Philosophy of Care (in french)

Recherche : philosophie du soin | Ouvrage issu du colloque: "La philosophie du soin: éthique, médecine et société" | Colloque la philosophie du soin: éthique, médecine et société
 

Recherche : philosophie du soin

L’axe de recherche sur la philosophie du soin propose une réflexion interdisciplinaire sur les différentes approches éthiques du soin, qu’il s’agit d’interroger sous ses divers aspects à partir de perspectives différentes dans le champ de la médecine, de la philosophie et des sciences sociales.
C’est en abordant le soin comme une diversité de problèmes, qui nous aident à penser le présent, que le groupe de recherche d’Ethos vise à élaborer une éthique du soin. Cette dernière est conçue non pas comme un « supplément d’âme » qui viendrait combler un supposé vide d’humanité engendré par la technique mais comme la source normative de toute relation humaine qui est traversée par une tension entre la vulnérabilité de l’existence et le pouvoir sur la vie.

Le groupe de recherche Ethos est constitué des personnes suivantes :

  • Lazare Benaroyo, président d’Ethos et professeur à la Faculté de biologie et de médecine de l’Unil et directeur de l’Unité d’éthique médicale CHUV-FBM.
     
  • Claude Voelin, professeur honoraire à l’Institut de psychologie de la Faculté des sciences sociales et politiques de l’Unil.
     
  • Nadja Eggert, PhD, Responsable de recherche Ethos.

Ouvrage issu du colloque: "La philosophie du soin: éthique, médecine et société"

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« Contre les excès d’un technicisme souvent jugé inhumain, au rebours d’une division des tâches qui a conduit certains à déplorer une possible « mort de la clinique », voici le soin qui s’impose maintenant à l’attention. Il ne s’agit pas seulement de l’hommage toujours rendu au dévouement du personnel et de la mention, comme en passant, des petits gestes qui allègent humblement la souffrance du patient. Ce qui est en jeu, c’est la redécouverte du socle anthropologique sur lequel la médecine – toute médecine – fonde son humanité et son efficacité.
On trouvera dans le présent ouvrage les traces d’un effort collectif pour prendre toute la mesure de cette dimension qui déborde de loin le domaine d’une « philosophie de la médecine ». Les réflexions actuelles sur le « care » ont une portée éthique et politique que soulignent volontiers les auteurs anglo-saxons au prix d’une réflexion profonde sur la condition humaine. Ce dont témoigne parallèlement le regain d’intérêt pour la notion d’empathie, version modernisée de l’Einfulhung, dans le cadre des travaux les plus récents des primatologues. Il fallait un exceptionnel rassemblement de compétences pour procéder à l’exploration du champ des interrogations radicales dont le petit mot de « soin » porte le souci au-delà de la pensée médicale ».

Extrait de l’avant-propos Pr. Dominique Lecourt
Directeur du Centre Georges Canguilhem
(Université Paris 7)

 

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Le soin ne désigne pas seulement un domaine particulier de l’activité médicale au sens où l’on parle par exemple des soins infirmiers ou des soins palliatifs. Il ne correspond pas non plus à un « supplément d’âme » de la médecine, mais il en constitue bien plutôt une, sinon la finalité essentielle. Le soin est aujourd’hui le point où s’articulent, tout à la fois dans les expériences, les pratiques et les institutions, la médecine, l’éthique et la société dans leur ensemble. Partout, le soin est une référence, un souci et une valeur, parfois un prétexte et un leurre, toujours un problème.
Le but de cet ouvrage est de le décrire et de l’interroger sous tous ses aspects, à partir de disciplines et d’approches différentes dans le champ de la médecine, de la philosophie et des sciences sociales. Destiné aux philosophes, aux médecins, aux citoyens, aux soignants et soignés que nous sommes ou serons tous, cet ouvrage fait apparaître que le soin recèle une véritable puissance pour penser le moment actuel.

