Axes de recherche

Les démocraties occidentales font face à des défis majeurs. La montée des populismes, la con­fiance érodée des citoyens à l’égard de leurs élites, la situation des partis politiques qui se délitent et peinent à mobiliser les citoyens à prendre part aux consultations démocratiques, l’émergence et le développement de mouvements xéno­phobes et autoritaires sont autant d’enjeux qui mettent à mal les démocraties aujourd’hui. Face à ces défis, politologues et sociologues se doivent d’apporter expertise et savoir, et de développer de nouvelles recherches pour comprendre les transformations des démocraties actuelles. Afin de contribuer au développement de ce savoir, les recherches menées au sein du GREC se structurent autour de huit axes principaux.

Etude des élections et votations

L’analyse des élections et votations forme l’un des piliers traditionnels de la science poli­tique et constitue également l’un des points forts du GREC. Les membres du GREC étudient la participation, l’abstention et le vote en mobilisant à la fois des théories clas­siques de la sociologie électorale et des modèles plus récents issus de disciplines voisines, notamment la psychologie et la communication politique. Les recherches du GREC ont pour objectif de désenclaver l’analyse des comportements électoraux en l’intégrant à une réflexion d’ensemble sur les acteurs impliqués dans les processus électoraux, qu’ils soient partisans (partis, candidats, etc.) ou non-partisans (groupes d’intérêts, mouvements, médias, etc.). Les études menées au GREC accordent ainsi une attention particulière au contexte de campagne, aux jeux des alliances politiques ainsi qu’aux nouveaux outils des campagnes électorales. Afin de saisir ces relations dans toute leur complexité, le centre se veut également une plateforme pour l’échange et le développement de nouvelles pratiques méthodologiques (comme les enquêtes en ligne, l’analyse des structures de liens, l’expérimentation, les études longitudinales en ligne). Les enquêtes Selects et Voto sous la responsabilité de FORS constituent une ressource importante pour les membres du GREC.

Contestation politique

Depuis les années 1990, l’étude des mouvements sociaux est devenue centrale en sociolo­gie et en science politique, tant aux Etats-Unis qu’en Europe. Cette croissance fulgurante a aussi un effet pervers que connaissent nombre de sous-disciplines en sciences sociales, à savoir l’hyperspécialisation et le développement de parcelles de savoir repliées sur elles-mêmes. Rouvrir les portes de ces enclaves est essentielle pour le développement de théo­ries plus élaborées sur les mobilisations. C’est dans cette perspective que les membres du GREC travaillent sur différents aspects de la mobilisation contestataire, en particulier : l’émergence et le développement de la contestation politique ; les processus d’engagement, de maintien et de désengagement des activistes ; ou encore les consé­quences biographiques, politiques et culturelles de la politique contestataire. Le centre est également intéressé à ouvrir de nouveaux pans de recherche notamment sur la violence politique, les phénomènes de radicalisation et le cyber-activisme.

Activisme politique

Le GREC travaille aussi sur le phénomène de l’adhésion. Les citoyens des démocraties occidentales participent à la sphère publique et politique, par le biais des partis, des orga­nisations contestataires, des syndicats, des groupes de pression ou encore des associations caritatives. La littérature tend à cloisonner les différentes formes d’adhésion. Là encore des enclaves de savoir se sont construites. Mais les processus d’engagement sont-ils si dis­tincts que cela ? Quels sont les facteurs nous permettant de comprendre le choix spéci­fique de l’une ou l’autre des sphères de mobilisation ? L’adhésion dans les partis, mouve­ments, syndicats et organisations caritatives repose-elle sur des conceptions particulières de la citoyenneté politique ? Sur des traits de personnalité distincts ? Et que dire des citoyens multi-engagés ? Qui sont-ils ? Comment conçoivent-ils leur rôle de citoyen ? Avec ces questions, nous souhaitons décloisonner les études sur l’activisme politique et social. Les travaux comparatifs, apportant un regard croisé sur l’activisme, tiennent une place importante dans les activités du GREC.

Formation et transformation des opinions

Le GREC se penchera également sur les dynamiques de formation et de transformation des valeurs, des attitudes et des opinions. Les membres du GREC souhaitent dévelop­per l’étude de ces processus à la fois dans le temps long et dans le temps court. A long terme, l’analyse de données d’enquête longitudinales est précieuse pour comprendre le changement ou la stabilité des attitudes dans les parcours de vie individuels, de même que la restructuration des clivages et des ancrages politiques au niveau agrégé. A court terme, la mise en place de dispositifs expérimentaux permettra d’abor­der certains aspects de la formation des opi­nions plus diffici­lement accessibles à la recherche par enquête, tels que la genèse et la mesure empirique de compor­tements et d’attitudes socialement « sen­sibles » (racisme, homophobie, abs­tention élec­torale) ou la prise de décision sous la pres­sion de l’agenda médiatique (agenda-setting, amor­çage, cadrage, etc.). Ce volet d’activités du GREC est évidemment complémentaire à celui de l’étude des élec­tions et votations.

