Foire aux questions

Vous trouvez ci-dessous diverses questions liées aux mauvais traitements que nous ont posées des professionnel·les de l'enfance. Certaines ont été retranscrites telles qu'elles ont été posées par leur auteur·e. Lorsque plusieurs questions abordaient un même sujet, elles ont été reformulées en une seule question ou regroupées. Enfin, quelques-unes ont été remaniées dans leur forme afin qu'elles puissent intéresser le plus grand nombre d'entre vous.

A la suite des questions figurent des réponses, ou plutôt des pistes de réflexion : dans le domaine de la maltraitance, il est en effet peu courant de pouvoir obtenir une seule réponse ou d'imaginer une seule solution.
Le comité de l'Observatoire (voir organisation) propose des réponses aux questions lorsqu'il se sent qualifié pour le faire, d'autres sont données par des interlocuteur·trices expert·es du sujet abordé.

Nous ne répondons pas à des demandes d'aide ou de conseil pratique portant sur des situations auxquelles vous êtes confrontés : il existe en effet des structures explicitement chargées de cette mission.

Si les questions ou les propositions de réponse en suscitent d'autres de votre part, n'hésitez pas à nous en faire part (ome@unil.ch).  

FAQ

1. Où commence la maltraitance ? 

Tracer des limites claires autour de la maltraitance et de ses différentes formes est un exercice périlleux. La maltraitance ne se mesure malheureusement pas comme une longueur ou une température. Son évaluation varie en fonction du temps (d’une époque à l’autre) et de l’espace (d’un contexte socio-culturel à l’autre). Pour cette raison, nous préférons la définir comme une atteinte à l’intégrité de l’enfant, qu’il ressent comme telle. Cette atteinte peut être ressentie au moment même de l’action ou la parole, ou plus tard. Un décalage temporel ne lui ôte en rien son caractère préjudiciable.

Certains actes sont jugés assez graves pour être considérés comme maltraitants, même s’ils n’ont lieu qu’une seule fois (par ex. coups entraînant des blessures, abus sexuels avec contact physique, menaces graves). Dans d’autres cas (corrections physiques, paroles dévalorisantes), on parle de maltraitance si les actes se répètent au point de devenir le mode de relation et d’éducation habituel entretenu par l’adulte envers l’enfant.

Les actes graves sont forcément des atteintes à l’intégrité (brûlures, fractures, viols), et la loi les sanctionne comme tels. Dans d’autres cas (les plus courants), c’est leur inadéquation aux valeurs véhiculées, et souvent respectées dans ou hors de la famille, qui fera sentir à l’enfant qu’il subit un traitement dégradant hors norme. Un acte, une attitude ou une parole sont donc considérés comme maltraitants s’ils transgressent certains codes explicites ou implicites dans le milieu dans lequel ils ont lieu, et si cette transgression a des effets négatifs sur l’enfant.

Ces flous compliquent la tâche des professionnel·les. Nous vivons dans une société d’une grande diversité socio-culturelle, évoluant d’une génération à l’autre. Il est donc souvent complexe, en deçà d’un certain degré de gravité, de considérer un acte ou une parole comme étant maltraitant. En tant que professionnel·le, cela demande parfois de se distancer de son propre background culturel et familial. S’entourer de collègues (interne et externe à sa profession) permet en partie de contourner ce biais.

2. Quelle différence entre un enfant à risque et un enfant en danger ? 

En général, un enfant est dit à risque lorsqu'il évolue dans un environnement défavorable ou lorsque lui-même présente des caractéristiques qui peuvent rendre son développement plus difficile que prévu. Autrement dit, un enfant à risque se trouve dans une situation comportant un ou plusieurs facteurs de risque. Ces derniers peuvent être d'ordre social (grande pauvreté, chômage des parents), familial (toxicomanie parentale, violence conjugale) ou/et individuel (prématurité, troubles du comportement). L'existence de facteurs de risque ne signifie pas que l'enfant est maltraité : ce dernier bénéficie souvent d'autres facteurs, dits de protection, qui contribuent à son développement et qui compensent le déséquilibre induit par les risques. Dans tous les cas, la présence de nombreux facteurs de risque chez un enfant devrait susciter une attention particulière de la part du professionnel·le pour s'assurer, dans la durée, que le développement de l'enfant n'est effectivement pas compromis.

