Lecture le 30 mai à l'UNIL du dernier chant de l'Iliade par quelques professeurs de la Faculté des lettres. Ce rendez-vous original est accueilli au Théâtre La Grange de Dorigny. Entrée libre.
Organisée par le professeur David Bouvier avec la complicité de Michael Groneberg et des maîtres de la Caverne, lundi 30 mai à 17h15, une lecture d'une heure donnera à entendre le chant XXIV de l'Iliade, qui rassemble 14 personnages, dieux et héros, autour de la restitution du cadavre d'Hector à son père Priam, par un Achille qui obéit enfin à la pitié. Dans le cadre convivial de la Grange de Dorigny, les lecteurs invités par la Faculté des lettres proviennent de disciplines diverses qui n'ont pas souvent l'occasion de se croiser.
L'idée a séduit plusieurs enseignants de la faculté (M. Aberson, D. Bouvier, N. Forsyth, M. Groneberg, M. Moraz, J.-C. Mühlethaler, R. Nisbet, H. Poltier, A. Rolle, F. Rosset, N. Rousseau, R. Overmeer, S. Zurbuchen). David Bouvier, qui dirige ce petit orchestre vocal improvisé, a choisi une traduction fiable, celle de Paul Mazon, peut-être moins poétique que d'autres mais plus facile à lire. Il aurait aimé proposer sa propre traduction du chant XXIV mais a dû y renoncer faute de temps. Une autre fois, peut-être...
Poser la question de la violence
« L'Iliade est le poème de la colère d'Achille mais non une apologie de la guerre, comme on a pu le dire. C'est un grand poème sur la guerre, qui pose la question de la violence, qui la chante mais qui la critique », estime le professeur. Dans le chant XXIV, Achille qui voulait s'acharner sur un cadavre jusqu'à le faire disparaître est rappelé à l'ordre par les dieux qui souhaitent une restitution du corps à la famille. Le vieux Priam parvient donc à émouvoir Achille et à ramener à Troie la dépouille d'Hector. Les femmes, alors, font entendre leur voix douloureuse : Andromaque pleure son mari, Hécube son fils... mais, plus étonnamment, celle qui fut la cause involontaire de toute cette tragédie, Hélène la captive, pleure également Hector.
« Les hommes grecs anciens avaient l'habitude de s'attribuer les rôles féminins. C'était pour eux comme une évidence, si bien qu'ils ont souvent confisqué aux femmes leur propre voix », explique David Bouvier. On ne connaît pas les conditions exactes des représentations de l'Iliade en Grèce archaïque, représentations qui pouvaient durer des heures. Chantait-on tout ou partie seulement ? Le choix d'un seul chant d'une heure donne à l'exercice un aspect plus humain. Les 14 personnes invitées à lire les différentes répliques ne savent pas encore quel « rôle » leur sera attribué, mais David Bouvier pense respecter le mélange des genres propre à l'Antiquité.