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Mireille Berton, Le médium (au) cinéma. Le spiritisme à l’écran, Georg collection "Emprise de vue", Genève, 2021.Comment expliquer les affinités électives entre le cinéma et le monde de l’au-delà ? Pourquoi insister sur le caractère spectral des images filmiques ? En vertu de quels critères le cinéma devient-il un vecteur de fantasmes liés à la communication avec les esprits ?
Le médium (au) cinéma entend répondre à ces questions en prenant comme point de départ, non pas tant la figure du fantôme que celle du médium spirite vu comme un média. L’étymologie du terme « médium » permet en effet d’envisager cette figure à la fois comme un intermédiaire ultrasensible entre le monde des vivants et des morts, et comme un appareil d’inscription et de transmission de données. Au cinéma, cette idée est transposée dans des films où le médium spirite opère tel un dispositif audiovisuel, une « machine-cinéma » capable d’intercepter des ondes invisibles, d’effacer les distances, de superposer les temporalités, de contourner la déchéance des corps et des choses. À l’occasion, le médium spirite devient le point d’origine d’un spectacle « multimédia » autour duquel gravitent quelques personnages récurrents (croyants et sceptiques, fantômes justiciers ou vengeurs, esprits maléfiques, parapsychologues exégètes). C’est pourquoi du médium (spirite) au média (technologique), il n’y a qu’un pas que les films contemporains franchissent volontiers, quitte à faire disparaître le médium au profit du média. Car bien que les technologies de (télé)communication aient toujours été investies de propriétés spectrales, le développement des cultures numériques contribue sans aucun doute à amplifier l’imaginaire du fantôme dans la machine, comme en attestent La Mort en ligne (2004), Pulse (2006) ou la franchise « The Ring ».
À partir d’une réflexion sur la polysémie du terme « médium », ainsi que d’une histoire croisée du cinéma et du spiritisme, cet ouvrage propose d’analyser la manière dont l’imaginaire spirite fait l’objet de représentations filmiques nourries par des discours (implicites ou explicites) sur les technologies d’enregistrement et de reproduction, et en particulier sur le cinéma qui devient, sous cet angle, une machine à fantômes particulièrement efficace.
Les études de cas sont tirées de films populaires qui se situent le plus souvent à l’intersection du merveilleux, de l’horreur et du mélodrame, et s’inscrivent sur un axe historique qui conduit du cinéma premier à l’époque contemporaine – Supernatural (1933), The Devil Commands (1941), Rendez-vous avec la peur (1957), 13 Fantômes (1960), Furie (1978), Ghost (1990), Sixième Sens (1999), Hypnose (1999), Intuitions (2000), Les Autres (2001), La Voix des morts (2005),L’Orphelinat (2006), Paranormal Activity (2007) ou Insidious (2010). |
Intégralement rédigé par des doctorant·e·s de la Section d’Histoire et esthétique du cinéma de l’UNIL et du Seminar für Filmwissenschaft de l’Université de Zurich, cet ouvrage examine une multitude d’images en circulation, allant des photographies aux films, en passant par des personnages fictionnels multimédia. Il offre l’occasion de saisir le concept même de « circulation des images » dans une perspective historique et d’évaluer la prétendue nouveauté des phénomènes de circulation, montrant par exemple que les médias numériques génèrent moins des nouveaux flux de circulation qu’ils ne les rendent surtout imprévisibles, difficiles à contrôler.
Cet ouvrage bilingue est le résultat d’une réflexion collective menée au sein du programme doctoral national suisse « Dispositifs de vision : cinéma, photographie et autres médias », lequel a pour objectif d’aborder le cinéma, la photographie et les médias à travers leur constitution en dispositifs.
« Cinema, sogno e allucinazione dalle origini ai primi anni Venti (1895-1925)», numéro de la revue peer-review de l’Association italienne de recherche en histoire du cinéma (AIRSC) Immagine. Note di storia del cinema, n°18, 2018, dirigé par Mireille Berton avec Silvio Alovisio.
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« Les séries télévisées contemporaines », Décadrages, n° 32-33, dirigé par Mireille Berton et Sylvain Portmann, printemps 2016.Sans adopter un angle d’approche particulier ou une thématique définie, ce numéro de Décadrages cherche à interroger, non pas pourquoi les séries télévisées ont du succès, mais comment elles fonctionnent, à savoir quels sont les modèles esthétiques, idéologiques, narratifs qui les gouvernent. À défaut d’être exhaustif dans les objets et approches choisis, il propose plus modestement un échantillon de ce que des chercheuses et chercheurs en études du cinéma et autres médias peuvent produire à partir de leurs branches respectives de compétence (Star Studies, Gender Studies, Fan Studies, histoire des genres, esthétique, narratologie, sociologie des médias). Alors que certains articles proposent des lectures théoriques, d’autres développent une réflexion à partir d’une étude de cas. |
Mireille Berton, Le Corps nerveux des spectateurs, L'Age d'Homme, Lausanne, 2015.Le Corps nerveux des spectateurs propose une réflexion sur les liens entre cinéma et sciences du psychisme saisis en tant qu'histoire culturelle des premiers publics. Entre 1880 et 1920, les champs de la médecine, de la psychologie, de la neuropsychiatrie et de la psychanalyse élaborent des théories de la subjectivité marquées par les phénomènes intrigants de la neurasthénie, de l’hystérie et de l’hypnose. Alors que les discours sur les projections lumineuses s’approprient volontiers la culture du corps nerveux qui circule autour de 1900 dans l’imaginaire médical et populaire, on constate que, parallèlement, le cinématographe devient la nouvelle métaphore du psychisme. Dans leurs échanges réciproques, les sciences médico-psychologiques et les énoncés sur les vues animées contribuent alors à construire une subjectivité née de la révolution industrielle et s’épanouissant grâce à la culture de masse. Aussi, les lieux de réception des films apparaissent non seulement comme des laboratoires expérimentaux du corps nerveux, mais participent plus largement à transformer les spectateurs en sujets nerveux, à savoir des sujets modernes jouissant d’un nervosisme mué en paradigme culturel. |
Mireille Berton et Anne-Katrin Weber, La Télévision, du téléphonoscope à Youtube. Pour une archéologie de l’audiovision, Antipodes, Lausanne, 2009.L’ouvrage propose au lecteur de parcourir l’histoire de certains dispositifs télévisuels fondés sur le principe d’une transmission à distance de données (images et/ou de sons), autant les dispositifs fictifs du XIXe siècle que le dispositif «standard» de l’appareil électronique à usage privé ou que les nombreuses variantes utopiques et actualisées. La télévision est donc déclinée à la fois à travers sa réception critique/fantasmatique et via les dernières technologies qui la mettent en jeu. |