internationales était essentiel pour comprendre le développement du jeu sur le continent. Lors de notre journée de recherche, nous adopterons une telle approche portant sur les aspects transnationaux du football et espérons poser les premiers jalons pour la constitution d'un réseau de chercheurs européens dont les collaborations se prolongeront après la journée par une publication des contributions dans une revue renommée d'histoire internationale.
* L'emploi du masculin vaut pour le féminin et le masculin