L'enfant en danger est entravé dans son développement en raison de mauvais traitements ou de facteurs de risque trop nombreux ou délétères, et non compensés par des actions protectrices. Dans ce cas, le risque n'est pas potentiel comme ci-dessus, il est actualisé et constitue donc un danger présent pour l'enfant. Concrètement, les professionnel·les confronté·es à un enfant en danger doivent s'en inquiéter et s'efforcer de mettre en œuvre des actions protectrices pour celui-ci : signalement des mauvais traitements, mise en route d'une psychothérapie ou de toute autre action selon le danger présent.

3. Qu’est-ce qui fait traumatisme pour l’enfant maltraité ? 

Les expressions physiques les plus explicites de la maltraitance ne sont pas nécessairement celles qui laissent les traces les plus délétères dans le développement psychoaffectif de l’enfant. Certaines maltraitances insidieuses (on peut par exemple penser aux atteintes sexuelles exercées sans violence apparente, mais inscrites dans des formes de pactes pervers liés par le secret) ont un impact extrêmement péjoratif sur la vie psychique de l’enfant.

Dans la littérature d’orientation psychanalytique, une distinction est faite entre l’agir de maltraitance et le vécu psychique du traumatisme. Les psychologues et les psychopathologues s’intéressent surtout à ce second niveau, car il renvoie au vécu subjectif de la personne confrontée à des maltraitances. Ce n’est d’ailleurs pas tant l’événement traumatique qui est significatif, mais son retentissement sur un individu : deux personnes qui ont eu la même « expérience traumatique » peuvent présenter des tableaux traumatiques forts différents.

Au sein du traumatisme psychique, on distingue (Janin, 1996) :

  • le noyau froid du traumatisme, qui correspond à un environnement dans lequel l’enfant a fait l’expérience d’une absence de recours de la part de l’adulte maternant. On pourrait parler de vécu précoce d’abandon dans le lien maternel / maternant.
  • le noyau chaud du traumatisme, qui correspond à la charge d’excitation liée à l’événement traumatique. L’appareil psychique ne peut gérer cette charge en raison du défaut de construction d’un système de sens permettant d’y faire face (débordement de l’excitation).

Ainsi, le vécu traumatique de l’enfant devrait être considéré non seulement du point de vue de l’agir maltraitant auquel il est confronté, mais également du point de vue des potentialités. Celles-ci peuvent être passées et actuelles, et s’inscrivent dans l’environnement dans lequel les vécus de confusion, de désorganisation, d’effondrement de l’enfant sont accueillis. Ceci implique une réflexion sur les stratégies de prise en charge des enfants maltraités, particulièrement lorsque les maltraitances ont lieu au sein de la famille, dans la mesure du nouage complexe entre lien affectif et lien maltraitant.

Pour aller plus loin :

Janin C. (1996), Figures et destins du traumatisme, Paris: P.U.F.
Gabel M. M.R Ed. (2004), Les enfants victimes d’abus sexuels, Paris: P.U.F.

4. Un enfant témoin de violences conjugales dans sa famille est-il maltraité?

Les enfants vivant dans un contexte de violences conjugales en sont dans tous les cas victimes. Qu’ils subissent directement les coups, les insultes ou les négligences, ou qu’ils soient témoins visuels ou auditifs des violences infligées à un des parents, ils restent pris dans un contexte qui nuit à leur développement physique, relationnel et psychosocial.

