Des chercheurs bâlois et lausannois, dont l'équipe du Prof. Amalio Telenti de l'Institut universitaire de microbiologie UNIL-CHUV, ont suivi une journée du virus du sida dans une cellule du système immunitaire. Les dégâts causés par sa visite sont impressionnants, le VIH se comportant comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Les résultats de cette étude sont à découvrir dans l'édition du 31 janvier 2013 de "PLoS Pathogens".
Victorieux malgré le chaos
Lorsqu'il pénètre dans les lymphocytes T - les cellules de notre système immunitaire- le VIH va jusqu'à modifier deux tiers de la production des gènes de ces cellules, entraînant notamment l'arrêt d'une grande partie de la machinerie cellulaire. C'est ce que révèlent les analyses réalisées par les scientifiques chaque deux heures de la vie du pathogène, depuis son entrée jusqu'à sa sortie de la cellule infectée. «Malgré cette profonde perturbation, le virus du sida réussit à sortir victorieux de ce chaos, s'appropriant avec succès les ressources cellulaires nécessaires à sa survie et à sa propagation», relève Angela Ciuffi, MER1 à l'Institut universitaire de microbiologie UNIL-CHUV et dernière auteure de l'article.
L'étude publiée dans PLoS Pathogens représente l'analyse cartographique et temporelle de l'expression des gènes cellulaires la plus détaillée à ce jour. Elle illustre magnifiquement bien l'effet de l'invasion du VIH sur la cellule. Les chercheurs ont également mis à disposition une ressource internet publique permettant à chaque personne intéressée de consulter l'activité de gènes cellulaires au cours de l'incursion de la cellule par le virus du sida.
Ce travail a été rendu possible grâce à l'utilisation de technologies puissantes permettant la mesure de composants viraux et cellulaires et à l'application d'outils mathématiques et bioinformatiques sophistiqués par des experts de l'Institut Suisse de Bioinformatique (SIB) à Bâle. Il a été financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique et par la Fondation Bill & Melinda Gates.