Colloque international
Organisé par Estelle Blaschke, Olivier Lugon et Davide Nerini (Lettres UNIL : Section cinéma/SHC/CdH)
Les photographies tendent à exister en masse. Éléments moteurs de la consommation de masse, elles ont, dès l’invention du médium, amené l’industrie à développer de multiples instruments pour accélérer la production, le stockage et la diffusion des images, de la bobine de film à la carte mémoire, des appareils de petit format aux caméras numériques, en passant par la chronophotographie, le bélinographe, l’impression rotative, etc. En parallèle, nombre de techniques et de standards ont dû être mis au point ou adaptés à la photographie pour gérer, organiser et tirer parti de collections sans cesse croissantes : on peut penser aux catalogues iconographiques, aux registres, aux fichiers, aux systèmes de classification de bibliothèques, aux banques d’images, aux algorithmes, ou aux divers instruments de juxtaposition d’images comme les planches-contact ou les atlas. Dans certains cas, la photographie peut y constituer l’objet même de la collection, dans d’autres, elle agit plutôt comme l’outil permettant de rassembler et de donner accès à des matériaux provenant de sources très diverses, comme c’est le cas avec le microfilm, par exemple. Aujourd’hui, la nouvelle « indicialité » de la photographie numérique (André Gunthert) fournit des outils supplémentaires pour saisir les images et associer des données à elles, et pour offrir ainsi de nouveaux moyens de gérer et de donner accès à de grandes quantités d’images dans l’espoir de générer de nouveaux savoirs à partir d’elles.
Ce colloque entend réunir des contributions qui abordent l’histoire de la photographie avant tout comme l’histoire de la collecte, du traitement et de la production de vastes ensembles de données visuelles. Que peut-on apprendre d’une approche de la photographie qui ne la réduise ni aux seules pratiques artistiques ou amateurs, ni à des ensembles limités d’images individuelles, mais l’envisage comme une technologie de l’information ? Que peut-elle apporter aux recherches actuelles menées sur les dimensions scientifiques et pédagogiques du médium ?