Cet ouvrage est issu du colloque « La Philosophie du soin. Éthique, médecine et société » qui a eu lieu en juin 2009 au Centre Georges Canguilhem et à l’ENS et qui a été organisé par le Centre Georges Canguilhem (Université Paris Diderot Paris 7), le CIEPFC (École Normale Supérieure), Ethos - Plateforme interdisciplinaire d’éthique (Université de Lausanne), en association avec le Centre de ressources national soins palliatifs F. – X. Bagnoud (Fondation oeuvre de la Croix-Saint-Simon).

 

Frédéric WORMS est professeur d'histoire de la philosophie contemporaine à l'Université de Lille 3 et Directeur du Centre international d'étude de la philosophie française contemporaine à l'ENS (Paris). Il dirige aux Puf l’édition des oeuvres complètes de Bergson et est l’auteur de nombreux ouvrages dont le plus récent est La Philosophie en France au XX° siècle. Moments (Gallimard, coll. Folio, 2009).

Lazare BENAROYO, professeur d'éthique et de philosophie de la médecine, Université de Lausanne.

Céline LEFÈVE, maître de conférences en histoire et philosophie de la médecine, Université Paris Diderot, Laboratoire d’histoire et de philosophie des sciences (SPHERE UMR 7219 CNRS) et Centre Georges Canguilhem.

Jean-Christophe MINO, médecin chercheur en santé publique au Centre de Ressources National Soins Palliatifs (Fondation oeuvre de la Croix-Saint-Simon) et dans l'Unité Mobile d'Accompagnement et de Soins Palliatifs (CHU Pitié Salpêtrière)

 

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SOMMAIRE

La philosophie du soin: Éthique, médecine et société

Sous la direction de Frédéric Worms, Lazare Benaroyo, Céline Lefève et Jean-Christophe Mino

Avant-propos : Dominique Lecourt
Introduction : Lazare Benaroyo, Céline Lefève, Jean-Chistophe Mino, Frédéric Worms

 

Première partie - ÉTHIQUE
Frédéric Worms : Le moment du soin. Diversité et unité du soin (titre provisoire)
Fabienne Brugère : L'éthique du care : entre sollicitude et soin, dispositions et pratiques
Catherine Dekeuwer : Prendre soin dans la relation endeuillée
Simone Korff-Sausse : Aux sources de l'éthique : les enjeux psychiques de la relation de soin
Lazare Benaroyo : Éthique et herméneutique du soin
Jean-Philippe Cobbaut : Pour une éthique contextuelle du soin

Deuxième partie - MÉDECINE
Céline Lefève : La relation de soin doit-elle être une relation d’amitié ?
Claire Marin : « Who cares ? » Quelle attention au malade dans la relation thérapeutique ?
Catherine Draperi : Narration et accompagnement : accéder au monde de l’autre
Philippe Barrier : Le soin comme accompagnement et facilitation de l’individuation avec la maladie chronique
Nancy Kentish-Barnes : La parole en réanimation : complexité et ambiguïtés de la relation soignants/soigné-famille
Marie Gaille et Nicolas Foureur : « L’humanité », enjeu majeur de la relation médecin-patient. Y a-t-il une violence intrinsèque à la situation de soin ?
Alain-Charles Masquelet : Médecine contemporaine et disposition au soin

Troisième partie - SOCIÉTÉ
Jean-Christophe Mino : Dire ou ne pas dire… Quand informer c'est aussi soigner
Sylvie Fainzang : Du sens unique au sens interdit. Les malades et l’épreuve de la maladie
Nathalie Zaccaï-Reyners : Care et institutions : quels regards sur le style organisationnel et le soin aux personnes ?
Marie-Odile Frattini : Une médecine active : comment le travail prend valeur thérapeutique
Claude-Olivier Doron : La volonté de soigner. D’un singulier désir de soin dans les politiques pénales
Guillaume Le Blanc : L'expérience vécue de la maladie

Couverture de l'ouvrage: 

philodusoin.pdf  (140 Ko)

