"Processus de légitimation entre politique et religion"

Colloque international organisé par le DIHSR et l'IRCM
 

Colloque international organisé par le DIHSR et l'IRCM

Le Département Interfacultaire d’Histoire et des Sciences des Religions (DIHSR), en collaboration avec l’Institut Religions Cultures Modernité (IRCM), organisent en 2013 le colloque annuel du DIHSR intitulé :

"Processus de légitimation entre politique et religion"

Université de Lausanne, 28-29 novembre 2013, Geopolis, salle 2114.

Télécharger le programme complet : version longue / version courte

 

Jeudi 28 novembre 2013

  • 9h30: Accueil. Silvia Mancini (DIHSR), Jacques Ehrenfreund (IRCM)

1re session: Les religions du politique

  • 10:00 Emilio GENTILE (Rome, La Sapienza, CESTAPOL)

Expériences du sacré dans la politique moderne: des révolutions démocratiques aux totalitarismes

10:45 Pause café

  • 11:15 Joël THORAVAL (Paris, EHESS, CEFC)

Quelle « religion civile » en Chine ? Le nationalisme chinois et ses cultes d’État

  • 12:00 Nicola GASBARRO (Università di Udine)

Un Dieu jaloux, exclusif et exigeant: la genèse royale du monothéisme et le fondamentalisme de la pensée

12:45 Discussion sur la session

13:00 Pause déjeuner

  • 15:00 Johann CHAPOUTOT (Grenoble, Université Pierre Mendès-France)

Le deuil, la race et le Reich : Le nazisme fut-il une Ersatzreligion ?
 

2e session: La politique des religions

  • 15:45 Georges CORM (Beyrouth, Université Saint-Joseph)

L’impact de l’archétype biblique sur les formes de pensée politique
moderne

16:30 Pause café

  • 17:00 Mondher KILANI (Lausanne, UNIL, SSP, LACS)

Y a-t-il un fondement sacré du politique? Regard depuis la révolution tunisienne

  • 17:45 Jésus GARCÍA-RUIZ (Paris, EHESS, CNRS)

La néo-communauté et le passage au politique des néo-pentecôtistes
 

18:30 Discussion sur la session


Vendredi 29 novembre 2013

3e session: Au delà des Etats et des Eglises: utopies, messianismes et «cosmopolitiques»

  • 9:15 Jean-Pierre DOZON (Paris, EHESS, IRD)

Les ressorts politiques des innovations religieuses en Afrique sub-saharienne: deux cas exemplaires au Sénégal et en République Démocratique du Congo

  • 10:00 Pauline GUEDJ (Lyon, Université Lumière Lyon 2)

Back to our roots! Pratiques rituelles et nationalisme culturel aux Etats-Unis
 

10:45 Pause café

  • 11:15 Antoinette MOLINIÉ (Paris, Université de Paris X - Nanterre, LES)

Le messianisme andin dans l’ordre libéral: la mondialisation de la tradition

  • 12:00 Alexis MARTIG (Québec, Université de Laval, CELAT)

La dignité pour horizon: luttes sociales et théologie de la libération au Brésil
 

12:45 Discussion sur la session

13:00 Pause déjeuner


Session des doctorants

  • 15:00 Vinciane CONSTANTIN

Du non-humain dans les politiques de santé: trajectoire d’une proposition cosmopolitique nicaraguayenne

  • 15:45 Frédéric RICHARD

Le gouvernement tibétain en exil: théocratie ou démocratie séculière?
 

