Dies 1998

24 octobre 1998

 

Docteurs honoris causa

 

Mme Fatimata Mounkaila,

enseignante à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Abdou Moumoni à Niamey

 

 

 

 

Laudatio: 

A la femme de lettres africaine qui a su créer et faire rayonner l'interculturalité, alliant et réconciliant l'oralité et l'écriture. .

 

Madame Fatimata Mounkaila est née à Dosso, au Sud-Ouest du Niger. Elle est d’abord institutrice, puis professeure de français dans l’enseignement secondaire et conseillère pédagogique pour cette langue à l’Institut National de Documentation et d’Animation Pédagogique. Avant d’enseigner à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines - la littérature comparée et la littérature française - elle dirige le Lycée Kassai de Niamey.

Ses études universitaires l’ont conduite de Niamey à Abidjan, puis à Dakar où elle soutient sa thèse: «Mythe et histoire dans la Geste de Zabarkâne». C’est l’édition en langue originale, la traduction et l’analyse - historique et littéraire - de sept récits de tradition orale relatant l’épopée de l’ancêtre des Zarma et de ses descendants. Dans son introduction elle écrit de ce travail qu’il s’agit:

« ... [d]une tentative qui répond à des préoccupations multiples: - celles d’une Zarma qui voudrait comprendre le monde où elle vit, le monde qui l’entoure, à travers la vision que le peuple retient de son passé; celles d’une Nigérienne qui voudrait en apprendre plus sur son histoire, sa culture, ses valeurs souvent déconsidérées parce que sans témoignages écrits; celles, intellectuelles et esthétiques d’un chercheur qui, découvrant de beaux textes, voudrait comprendre les mécanismes qui en assurent la permanence dans la mémoire collective; celles enfin d’une enseignante soucieuse d’améliorer son dialogue pédagogique avec des jeunes qui, au Niger, ont particulièrement soif de littérature et de culture africaines.»

Cette culture est donc bien vivante et Madame Mounkaila sait en discerner aussi les aspects actuels et quotidiens: formes nouvelles de la littérature orale; représentations du milieu à travers les savoirs paysans ou de la pauvreté dans les textes de littérature orale songhay-zarma. Tels sont quelques-uns des thèmes auxquels elle a consacré recherches et publications, apportant ainsi une précieuse contribution aux travaux de l’Institut de Géographie de notre université.

Ces activités académiques soutiennent aussi un engagement plus politique. Madame Mounkaila, membre de diverses sociétés savantes mais aussi de l’Union des Femmes Enseignantes du Niger, représente son pays dans divers organismes ou projets internationaux qui oeuvrent pour la promotion du rôle des femmes dans la société nigérienne et, plus généralement, dans les sociétés africaines islamiques. Elle coordonne pour le Niger le projet «Des Femmes écrivent l’Afrique»; elle a présidé le comité national de préparation de la conférence internationale «Femmes et Développement» et elle a participé aux derniers colloques internationaux de l’Université AI Azhar du Caire sur l’éducation de la femme musulmane et la santé de la reproduction dans le contexte de l’islam.

Les liens de Madame Mounkaila avec notre université sont nombreux et fructueux. Depuis 1990 elle a contribué à différents colloques internationaux organisés par la Faculté des Lettres et l’Ecole de Français Moderne. Elle a réuni et publié des récits oraux dans la revue «Ecriture». Les chercheuses et chercheurs de la Faculté des Lettres, géographes et linguistes qui ont le bonheur de travailler au Niger, savent aussi qu’ils peuvent compter sur elle, à Lausanne comme à Niamey.

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