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Colloque la philosophie du soin: éthique, médecine et société

 

 

Centre Georges Canguilhem, Université Paris VII

Centre International d'Etude de la Philosophie Française Contemporaine (CIEPFC) - ENS Ulm, Paris

Ethos Plateforme interdisciplinaire d’éthique - Université de Lausanne

Centre François-Xavier Bagnoud, Paris

Organisation : Céline Lefève, Frédéric Worms, Lazare Benaroyo, Jean-Christophe Mino

 

Paris, les mercredi 10, jeudi 11 et vendredi 12 juin 2009
Salle des Thèses 580 F (5e étage, partie F)
Halle aux Farines – Esplanade Pierre Vidal-Naquet – Paris 13e

 

La philosophie du soin que ces journées voudraient esquisser ne vise ni à dénoncer la technique médicale pour elle-même, ni à attendre qu’elle résolve par son évolution les problèmes éthiques. Elle cherche à penser les manières dont les techniques peuvent, y compris dans leur matérialité, s’intégrer à la visée du soin. Elle ne vise pas à ajouter de l’extérieur une dimension soignante à la médecine technique existante, mais à penser le soin au coeur même de la technique et de la médecine.
Si la distinction entre l’objectivité des symptômes et des causes de la maladie, d’une part, et la subjectivité de l’expérience du malade, d’autre part, est indispensable, si les traitements et le soin lui-même requièrent l’objectivation scientifique, la médecine peut aussi masquer la visée du soin et l’accès aux normes de vie du malade. La spécialisation des disciplines, la fragmentation des suivis, l’organisation complexe et actuellement en pleine évolution du système de santé renforcent le risque de cette occultation de l’expérience subjective du malade.
Comment faire que le soignant articule la logique des savoirs et des savoir-faire impliqués dans le soin et la logique existentielle du malade ? Comment faire que la logique de connaissance et de maîtrise qui est à l’œuvre dans la médecine n’empêche pas la reconnaissance de la réalité même de l’épreuve de la maladie, du corps abîmé, de l’identité bouleversée, de la mort inéluctable et pourtant souvent déniée ? Comment éviter que la relation de soin ne soit confisquée par l’intervention soignante ? Ces questions sont essentielles tant l’absence de soin implique et révèle l’absence de relation humaine et sociale.
Le soin requiert une attention portée au non-sens et aux souffrances multiples que la maladie implique pour la personne qui en est affectée. Sa visée appelle une compréhension globale de la norme de vie perdue par la personne malade afin de l'aider à restaurer (ou à instaurer) une norme de vie qu’elle éprouve et juge par elle-même et pour elle-même comme sienne. Compréhension et respect de l’individualité, le soin n’en est pas moins institution d’une relation. Le soin répond notamment au besoin du malade de partager l’épreuve qu’il traverse. Il permet de briser la solitude face à la maladie et, par cette médiation, il peut aider la personne malade à donner à sa maladie et à sa vie un sens personnel qui guidera ensuite les choix thérapeutiques. Le soin apparaît dès lors comme la finalité et le sens même de la médecine.
Contribuer à une philosophie du soin demande de faire converger différentes approches réflexives dans les divers champs de la médecine qui mobilisent de manière intense la question du soin. Ce projet rencontre aussi les problèmes soulevés par l’éthique du care. Il s’agit aussi de s’interroger sur la manière dont cette réflexion peut initier le soignant à se décentrer du point de vue de la technique médicale pour (re)connaître l'existence et la légitimité de celui du malade. Comment faire que la philosophie ne soit pas tant une initiation à l’éthique et à des principes fondamentaux extérieurs à la question du soin qu'une formation éthique visant la rénovation du soin par l’attention au malade ? Ces journées viseront à établir des échanges et un réseau de recherches qui réuniraient praticiens et chercheurs en philosophie et en sciences humaines et sociales autour de la question du soin.

 

Pour plus d'informations:

Consultez le site du Centre Georges Canguilhem

 

Programme:

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