Discours de M. Vincent Bourquin,

secrétaire général de la Fédération des associations d'étudiants (FAE)

Le discours du représentant de la FAE est-il d'une utilité quelconque? Après plusieurs années de discours au Dies, c'est malheureusement la question que nous nous posons.

Nos propos s'adressent en premier lieu aux autorités politiques et universitaires. Certes, nous les rencontrons plusieurs fois par année et nous avons l'occasion de leur faire part de notre mécontentement. Mais ces rencontres se passent dans des bureaux fermés. Le Dies est pour nous l'occasion de prendre à témoin l'ensemble de l'assistance afin qu'elle ait connaissance de nos critiques et de nos revendications.

Or si les autorités nous cèdent le micro pour quelques minutes, c'est parce qu'elles connaissent l'apathie de l'assemblée et qu'elles savent que celle-ci ne fait que nous écouter poliment, nos propos ne les engageant à rien.

C'est pourquoi nous n'allons pas revenir en détail sur nos revendications que vous connaissez. Nous nous limiterons à dénoncer à quel point vous ne tenez pas compte de nos idées:

Des enseignements sont supprimés, ce qui met en péril l'esprit critique et le pluralisme.

Nous dénonçons également les appels incessants qui sont fait à l'économie privée. Cette dernière en définissant le contenu des recherches met en péril la dimension critique.

Depuis des années, nous exigeons la participation de tous les corps à la gestion de l'Université. Nous croyions avoir été en partie entendu lors de la révision partielle de la loi sur l'Université de Lausanne en 1994. C'est dire notre colère, lorsque nous avons pris connaissance du projet de révision de la LUL où tous les organes participatifs étaient pratiquement réduits à néant. Certes, le DIPC, puis le Conseil d'Etat est revenu quelque peu en arrière en ne vidant pas le Sénat et les conseils de faculté de tout sens, mais maintient l'idée d'un rectorat fort. Et permettez-nous de douter du poids réel que les autres organes conserveront. Espérons que pour une fois, nous aurons tort!

Concernant la démocratisation de l'accès aux études. Là aussi, nous n'avons pas été écoutés. Depuis des années, nous nous opposons à toute forme de numerus clausus. Et nous savons que les responsables de la faculté de médecine sont de plus en plus favorables à ce mode sélection des plus arbitraires.

Une des clés de voûte de la démocratisation des études, c'est le système des bourses. Ce dernier pourrait être légèrement amélioré si les députés acceptent en novembre la révision de la LAE (la loi sur l'aide aux études et à la formation professionnelle) et si le Conseil d'Etat approuve une augmentation des barèmes.

Nous espérons bien sûr que tant les députés que les Conseillers d'Etat montreront enfin qu'ils sont sensibles à l'importance de la formation. Mais ces réformes sont de loin insuffisantes. Le montant mensuel moyen des bourses d'étude s'élève à 680.-, alors qu'un étudiant a besoin de 1'700.- pour vivre à Lausanne. C'est dire l'insuffisance des sommes versées.

Nos craintes et nos revendications n'ont jamais été concrétisées par des décisions politiques. Mais il va bien falloir que l'on cesse de nous prendre pour des guignols: Nous avons déjà montré que nous pouvions réagir fortement au printemps 1997 en participant avec de nombreuses organisations actives sur le site à une grève sans précédent dans les Universités de Suisse. La FAE s'est ralliée à ce mouvement car toutes nos actions précédentes faites dans un cadre plus institutionnel n'ont pas abouti. Plus largement, si les politiciens qu'ils soient de gauche ou de droite ne tiennent pas compte d'organisations comme la FAE, la paix sociale si chère aux Suisses risque sérieusement d'être remise en question. En effet la grève d'avril n'est pas un acte isolé. Elle s'inscrit dans un mouvement général d'opposition au néo-libéralisme. En Suisse, nous pouvons citer plusieurs exemples comme le refus de la loi sur le travail, le refus de nouvelles attaques contre le chômage, la victoire de la gauche aux élections genevoises...

Le mouvement de l'UNIL est peut-être quelque peu en avance sur les autres milieux, notamment car les pressions sont moindres sur les étudiants que sur les salariés, mais notre mouvement soutenu par de très nombreuses organisations est annonciateur d'autres réactions plus fortes. D'ailleurs même si le Conseil d'Etat nous a snobé au printemps dernier, le mouvement ne va pas en rester là. Il s'inscrit dans la défense des services publics. C'est pourquoi le 30 novembre une Assemblée générale de l'Université sera organisée et ouverte à tous, même aux profs, afin de décider d'éventuelles actions pour le 3 novembre date de la journée d'action fixée par la fonction publique. Et le 4 novembre, nous réfléchirons à la suite qui sera donnée au préavis de grève fixé en avril.

Alors maintenant c'est à vous de nous démontrer durant toute cette année académique que notre participation à une telle manifestation ne sert pas seulement à donner l'illusion d'une ouverture envers les étudiants.

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