L'équipe du Prof. Christian Widmann du Département de physiologie de l'UNIL vient de mettre en lumière un mécanisme expliquant le rôle protecteur du «bon cholestérol» contre le diabète, maladie chronique emblématique de notre société occidentale. Les résultats sont publiés dans l'édition en ligne du 6 mars 2012 de la revue Diabetes.
Le diabète de type 2 est en progression rapide à l'échelon planétaire. Cette maladie est caractérisée par une glycémie (le taux de sucre dans le sang) anormalement élevée. Ce dérèglement est engendré, d'une part, par une capacité réduite des tissus à répondre à l'insuline, l'hormone-clé qui contrôle la glycémie, et d'autre part par un défaut de sécrétion de l'insuline par le pancréas.
Cette maladie touche davantage les personnes obèses ou en surpoids. Plus spécifiquement, il a été démontré que le taux élevé d'acides gras circulant dans le sang favorise le développement d'un diabète. On observe dans ce cas que les récepteurs cellulaires à l'insuline ne sont plus activés aussi efficacement et il s'ensuit que le glucose pénètre moins bien dans les cellules et s'accumule dans la circulation sanguine. La glycémie augmente et induit à son tour une hypersécrétion d'insuline par les cellules bêta du pancréas. Soumises pendant plusieurs années à ce régime, les cellules bêta s'épuisent, parfois jusqu'à la mort. Il en découle que la capacité de sécrétion d'insuline diminue, l'organisme perd le contrôle de sa glycémie et un diabète de type 2 s'installe.
Dans cette cascade qui mène au diabète, le «bon cholestérol» est connu pour diminuer les risques de développer la maladie, mais les mécanismes de protection demeuraient jusqu'à ce jour encore mystérieux. Sous le terme de «bon cholestérol», les scientifiques désignent les molécules HDL (pour high density lipoprotein) qui sont des transporteurs du cholestérol vers le foie en vue de son élimination. Produits par le foie, les HDL sont induits notamment par une alimentation riche en acides gras polyinsaturés, les fameux oméga 3, mais également par la pratique régulière d'exercice. A contrario, fumer diminue les taux d'HDL.
Mises sous stress, la survie des cellules bêta du pancréas est compromise
Pour décrypter les mécanismes fondamentaux en jeu, Christian Widmann et son équipe se sont focalisés sur le travail du «réticulum endoplasmique» - dont le nom signifie littéralement «réseau à l'intérieur des cellules» - des cellules bêta du pancréas. Le réticulum endoplasmique peut être vu comme la chaîne de montage de la cellule qui permet notamment de synthétiser et d'exporter l'insuline. Dans le cas où les cellules bêta doivent chroniquement augmenter leur production d'insuline, le réticulum endoplasmique peut être mis sous stress : les protéines qui y transitent n'adoptent plus leur bonne conformation, le flux au travers du réticulum endoplasmique est ralenti et les protéines s'accumulent dans l'organelle. Sur la durée, la fonction - voire la survie - de la cellule bêta peuvent être compromises, favorisant ainsi le développement d'un diabète.
Une situation qui s'inverse en présence de «bon cholestérol»
Mimant les conditions de stress engendrées par l'obésité dans des cultures de cellules bêta du pancréas, les scientifiques lausannois ont pu démontrer qu'en présence de «bon cholestérol», le réticulum endoplasmique continue à bien fonctionner, permettant ainsi aux protéines d'adopter une conformation correcte et assurant le transit normal de ces protéines. L'équipe du Prof. Widmann a ensuite montré que le maintien de la fonction du réticulum endoplasmique par les HDL permet, au-delà de son effet positif sur la production d'insuline, d'augmenter la viabilité des cellules bêta. Ces travaux éclairent le rôle du «bon cholestérol» comme allié de la lutte contre la pandémie de diabète et lève le voile sur les mécanismes fondamentaux de cette protection.
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