Séminaire de recherche du Laccus 2022/2023
| Semestre printemps 2023
| Semestre hiver 2022/2023
Un des traits des sociétés actuelles est le brouillage des frontières qui étaient jusqu’ici – relativement – établies depuis la naissance de l’ère industrielle : entre le travail et non-travail (ou loisir) (Dujarier 2021 ; Bernard 2018), la sphère publique et la sphère privée (Hochschild 2018 ; Casetti 2019), le marchand et le non-marchand, la production et la reproduction, etc. Or plusieurs activités relevant jusqu’ici du domaine personnel, sinon de l’« intime », font désormais partie du procès de valorisation propre à un « techno-capitalisme » (Durand 2020 ; Staab 2020) dont les logiques n’épargnent plus aucun domaine de l’activité sociale. Ces brouillages de frontières suscitent de nouvelles formes de « mise au travail » générant des fatigues et des souffrances inédites dont on peine encore à en saisir les traits et à en dégager toutes les implications (Han 2019 ; Huët 2021).
D’autres brouillages sont à l’œuvre dans le capitalisme actuel, contribuant à rendre son fonctionnement peu lisible : la distinction entre propriétaires et managers (née au début du 20e siècle) laisse place à une forme d’auto-management et « d’auto-entreprise » (Abdelnour, 2017) dans lequel il est difficile de voir « qui manage qui ». En conséquence de ces brouillages, le rapport capital / travail s’en trouve profondément transformé. Le travail doit être enrichi par les opérateurs eux-mêmes : auto-activité, subjectivité au travail, « autonomie », créativité, voire « bonheur » au travail dans une entreprise « heureuse » (Illouz et Cabanes 2019). A l’inverse, le capital a perdu les propriétés qui le définissaient à l’ère industrielle, pour se « dématérialiser » et devenir plus « volatile » (Feher 2017 ; Orléans 2012 ; Vogl 2017) - ce qui le rend plus illisible que jamais.
Vu sous cet angle, le capitalisme est un « tricotage » complexe dont les activités constitutives sont oblitérées. D’où l’importance de le « détricoter» : reprendre le fil des choses et refaire la trajectoire des activités, examiner la manière dont les réalités ont pris forme. C’est replacer l’activité de travail au centre, avec ses corps, ses outils, ses efforts, ses affects et ses sensibilités. La critique sociale « détricote » ainsi ce que le capitalisme « tricote » pour esquisser le possible d’autres tricotages.
9 mars 2023 - 12h15 (Geopolis 5313)
Olivier Voirol, UNIL : "Le capitalisme comme colonisation. L'ère du "numérique" de la valorisation"
23 mars 2023 - 12h15 (Geopolis 5313)
Dominique Glaymann (Cnam, Paris) : "Le malaise des enseignants-chercheurs français face aux effets du New Public Management"
29 mars 2023 - 10h00 - 17h00 (Geopolis 5899)
Journée d'étude : L'enquête à l'ère numérique. Quand le terrain s'invite sur les réseaux sociaux
Organisation : J.-M. Oppliger et Olivier Voirol, UNIL
27 avril 2023 - 12h15 (Geopolis 5799)
Antonin Zurbuchen (UNIL - HETS) : "Enquête ethnographique et critique du capitalisme. Le cas de l'insertion socio-professionnelle."
11 mai 2023 - 12h15 (en ligne)
Leopoldina Fortunati (Uni. Udine) :
Travail domestique, travail du sexe et structure du capitalisme
Introduction : Hélène Goy (Editions Entre-monde
25 mai 2023 - 12h15 (Geopolis 2152)
Sébastien Broca (Cemti, Paris 8) : "Capitalisme numérique et échange écologiquement inégal. Dépasser le fétichisme des technologies numériques"
13 octobre 2022 - Geopolis 5899
Olivier Voirol : "Le capitalisme comme colonisation. Pratiques, espaces, médiations"
(Conférence-atelier) (reporté)
20 octobre 2022 - Geopolis 5899
David Muhlmann (en ligne) : "Capitalisme et colonisation mentale"
24 novembre 2022 - Geopolis 5799
François Schoenberger : "Des intermédiaires aux visages multiples. L'ajustement des banquiers d'affaires à leurs clients"
8 décembre 2022 - Geopolis 5313
Marc Perrenoud : "Singularité artistique et capitalisme"