En juillet, le sociologue Olivier Glassey prendra la direction du Musée de la main UNIL-CHUV. Il remplacera le professeur Francesco Panese, qui a mené l'institution depuis plus de 15 ans. Une nouvelle exposition, VIOLENCES, commencera cet été.
Francesco Panese quittera fin juin 2015 la direction du Musée de la main UNIL-CHUV. Nommé en 1999, il aura assumé cette charge plus de 15 ans, tout en poursuivant ses activités académiques, dès 2005 comme professeur associé à l'Université de Lausanne à cheval entre la Faculté des sciences sociales et politiques et la Faculté de biologie et médecine, rattaché pour la part médicale au Département universitaire de médecine et santé communautaires - CHUV. Il décide aujourd'hui de recentrer ses activités sur ses enseignements et ses recherches en sociologie des sciences et de la médecine.
Durant toutes ces années, l'équipe du musée aura présenté plus de 30 expositions dont plus de la moitié de créations originales sur des thèmes fort variés, toujours marquées par la volonté de contribuer à la promotion de la culture scientifique et médicale du public.
«Ce furent 15 ans de passion et d'affection pour cette institution et pour son équipe et cette affection continuera pour sûr» confie le directeur sortant. C'est la raison pour laquelle il a accepté de rejoindre le Conseil de la Fondation Claude Verdan qui préside aux destinées du musée, une mission partagée dès 2013 avec le CHUV et l'UNIL.
Francesco Panese sera remplacé par Olivier Glassey, sociologue spécialiste des nouvelles technologies de l'information et de la communication, qui partagera à son tour la direction du musée avec ses activités d'enseignement et de recherche à la Faculté des sciences sociales et politiques de l'UNIL.
Passionné des cultures numériques contemporaines et de vulgarisation scientifique, il s'intéresse plus particulièrement à la manière dont les technologies permettent de faire circuler et d'exposer des connaissances liées à la société et au vivant. «Loin d'être obsolète, l'espace physique du musée constitue un lieu précieux d'expériences sensibles, de partage et de compréhension du monde» affirme-t-il avec conviction.
L'équipe du musée a d'ores et déjà eu le plaisir de collaborer avec le nouveau directeur qui a contribué à la réalisation de l'exposition VIOLENCES (du 1er juillet 2015 au 19 juin 2016). Vernissage: mardi 30 juin 2015 à 18h30.
Une nouvelle exposition qui interpelle
L'exposition questionne notre propre rapport à la violence. Des dispositifs interactifs, des témoignages audio, des avis d'experts, mais aussi de courtes fictions filmées interpellent le visiteur et l'amènent à se positionner de manière objective et subjective. D'entrée de jeu, il voit défiler une série de scènes auxquelles il est invité à attribuer un degré de violence. Il réalise que la perception de la violence varie non seulement en fonction de chacun de nous, mais également en fonction des contextes historiques, géographiques, culturels, etc.
Un parcours, des perspectives
L'exposition est structurée comme un parcours, proposant au visiteur de suivre la perspective de divers acteurs de la violence: de l'agresseur à la victime, du législateur au bourreau, du témoin au tuteur de résilience. Ces différents points de vue amèneront notamment le public à sonder l'origine des violences, les modes de répression et leurs limites, la souffrance liée aux violences domestiques, professionnelles ou scolaires, et encore les moyens de ritualiser ou de canaliser l'agressivité.
Du savoir commun et des idées reçues
Chaque étape du parcours interroge le savoir commun pour infirmer ou, au contraire, confirmer certaines idées reçues. Notre société est-elle vraiment de plus en plus agressive? La violence est-elle liée au genre et à l'âge? Est-ce que les personnes qui se sentent le plus vulnérable sont aussi celles qui figurent majoritairement parmi les victimes? Où la violence se manifeste-t-elle le plus souvent: dans la rue ou à domicile? Les peines sévères permettent-elles de prévenir la violence? L'information médiatique a-t-elle une fonction dissuasive ou incitative sur les actions violentes?
Des expériences
Tout au long de l'exposition, le visiteur est amené à tester son rapport à l'agressivité. D'une part, il visionne une série d'expériences menées dans le domaine de la psychologie sociale. L'expérience de Milgram (années 1960) étudie par exemple l'influence de l'autorité et de l'obéissance sur la violence. D'autre part, grâce à des dispositifs interactifs, le visiteur peut lui-même expérimenter sa perception de la violence. La frustration engendrée par un jeu impossible le rend-il agressif? La pression du groupe le pousse-t-il au passage à l'acte? Quel type de redresseur de torts est-il: préfère-t-il dissuader, éduquer, venger ou réparer? Que ressent-il en se défoulant sur un punching ball? Et en méditant, le regard posé sur des herbes caressées par une douce brise?
Des témoignages et des avis d'expert-e-s
Afin de favoriser une approche de la violence personnelle et centrée sur le sujet, l'exposition propose au visiteur d'écouter une série de témoignages et d'avis d'experts. Il est pour cela invité à s'installer dans un décor évocateur.
Du cinéma
Dans chaque chapitre de l'exposition, un court-métrage synthétise une problématique de manière poétique, ironique, impertinente. Ainsi, dans «Les insolences d'une caméra», François Méan aborde la violence insidieuse et symbolique de la stigmatisation raciste. Un immigrant haïtien en perd son sourire sur sa photo de passeport.
De la photographie
Témoin par excellence, la photographie joue souvent un rôle clé au sein de la violence. L'exposition sélectionne une série d'oeuvres qui questionnent la thématique de manière subtile, en captant notamment des traces plus que des manifestations immédiates. Dans sa série «Esclavage domestique» (2006), le photographe français Raphaël Dallaporta saisit l'anonymat des façades des maisons et immeubles qui restent muets face aux douleurs qu'ils ont abritées.
Des événements
Des rencontres, des soirées festives et des animations pour jeune public accompagnent l'exposition.
Violence, parlons-en autrement
En phase avec l'exposition, le Département universitaire de médecine et santé communautaires du CHUV organise une série d'événements consacrés à la prévention de la violence.