En Suisse, une femme sur dix a déclaré avoir déjà subi de la violence physique et/ou sexuelle de la part d’un partenaire (ancien ou actuel) au moins une fois dans sa vie. De nombreux enfants sont donc potentiellement touchés par cette problématique. Les enfants témoins de la violence commise à l’encontre de l’un de leurs parents ont tendance à montrer plus d’agressivité, d’hyperactivité, et de comportements délinquants que les enfants non exposés à ce type de violence. Ils manifestent également plus de troubles de l’humeur, tels que de l’anxiété et de la dépression. En outre, ils présentent moins de compétences sociales, une plus faible estime d’eux-mêmes et davantage de difficultés d’apprentissage et de concentration que les enfants non confrontés aux violences conjugales.

La prise en charge de ces enfants par des professionnel·les spécialisé·es est par conséquent tout aussi importante que celle pour les enfants subissant directement les violences parentales.

Pour aller plus loin :

Margairaz, C., Girard, J. Halpérin, D.S. (2006). Violence au sein du couple et de la famille: Implications pour le professionnel. Forum med suisse, 6, 367-373.

Fortin, A, Trabelsi, M. et Dupuis, F. (2002). Les enfants témoins de violence conjugale: analyse des facteurs de protection. Montréal: Centre de liaison sur l’intervention et la prévention psychosociales (CLIPP).

5. Qu’en est-il des parents dits « maltraitants » ?

Une majorité des parents violents manquent de compétences parentales, dans certaines circonstances et certains contextes. Ainsi, ces parents peuvent aussi se montrer aimants et adéquats. Ce sont ces expériences positives qui peuvent, entre autres, expliquer la force du lien d’attachement entre ces parents et leurs enfants.

Une minorité de parents sont atteints de graves troubles psychopathologiques et utilisent systématiquement la violence. Il n’est pas question de cette minorité ici. La protection des enfants est dans ces cas davantage assurée en exerçant un contrôle adéquat sur les parents, qu’en les aidant à développer leurs compétences parentales. La présence de tiers lors de contacts entre ces parents et leurs enfants permet par exemple d’assurer la sécurité psychique et physique des enfants.

La prise en charge varie par ailleurs en fonction des formes de violences (physiques, psychologiques, sexuelles, économiques) et des modalités relationnelles. Dans le cas d’une violence symétrique, parents et enfants sont conscients que leurs comportements sont inadéquats et problématiques. Toutefois, ils ne parviennent pas à gérer les frustrations et les conflits inhérents à la vie commune sans recourir à la violence. Ces interactions violentes sont bidirectionnelles et publiques. Dans ce cas, les séquelles psychologiques peuvent être limitées : l’identité de chacun est préservée, l’autre est reconnu.

En revanche, dans le cas d’une violence complémentaire, la relation est inégalitaire. L’autorité liée au statut de parent est utilisée de manière abusive, et non pas pour assurer la sécurité et la socialisation des enfants. Cette violence est unidirectionnelle et intime. Ici, les séquelles psychologiques sont plus profondes, l’enfant peut considérer l’exposition à la violence comme une norme et est privé d’une certaine altérité. Cette modalité relationnelle se traduit par l’émergence d’une forme d’emprise.

En regard de ces modalités relationnelles de la violence, on peut distinguer deux types de prises en charge:

- Prise en charge volontaire :          
Elle s’adresse aux parents qui sont conscients de l’inadéquation de leurs comportements (parfois suite à l’intervention de tiers : école, pédiatre, famille, etc.), et qui en souffrent. Ils souhaitent – malgré la honte qui les habite – trouver des solutions pour éviter que la violence se répète et s’aggrave. L’accompagnement vise à permettre à ces parents de s’approprier ou de se réapproprier progressivement des compétences permettant de trouver des alternatives au recours à la violence. Le suivi va donc s’orienter vers la consolidation et la (re)construction des compétences parentales.

