La représentation du corps féminin en vidéo par des artistes femmes constitue un champ d¹étude où se rencontrent deux problématiques. La première concerne le rapport entre la femme mise en scène et l'artiste. Lorsque le corps filmé estcelui de l'artiste, peut-on parler d'autoportrait ?Quand la vidéaste reste derrière la caméra, réalise-t-elle pourautant une oeuvre totalement dépourvue de traces d'autoreprésentation ? Viennent s'ajouter à ce questionnement les spécificités de la vidéo. L'image en mouvement, la spatialité, la temporalité de l'oeuvre complexifient la définition restreinte et traditionnelle de l'autoportrait.La seconde problématique s'élabore autour de l'histoire dumédium. Né en 1965 avec la mise sur le marché de lapremière caméra portable de Sony, l'art vidéo s'est développé durant une période d'activisme féministe. Il s'agit d'un fait historique avéré dont il convient de tenir compte. Cependant , la contemporanéité entre les débuts de la vidéo et ladeuxième vague de féminisme influence encore trop fortementl'approche des oeuvres de vidéastes femmes actuelles. Filmerle corps féminin mène-t-il forcément à la création d'une oeuvre féministe ? Une vidéo peut-elle encore être féministe aujourd'hui ? Une telle catégorisation fait-elle sens ?La conférence propose de chercher des réponses à ces questions en étudiant la pratique vidéo de trois artistes suisses : Emmanuelle Antille, Elodie Pong et Pipilotti Rist. Le travail de Jen Morris, présenté aux côtés de celui d'Elodie Pong lors de l'exposition «Espace(s) féminin(s) : Jen Morris, Elodie Pong », vient compléter le corpus. Une approche plus pratique et empirique des deux problématiques a été possible par la mise sur pied, parallèlement à la recherche théorique, de l'exposition au Cabanon.Melissa Rérat est historienne de l'art. Elle a récemmentterminé des études de Master par un mémoire consacré à lareprésentation du corps féminin dans les vidéos de troisartistes suisses intitulé They're NOT Victims of thisVIDEO ! : Quand trois vidéastes suisses lèvent lemasque féminin. Emmanuelle Antille, Elodie Pong, Pipilotti Rist.