Etudes longitudinales des pratiques politiques

La recherche sur les comportements politiques, qu’ils se rapportent à la participation ins­titutionnelle ou contestataire, ressemble à une exposition de photos. Parmi ces images prises à un moment donné, certaines sont intéressantes et instructrices ; elles restent cependant des instantanés, tandis que les comportements politiques, et plus générale­ment le phénomène de la citoyenneté politique, devraient être compris comme un proces­sus continu. L’adhésion, la participation politique, le désengagement mais aussi les consé­quences de l’engagement sont autant de processus qui se déroulent tout au long du par­cours de vie d’un citoyen. Toutefois, les études longitudinales sont rares dans les domaines de recherche couverts par le GREC. Pour cette raison, le GREC vise non seulement à promouvoir les recherches menées avec des données longi­tudinales (comme le Panel Suisse de Ménages), mais aussi à développer des enquêtes panels où les pratiques politiques des citoyens pourraient être mieux appréhendées.

Etude du populisme

Le populisme est aujourd’hui très présent dans les démocraties occidentales. Le phéno­mène ne date pas d’aujourd’hui mais il se voit renforcé par la double crise que traverse le monde occidental : crise à la fois politique et économique. Nationalisme, régionalisme et populisme constituent autant de domaines de travail du GREC. Quelles sont les oppor­tunités d’action et les perspectives électorales des acteurs nationalistes, régionalistes et populistes ? Quelles sont leurs alliances pour entrer au pouvoir et développer leur politique ? Qui sont leurs fervents opposants pouvant bloquer leur ascension dans l’espace public ? Comment se structurent-ils et se transforment-ils au gré de leurs succès politiques et électoraux ? Quels sont leurs soutiens auprès de la population ? Qui s’engage et soutient aujourd’hui ces acteurs populistes et pourquoi ? Toutes ces questions sont au cœur des travaux du GREC.

Altruisme politique
De nombreux citoyens entrent dans l’espace public et politique pour défendre intérêts et droits d’autrui. Les mobilisations pour défendre les migrants, les droits humains, protéger l’environnement, soutenir les personnes en grande précarité, défendre la paix sont autant d’exemples où acteurs collectifs et citoyens s’engagent pour les autres ou, plus globale­ment, pour renforcer le bien commun. Quels sont ces mouvements de solidarité, quels sont les citoyens qui s’engagent et pourquoi, quels sont les impacts de ces actions : telles sont les questions qui se posent et que nous souhaitons développer au sein du GREC. Les questions liées à l’altruisme et aux actions pro-sociales ont tou­jours préoccupé les chercheurs, et ceci dans des disciplines très diverses, allant de la philoso­phie à la biologie, en passant par la sociologie, la psychologie, l’économie, et plus récemment les neurosciences. Depuis un peu plus d’une décennie, la recherche dans ce domaine con­naît un nouvel essor. Ces travaux permettent non seulement de questionner et de redéfi­nir le pa­radigme individualiste, mais aussi d’expliquer pourquoi et comment ces compor­tements individuels et actions collectives peuvent se développer dans nos sociétés.
Citoyenneté politique

Au-delà des élections, de la contestation et de l’activisme, le GREC s’intéresse aux ques­tions liées aux rapports qu’entretiennent les acteurs collectifs et les individus à la citoyen­neté poli­tique. Comment perçoivent-ils la sphère politique, ses institutions, ses élites, les acteurs de la société civile, et plus globalement la démocratie ? Quelles sont les compré­hensions par­tagées de la citoyenneté politique et du rôle du citoyen qui se développent dans des com­munautés distinctes ? Comment se construisent-elles et se transforment-elles ? De même, le GREC s’intéresse à la politisation de la vie quoti­dienne qui va au-delà du vote, de la contestation et de l’adhésion collective. Recyclage des déchets, boycott de produits, adoption de la diète végétarienne, consommation durable et rejet des pra­tiques de violence dans l’éducation des enfants sont autant d’exemples de politi­sation de la vie quotidienne visant à contribuer à un changement social. Ces pratiques sont en expansion dans un monde qui cherche à réinventer de nouveaux modèles sociaux, économiques, écologiques et politiques. Or, il existe encore peu d’études portant sur cet aspect de la citoyenneté politique et ses impacts sur la société. Le GREC sou­haite développer la recherche dans ce domaine.

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