- Prise en charge contrainte :          
Elle concerne les parents dont les violences ont été repérées socialement et dont la gravité est telle qu’une mesure contraignante (civile ou pénale) leur est imposée. Dans un premier temps, la prise en charge vise faire prendre conscience aux parents du caractère illégal et inadéquat de leurs comportements. En parallèle, une forme de contrôle social tend à assurer la sécurité des enfants, dans certains cas par leur placement. Pour autant que les parents émettent une demande personnelle de changement, un accompagnement proche de celui qui est développé pour les parents « volontaires » est possible.

Pour aller plus loin :

R. Perrone et M. Nannini Violence et abus sexuels dans la famille, Paris : ESF, (1995) 2006.
N.B. Cet ouvrage est disponible à la bibliothèque de l’Observatoire 

6. Comment intervenir auprès de mineurs violents? 

En préambule, nous tenons à rappeler que la majorité des mineur·es ne manifeste pas de comportements violents. Si une partie des mineur·es a recours à la violence, c’est souvent parce qu’ils en ont été eux-mêmes ou elles-mêmes victime, notamment au sein de leur famille. La violence subie est donc un élément essentiel à prendre en compte, pour tenter de comprendre le basculement vers un passage à l’acte.

La réponse face à un·e jeune qui a recours à des comportements violents est donc double:

- une réponse normative qui le ramène à la loi, autant d’un point de vue « légal » que d’une compréhension plus psycho-dynamique (loi du père). Cette réponse est une conséquence directe et immédiate à son acte.

- une réponse éducative qui permet au jeune de réfléchir à ses comportements et au sens qu’il ou elle y donne. L’idée est favoriser le recours à des alternatives à la violence dans une approche plus compréhensive, par un travail un groupe thérapeutique par exemple.

Cette articulation entre la sanction et le soin est complexe, notamment en raison du rapport que  chacun·e a vis-à-vis de la violence, et du danger auquel les intervenant·es sont potentiellement confronté·es. Cette double réponse comporte le risque de se voir pris dans les pièges de l’urgence, de l’émotionnel et de la simplification. Pour qu’une réponse porte ses fruits sans engendrer de nouvelles violences, il est donc essentiel que les intervenant·es soient assur·es de leur propre sécurité.

Ensuite, l’intervention varie en fonction du contexte : le ou la jeune agit-il·elle seul ou en bande ?

- Avec un·e mineur·e seul·e : la création d’un lien avec le ou la jeune qui se montre violent·e favorise la mise en place d’une réponse et la protection de l’intervenant·e. S’il est important de se positionner clairement et condamner les actes du ou de la jeune, et non sa personne. Cette démarche est le fruit d’un processus et demande du temps, une ouverture minimale du ou de la jeune, un contexte favorable, etc. Toutes les mesures utiles devront être prises pour assurer sa propre sécurité et celle d’éventuels tiers. Si cette démarche ne peut être mise sur pied, l’intervention portera alors prioritairement sur l’aspect normatif de la réponse, quitte à utiliser le levier de la contrainte (et des effets néfastes qu’elle peut occasionner), pour développer dans un deuxième temps le volet éducatif de la réponse.

- Avec des mineur·es en bande : les enjeux se situent dans l’appartenance à un groupe de pairs, la reproduction de gestes connus dans la famille, la recherche d’une identité forte et du respect. L’identification et la loyauté au groupe rendent l’intervention plus complexe. Lors d’un racket ou d’une agression, l’intervention auprès d’une bande est perçue comme une attaque contre il faut se défendre. Il importe donc que les intervenant·es ne soient pas perçu·es comme des « étranger·ères » à la bande et/ou qu’ils ou elles en soient respecté·es. Si ce n’est pas le cas, la création du lien se fera après le rappel à la Loi, et sera du ressort des forces de l’ordre.

