Le lien entre un enfant et l'un de ses parents en détention peut-il aider à prévenir la récidive ? Comment peut-on renforcer et prendre soin de ce lien complexe et parfois fragile ? L'Institut de psychologie de l'Université de Lausanne et la Fondation REPR, Relais Enfants Parents Romands, réunissent des experts du monde académique et des professionnels du terrain de Suisse et d'autres pays en Europe autour de la thématique « Prendre soin du lien enfant-parent : un axe de prévention de la récidive ? ».
Pascal Roman, Professeur de psychologie clinique, psychopathologie et psychanalyse à l'Institut de psychologie de la Faculté SSP à l'Université de Lausanne, collabore à l'organisation du colloque « Parentalité & Détention » le mardi 9 février 2016 à Géopolis UNIL - Mouline, salle 1612, en partenariat avec le Relais Enfants Parents Romands (REPR).
Professeur Roman, que sait-on sur les comportements développés par les enfants dont un des parents est incarcéré ?
On connaît l'importance pour les enfants, et dans une moindre mesure pour les adolescents, de la continuité des liens aux parents ; les travaux sur l'attachement ont bien montré aussi le risque que peut représenter une rupture brutale de lien, dans des situations de séparation telles que le placement en détention de l'un des parents. Une recherche que j'ai développée en collaboration avec une équipe de juristes en France a par ailleurs mis l'accent sur le fait que sauf disposition particulière, le placement en détention ne modifie pas les droits liés au statut de parent, ni ceux liés au statut de l'enfant. La Convention internationale des droits de l'enfant stipule par ailleurs la nécessité de prendre en compte cette dimension.
Comment aborde-t-on la question de la prévention de la récidive par le lien enfant-parent en Suisse et à l'étranger ? La prise de conscience est-elle partout la même ?
Le lien enfant-parent est souvent vécu par les autorités pénales au mieux comme un luxe, voire une forme de non-du, rarement comme un atout dans le processus de (re-)socialisation des personnes détenues. Il ne s'agit bien sûr pas d'instrumentaliser le lien parent-enfant et de l'envisager uniquement dans une perspective utilitaire. Un certain nombre d'initiatives s'attachent à inventer des formes de prise en compte du lien parent-enfant qui autorise une inscription socialisante et, par là même, contribue à agir sur les conditions propres à la récidive.
Au niveau de la Suisse romande, la Fondation Relais Enfants Parents Romands (REPR) est très active dans l'accompagnement des enfants dans leur relation avec leurs parents détenus. Comment avez-vous été amené à collaborer avec la Fondation ?
Ayant moi-même été engagé dans une recherche sur la question du lien parent-enfant, envisagé à partir de la rencontre avec les parents, c'est assez naturellement que je me suis rapproché du Relais Enfants Parents Romands pour envisager une collaboration ; la collaboration autour de l'organisation de manifestations scientifiques (avec une première collaboration en 2014 sur le thème Entre dedans et dehors : la relation parent-enfant, un défi !) permet une mise en perspective fructueuse entre enjeux académiques et enjeux praticiens.
Quels moyens ont été mis en place dans les prisons en Suisse romande pour faciliter les visites des enfants à leurs parents ?
Ces moyens sont portés par la Fondation Relais Enfants Parents Romands, qui depuis de nombreuses années déploie une énergie considérable pour convaincre les professionnels et les institutions de la nécessité de favoriser le lien parent-enfant, lorsque cela est possible et souhaitable, pour assurer l'accompagnement des enfants dans les lieux de détention, et pour aménager les conditions des visites.
Quels seront les grands axes évoqués lors du colloque ?
Les grands axes porteront sur :