Mesdames, Messieurs,Dies
J'ai le plaisir d'ouvrir la première séance extraordinaire du Sénat de l'année académique 1996-97.
Le fait que cette séance se déroule simultanément à deux autres manifestations qui nous concernent revêt une valeur symbolique particulière. A Berne, les représentants de la fonction publique vont tout à l'heure proclamer leur attachement à la qualité des services publics et à leur maintien. D'autre part, dans les rues de Lausanne et dans de nombreuses localités du pays, des formateurs attirent l'attention du public sur la richesse de leurs activités dans le cadre du Festival "pour le plaisir d'apprendre".
Dans mes propos, qui ne représenteront que mon point de vue personnel, je toucherai deux questions essentielles pour l'université et j'évoquerai plus brièvement deux aspects de la vie universitaire qui me paraissent porteurs d'espoir.
La première question concerne la collaboration de notre Université avec ses homologues, en tout premier lieu avec l'Université de Genève. Au début de cette année, les deux rectorats ont clairement exprimé leurs intentions à ce propos. En outre, la procédure de consultation relative au projet de réseau hospitalo-universitaire Vaud-Genève et la mise en route de la planification stratégique universitaire à l'horizon 2006 font sortir le rapprochement des deux institutions du domaine de l'hypothèse et de la spéculation pour l'amener au stade d'un processus en marche. Je n'insisterai pas sur les craintes et les espoirs suscités par cette démarche, qui -c'est déjà l'un de ses bienfaits- nous bouscule. Je voudrais plutôt mentionner les conditions qu'il faudrait, à mon sens, respecter pour que cet immense effort porte des fruits comestibles et, si possible, savoureux.
Nous devons tout d'abord veiller à donner aux deux communautés les informations nécessaires sur toutes les collaborations passées et présentes, sans cacher ni leurs côtés positifs ni leurs aspects négatifs, car si beaucoup d'expériences ont déjà eu lieu, elles ne sont généralement connues que des intéressés.
Nous ne devons ensuite pas nous cacher nos réticences et aborder ouvertement nos multiples divergences, car il est souvent plus facile de fraterniser avec les institutions lointaines qu'avec son voisin de palier!
Enfin, en même temps que nous accroissons nos interactions avec l'Université de Genève, nous devons renforcer nos liens avec l'EPFL, qui représente l'autre partenaire à privilégier au premier chef, et avec les Universités de Berne, Fribourg et Neuchâtel. De bonnes relations entre les six hautes écoles de Suisse occidentale représentent le meilleur garant d'un rapprochement en profondeur avec Genève.
La deuxième question vitale pour notre Université est celle de son gouvernement et, par conséquent, de l'avenir du Sénat. Tant le Conseil d'Etat que le Grand Conseil vont devoir, à nouveau, se prononcer sur la forme d'organisation de l'Université, en lui accordant, je l'espère, une plus large autonomie, notamment financière. Ici aussi, je me bornerai à deux souhaits adressés à celles et à ceux qui modifieront la loi sur l'université:
Le premier, c'est que soit reconnue la nature très spécifique de l'institution universitaire qui ne peut être ni tout à fait une entreprise, ni tout à fait une école, ni tout à fait un réseau délié de son territoire d'implantation. Que l'on regarde les choses sous l'angle des facultés ou sous celui des quatre corps (étudiants, corps administratif et technique, corps intermédiaire et corps professoral), l'université est aussi une institution multidimensionnelle. Elle a besoin d'une constitution particulière impliquant un mode de gouvernement articulé et pas simplement d'un patron.
Le second souhait est la nécessité d'avoir un lieu où la diversité des opinions et des intérêts puisse s'exprimer. C'est tout d'abord le Sénat. Il permet également à tous les corps formant la communauté universitaire de se prononcer sur les décisions importantes qu'ils peuvent parfois infléchir.
Pour finir, permettez-moi d'évoquer encore deux aspects de l'année universitaire écoulée qui témoignent de la vigueur de l'institution et qui sont porteurs d'espoir.
Le premier est tellement habituel pour la plupart d'entre nous que nous oublions souvent de le reconnaître à sa juste valeur, il s'agit de la convivialité. Grâce à elle, ce ne sont pas seulement des savoir ou des savoir-faire qui se transmettent mais aussi des savoir-être et pas seulement des enseignants vers les étudiants, mais aussi dans l'autre sens. Les occasions sont heureusement multiples, qu'il s'agisse d'une soirée de faculté, d'une fête au niveau d'un institut, des échanges dans les restaurants et cafétérias ou, plus profondément, de la célébration cuménique de Noël.
L'autre aspect est le constant renouvellement de notre communauté par l'apport de nouveaux étudiants, de nouveaux collaborateurs, de nouveaux enseignants. Je veux souligner ici un événement, la nomination de deux professeurs associés en écologie fondamentale, Messieurs Laurent Keller et Nicolas Perrin. Ce qui est fondamentalement nouveau, c'est qu'ils se répartissent, à leur expresse demande, chacun la moitié d'un poste de professeur ordinaire, montrant de manière exemplaire que l'Université sait aussi innover en matière de partage du travail. Je souhaite que nous ne nous arrêtions pas là.