Un hameau médiéval en ruines a été découvert non loin de Fang, dans le Val d'Anniviers. D'un grand intérêt, ce site est exploré par des chercheurs et des étudiants de l'Institut d'archéologie et des sciences de l'antiquité. Le 5 septembre, une visite et la constitution d'une association sont organisées sur place.
C'est un terrain privé en pente, non loin de Fang, au début du Val d'Anniviers. A 900 mètres d'altitude s'étalent les ruines d'un hameau médiéval. Certains murs des douze bâtiments repérés mesurent plus de deux mètres de haut. A l'écart des habitations modernes, le site de Tiébagette se trouve dans un état de conservation rare. L'an passé, il a fait l'objet d'interventions archéologiques pilotées par l'Institut d'archéologie et des sciences de l'Antiquité de l'UNIL (IASA). Des étudiants de Lausanne et de l'Université de Neuchâtel ont été impliqués.
De nombreux mystères subsistent, car les travaux n'en sont encore qu'à leurs débuts. Pour trouver à la fois des moyens financiers et humains, «l'association ARAVA va voir le jour le 5 septembre», explique Cédric Cramatte, cheville ouvrière du projet et chargé de recherches à l'IASA. L'événement ouvert à tous, qui s'inscrit dans le cadre d'une journée «portes ouvertes», aura lieu à Fang (programme ci-dessous).
Le hameau abandonné comporte des caractéristiques originales. Son sol, peu acide, a permis la conservation de restes des animaux élevés sur place par ses habitants. Il s'agit de bovidés, de caprinés et de volailles. De très nombreux os portent des marques de découpe. Comme certaines bêtes étaient très jeunes, cela laisse penser qu'au XVe siècle en tous cas, le site était habité au printemps et en été, pendant la période des naissances. «Il est rare de travailler sur les milieux ruraux du Moyen Age», ajoute encore Cédric Cramatte. En effet, quand on pense à cette époque, on imagine plutôt des églises et des châteaux.
Une tour et une chapelle
Tiébagette comportait une tour d'habitation, probablement des greniers et peut-être même une chapelle. Des récipients en pierre ollaire y ont été retrouvés, un indice supplémentaire d'une possible occupation permanente des lieux. Réalisé dans ce même matériau, un fourneau daté de 1557 est installé dans l'une des maisons anciennes de Fang. Elle comporte également une poutre décorée d'un écu attribué à la Maison de Savoie. Or, cette dernière a perdu tout contrôle sur la région lors du siècle précédent. D'où peut bien provenir cette pièce de bois ? Les travaux archéologiques vont donc devoir être complétés par une étude des bâtiments du village et peut-être de ceux de Chandolin.
Pour en apprendre encore davantage sur la population de Tiébagette, Oliver Rendu mène son travail de master en histoire médiévale et en archéologie dans diverses archives du canton. En effet, des documents du XIVe siècle mentionnent des noms d'habitants de Fang, ce qui constitue une chance extraordinaire.
Aujourd'hui, seuls les niveaux les plus récents, soit ceux des XVe et XVIe siècles, ont été sondés. Mais il est permis de rêver à dénicher, un jour, des traces d'occupation romaine, attestée ailleurs dans le Val d'Anniviers.
Il est certain que le hameau va, comme le site de Mandeure (en France), devenir un « chantier-école », soit un lieu de formation pour les étudiants de tous niveaux. De plus, Cédric Cramatte souhaite inviter les Anniviards, très intéressés par les recherches en cours, à venir fouiller eux-mêmes le site. L'occasion d'en apprendre davantage sur le métier d'archéologue.
A lire
Le hameau médiéval de Fang / Tiébagette. Par Cédric Cramatte, Mattia Gillioz et Louise Rubeli. In : Moyen Age, la revue de l'Association suisse Châteaux fort. Juin 2015.