Dans tous les cas, l’intervention se concentrera d’abord sur le rappel à la Loi, qui interdit la violence. Pour limiter toute dangerosité et inefficacité, l’intervention (professionnelle ou citoyenne) ne doit pas être conduite par une personne isolée. L’intervention doit être soutenue par une institution (service spécialisé, police, autres témoins, etc.) qui lui assure sécurité et soutien nécessaires. 

7. Quel soutien pour les professionnel·les accompagnant les enfants maltraités ? 

Tout·e professionnel·le travaillent avec des enfants pourrait, un jour ou l’autre, être confronté·e à une situation de maltraitance. Cependant, nous constatons que peu de professionnel·les ont reçu de formation spécifique en lien avec cette problématique.

D’abord, une telle formation fournit des outils pour dépister les mauvais traitements. Quels sont les symptômes fréquemment manifestés par l'enfant maltraité, et ce, aussi d’un point de vue psychologique et comportemental ? Quels sont les indicateurs évocateurs de maltraitance liés au contexte familial ?

Ensuite, l’important est de ne pas rester seul. Se tourner vers ses collègues offre souvent un précieux soutien et des conseils avisés. Certaines institutions prévoient des procédures à suivre en cas de suspicion de mauvais traitements, ce qui permet de s’orienter face aux ressources disponibles à l’interne et dans le réseau. Si l’obligation de signaler existe dans le canton dans lequel on réside, certaines situations dans lesquelles un enfant apparaît comme étant en danger doivent être signalées auprès d’une autorité de protection de l’enfance (DGEJ pour le canton de Vaud, par ex.). Selon l’organisation interne et le niveau de responsabilités, le signalement est directement réalisé par le ou la professionnel·le, ou en passant par sa hiérarchie. Une bonne connaissance des lois et des procédures légales en matière de protection de l’enfance est donc essentielle.

Thérapeutes et intervenant·es en milieu socio-éducatif

Pour les professionnel·les exerçant un rôle thérapeutique ou socio-éducatif auprès de familles dites « maltraitantes », la prise en charge implique souvent une approche tri-focale :

  • la prise en charge individuelle de l'enfant
  • la prise en charge de la famille
  • la prise en charge par un service de protection de l’enfance (DGEJ), garant de la protection de l'enfant.

Si ces trois instances développent une collaboration au service de l’enfant, le système encadrant (composé des divers professionnel·les impliqué·es dans la situation) peut s'ajuster au système encadré (famille et enfant). Les effets de triangulations, typiques de ce type de situation, sont donc minimisés.

Une prise en charge adéquate des situations de maltraitance demande également une connaissance des mécanismes de défense chez l'enfant, dans la famille de ce dernier, ainsi que la reconnaissance de ses propres mécanismes de défense en tant que professionnel. Ceux-ci sont généralement puissants, impliquant par exemple une suractivité, une attitude « à la Zorro » ou, au contraire, une banalisation de la violence voire son déni.

Ici encore, en cas de confrontation à un enfant victime de mauvais traitements, un des premiers réflexes pour un·e intervenant·e travaillant en institution devrait être de se référer à sa hiérarchie. La mise en place de séances de supervision et de réunions d’équipes régulières aident à comprendre, à identifier et à se protéger des mécanismes très spécifiques à l’œuvre sans les situations de maltraitance. Par ailleurs, les entretiens de réseau permettent de ne pas rester seul·e et de s’accorder entre intervenant·es impliqué·es dans une même situation.

Enseignant·es

L’accompagnement pour un·e enseignant·e accueillant dans sa classe un enfant victime de mauvais traitements dépend souvent du lieu d’enseignement et du réseau existant. Avant tout, il ne faut pas rester seul·e face à son inconfort et ses questionnements. Il convient donc d’en avertir sa hiérarchie en cas de doutes. S’adresser à ses collègues peut également être une bonne ressource, dans un premier temps. On peut aussi se référer à l’infirmier·ère de l’école, qui aidera à évaluer les besoins, et proposera diverses ressources dans ou hors de l’école.