16:30 Pause café

  • 17:00 Jean CHAMEL

Visions du monde écologiste: entre revendication de changement dans le monde et retrait hors du monde

  • 17:45 Lilia OLIVERA

Le sacré et le politique chez Glauber Rocha


Argumentaire

(Silvia Mancini et Raphael Rousseleau)

Depuis quelques années, l’anthropologie et l’histoire se penchent systématiquement sur les nouvelles formes du politique qui s'affirment en Europe et ailleurs, et dont ces disciplines s'emploient à répertorier les aspects et les singularités. Elles le font toutefois, souvent, en isolant de ces formes (du politique) les éventuels éléments ‘religieux’ qui semblent s’y mêler, dans le but de les aborder dans leur essence la plus ‘épurée’. Les connotations religieuses que discours, pratiques et institutions politiques véhiculent pourtant sont interprétées comme de simples ‘expédients’, significatifs mais négligeables, mis au point par tel ou tel pouvoir en présence afin de se légitimer symboliquement. En amont de cette tendance, qui consiste à dissocier a priori le politique et le religieux, agit sans doute notre habitus culturel soumis à un double conditionnement. D’abord, la conception, influencée par la théologie chrétienne, qui sépare l’ordre des relations homme/Dieu, d’une part ; et l’ordre des relations des hommes entre eux, d'autre part. Ensuite, une tendance moderne à penser Église et État en termes de concurrence, sinon d’opposition.

Sans sous-estimer la valeur et la fécondité de ces approches, l’Institut Religions, Cultures, Modernité se propose de revenir sur la question de l’articulation de ces deux sphères que sont le politique et le religieux. Et cela, en gardant davantage à l’esprit les multiples horizons ouverts, par exemple, par les travaux pionniers d’Emilio Gentile sur les « religions de la politique », mais aussi par la littérature anthropologique inaugurée, dans les années 60, par les travaux de Vittorio Lanternari sur les millénarismes politiques du Tiers Monde, ou encore par ceux, plus théoriques, consacrés aux relations entre messianismes et projets révolutionnaires.
La perspective choisie pour notre entreprise ne vise guère, bien entendu, à débusquer ‘du religieux’ partout. Il s'agit, bien plutôt, d'interroger, en évitant toute analogie simpliste, et en les prenant davantage au sérieux, les pratiques, les codes symboliques, les rhétoriques, les dispositifs liturgiques, les topoï argumentatifs, les imaginaires qui accompagnent les prises de pouvoir et son maintien. Car ce sont, après tout, ces aspects ‘idéels’ qui gagnent l’adhésion des individus.
En prenant appui sur les réflexions d’Emilio Gentile, la première session du colloque sera consacrée aux religions du politique, c’est-à-dire, aux formes de ‘légitimation’ des régimes totalitaires qui cherchent à imposer leurs normes idéologiques et leur ‘horizon de sens’ (souvent assorti d’une rhétorique sotériologique s’achevant par le sacrifice) à chacun de leurs sujets. Ces formes de sacralisation du politique recourent souvent à la violence, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’État. S’inscrivant dans la modernité et dans la perspective ouverte par la « religion civile » de Rousseau, ces formes s’en distinguent toutefois par leur radicalisation intégrale, totalitaire, du politique. C'est ainsi que les exemples retenus ici concerneront le fascisme, le nazisme et le ‘maoïsme’ chinois.
Pour faire écho à cette perspective, la seconde session se portera sur la politique des religions, comprise dans deux sens différents. D’abord, en tant qu’expression de l’instrumentalisation des processus et des organisations politiques de la part d’institutions implicitement ou explicitement religieuses. Ensuite, en tant que recours à un usage stratégique de l’argument religieux (sur le modèle « choc des civilisations », ou « retour du religieux ») à des fins politiques.
La troisième session, enfin, s’intéressera aux tentatives de dépassement des cadres étatiques nationaux et des Églises, par le recours à des perspectives utopiques et/ou cosmopolitiques cherchant à fonder un ordre du monde alternatif. Seront ici traités certains messianismes latino-américains ; les discours politico-utopiques ayant comme référence la ‘Terre-mère’ ou le ‘buen vivir’ comme horizon de sens collectif, etc. – ou a contrario, une définition du capitalisme compris comme machinerie totalitaire assujettissante.

Mots-clés : Processus politico-religieux ; religions du politique ; totalitarismes ; liturgies politiques ; messianismes
 

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