Colloque international organisé par Hugues Poltier et Nicolas Zaslawski avec le soutien de l'Institut de Psychologie, de la Fondation pour l'Unil et du Département de Philosophie.
Subversive et intransigeante, la pensée de Raymond Ruyer étonne par sa radicalité. Philosophe presque oublié par notre époque jusqu'à l'année dernière où il figurait au programme de l'agrégation de philosophie, Ruyer n'en était pas moins considéré comme une référence incontournable par certains des plus grands penseurs français du XXe siècle tels que G. Deleuze ou M. Merleau-Ponty.
Auteur d'une oeuvre aussi massive que difficile d'accès par la culture scientifique précise qu'elle mobilise, Ruyer ne propose ni plus ni moins, dans les années cinquante, en intégrant les acquis de la physique quantique aux exigences de l'ontologie, qu'une réhabilitation du finalisme sous la forme d'un néo-finalisme. Ce coup de force théorique est permis par le « cadeau royal » que fait la science à la philosophie : l'atome, structure fondamentale de ce que nous appelons encore aujourd'hui la matière, ne peut se comprendre que comme individualité travaillant à exister au moyen de liaisons que Ruyer qualifie de « psychiques » ; il est autrement dit une activité-travail, réalisant une norme, bref une activité finalisée.
À l'heure où les paradigmes héritiers de l'émergentisme ou du réductionnisme montrent leurs limites, la pensée de Raymond Ruyer peut à juste titre paraître grosse de promesses. Quelle est, aujourd'hui, l'actualité du projet philosophique ruyérien, c'est-à-dire au fond, quelle est la valeur de cette ontologie se construisant dans une étroite relation avec les sciences de la nature ?