Dans certaines écoles, il existe des procédures d’accompagnement et/ou d’intervision en lien avec le service de psychologie scolaire et/ou le service de santé. Dans d’autres établissements, les demandes doivent être adressées à un membre de la direction. Il existe au sein de la Haute école pédagogique des groupes d’analyse de pratiques qui peuvent également apporter leur soutien dans ce genre de situation.

Formation, pour en savoir plus

8. Quelles sont les étapes du suivi d’une situation, suite à un signalement à la Direction générale de l'enfance et de la jeunesse (DGEJ, Vaud)?

Dans le canton de Vaud[1] lorsqu’une personne a connaissance d’une situation de maltraitance « dans l’exercice d’une profession, d’une charge ou d’une fonction en relation avec les mineur·es, elle a l’obligation de la signaler à la DGEJ et à la Justice de paix ». (https://www.vd.ch/themes/etat-droit-finances/communes/formation-jeunesse-culture-eglises/protection-des-mineurs-en-danger-dans-leur-developpement/). Pour ce faire, il existe un formulaire électronique.

La Direction générale de l'enfance et de la jeunesse (DGEJ, Vaud) commence par apprécier la demande d'aide ou le signalement. Il rassemble les informations et les avis qui lui permettront d'évaluer le degré de danger encouru par le ou la mineur·e, et la capacité des parents à y remédier. Cette démarche comprend au moins un contact avec la personne qui a effectué le signalement, un entretien avec le ou la mineur·e et ses parents (si possible à leur domicile), un contact avec un·e professionnel·le qui connaît bien l'enfant (médecin, enseignant·e, etc.), et, si nécessaire, un autre contact avec un·e professionnel·le ou une personne de l'entourage.

L'appréciation de la situation porte sur les difficultés et les ressources de l'enfant, ainsi que de sa famille. Elle s’étend entre 4 et 6 semaines, environ.

A la fin de cette démarche, la DGEJ peut émettre les conclusions suivantes :

- l'enfant ne court aucun danger, ou ses parents peuvent remédier à la situation.

- une action socio-éducative doit être mise en place, autant que possible avec la collaboration des parents.

- Si la collaboration avec les parents s’avère impossible, un mandat judiciaire peut être requis pour mener à bien l'action socio-éducative. On parle alors non plus d'une appréciation, mais d'une évaluation. La DGEJ remet ses conclusions à l'autorité judiciaire, sous la forme d'un rapport argumenté et de propositions de suivi.

Plus informations sur cette procédure se trouvent le site de la DGEJ

Brochure d’information

[1] Concernant les autres cantons : https://www.politiqueenfancejeunesse.ch

9. Dans une optique préventive, comment parler de la maltraitance avec des enfants ? 

En ce qui concerne les abus sexuels, la prévention cherche actuellement à renforcer chez les enfants une image protectrice des adultes. Les actions préventives tentent d’augmenter leurs capacités à être critiques, débrouillards, confiants en leurs ressources, et surtout de les inviter à communiquer avec les adultes au sujet de ce qu’ils vivent. Les programmes de prévention qui encourageaient les enfants à dénoncer les auteur·es de violences, ont montré leurs limites. En effet, les messages qui diminuent la confiance en l'adulte, surtout ceux qui le présentent comme un·e abuseur·e potentiel·le, ont des effets néfastes sur les enfants (par ex. peur et méfiance exagérées envers l’adulte). Etant donné que certains adolescent·es sont également des abuseur·es, des programmes de prévention de passage à l’acte devraient aussi être conçus pour cette population.

En ce qui concerne les autres types de maltraitance, le message principal consiste à indiquer aux enfants, en termes clairs et adaptés à âge, que certains actes ne sont ni normaux, ni tolérables, et qu'il faut en parler sans tarder, quel que soit l’auteur·e de ces actes. L'idée est de dire à l'enfant qu'il peut parler de ce qui lui arrive, même si l'on ne gardera pas le secret s'il s'agit de le protéger. En revanche, on va aider ses parents à ne pas répéter ces violences, ou à le protéger si les maltraitances ont lieu en dehors du milieu familial. On lui signale aussi l’existence de la Direction générale de l'enfance et de la jeunesse, qui peut intervenir si sa protection n'est plus assurée.

