Organisée par l'IGD, la seconde session s'est tenue le 20 octobre 2016 avec Liao Liao, politologue et post-doctorante à l'Institut d'Etudes Politiques d'Aix-en-Provence.
Riche de la diversité des cadres théoriques mobilisés par Mme Liao Liao, la présentation a permis de rendre compte des incidences des réorganisations territoriales et des réformes économiques en Chine sur les gouvernances et sur les coalitions d'acteurs, soutenant, ou non, et sous des formes diversifiées, la machine de croissance, au sens que Molotch donne à ce terme.
Une Chine que l'on sait être confrontée à un essoufflement de sa croissance économique et qui fait face à une contestation montante sur deux fronts. Celui des questions de pollution et celui lié au fait que le soutien à la croissance aboutit à ce que les collectivités locales cherchent à substituer les activités agricoles par des activités industrielles ou des villes nouvelles, qui sont certes plus créatrices de valeur ajoutée, mais qui induisent souvent une spoliation des paysans pour mettre la main sur leurs terrains.
Ce non-ménagement des ressources environnementales remet en cause les autorités, qui s'étaient engagées, en 2013, en faveur du développement d'une civilisation écologique pour une meilleure planète, selon les termes du Président Xi Jinping dans une lettre envoyée à l'Eco-Forum Global, tenu à Guiyang, capitale de la province du Guizhou.
S'agit-il pour autant de contestations «anti-croissance», au sens où on le comprend en Europe ? Peuvent-elles être reliées aux mouvements de la décroissance soutenable ? Valorisent-elles le souci écologique et le retour à la nature ? Critiquent-elles les systèmes de production/consommation parce qu'ils sont marqués par l'irréversibilité et la dégradation entropique ? Condamnent-elles la valorisation du technique sur le relationnel ? Intègrent-elles la notion d'angustia ? Considèrent-elles, comme chez Marcuse, le capitalisme comme un hédonisme pervers individualisant ?
Mme Liao Liao a montré que ces références ne sont mobilisées que de façon marginale en Chine. Si contestation de la croissance il y a, elle réside essentiellement dans une opposition aux modalités de sa redistribution. Il a été montré que lorsque cette dernière est considérée comme «juste» - notamment dans le cas foncier -, l'adhésion à l'idée d'une croissance nécessaire l'emportait. Partant, en cas d'opposition, les autorités chinoises parviennent généralement à faire muter les opinions en augmentant les indemnisations versées aux paysans expropriés.