De façon générale, la prévention tend à renforcer la confiance de l’enfant en lui-même, pour lui permettre de mobiliser ses ressources personnelles et externes (confiance en des adultes protecteurs). Pour cela, on lui indique quel·les adultes peuvent l'aider dans son entourage familial et scolaire, et on lui communique le numéro 147, ligne d'aide pour les enfants, qu’il peut appeler en tous temps. On s'assure aussi qu’il ou elle sait ce qu’il ou elle pourrait faire, s'il ou elle lui arrivait quelque chose : peut-il·elle nommer quelqu’un de son entourage qu'il ou elle pourrait contacter? Concernant les enfants de plus de 12 ans, on leur indiquer le site généraliste www.ciao.ch ou www.telme.ch où ils·elles peuvent trouver de nombreuses informations sur la maltraitance, ainsi que sur la santé (physique et psychologique).

Idéalement, on devrait développer une prévention plus générale, adressée aussi bien aux enfants concernant leur protection et leur bien-être, qu'aux parents, à la population et aux professionnel·les de l’enfance. Une éducation de qualité et des parents avertis et soutenants sont les premières ressources des enfants pour se protéger de la maltraitance. Dans cette optique, il serait bon de mettre en place des actions de soutien pour les parents, qui peuvent se trouver submergés par une accumulation de difficultés, ou par un excès de sollicitations de tous ordres.

La prévention devrait favoriser activement les habiletés sociales des mineur·es. Les mots, des manières d’exprimer ce qui est ressenti, ce qu’il veut ou non, constituent un garde-fou important pour éviter à l’enfant de subir certains passages à l’acte.

10. Que dire des violences structurelles ou institutionnelles subies par les enfants?

Les mauvais traitements institutionnels sont des actes maltraitants perpétrés par des adultes oeuvrant au nom d’une institution. Ces institutions sont des structures organisées dont les missions, les actes, les décisions touchent des mineurs. Les lieux de vie des enfants (homes, foyers), les écoles publiques, structures d’enseignement spécialisé, centres de soins et prisons pour mineur·es peut être concernés, mais également les structures administratives (services sociaux, police, justice…) et les institutions religieuses ou sportives. Plus un enfant est en situation de dépendance dans ces contextes, plus il y a un risque de violence ou de mauvais traitements.

Les violences peuvent être de l’ordre d’abus physiques, psychologiques, sexuels ou relever de la négligence : non-respect des besoins (évolutifs) permettant un développement harmonieux de l’enfant.

Les professionnel·les travaillant en institution peuvent devenir maltraitant·es, par exemple lorsque :

- ils ou elles sont soumis·es à des idéologies ou des objectifs institutionnels inadaptés aux besoins de l’enfant,

- des loyautés internes entre acteur·trices empêchent les remises en question nécessaires des actions, ainsi que lorsque les déviances individuelles sont ignorées,

- un fonctionnement désincarné prend le pas sur le respect des besoins de l’enfant (lorsque la règle administrative interne prime, les enfants ne sont plus des interlocuteurs mais des « cas » à traiter),

- des conflits internes ou interinstitutionnels biaisent les décisions. Par exemple, lorsque le manque de coordination, les délais de décision, empêchent de mettre en place un cadre approprié et/ou de prendre les mesures nécessaires,

- les moyens et l’équipement institutionnel sont insuffisants et lorsque des rigidités structurelles se font sentir. Ces éléments peuvent conduire à des passages à l’acte émotionnels, des mécanismes de bouc-émissaire et d’exclusion, des mises à distance de l’environnement naturel ou des exigences d’adaptation trop importantes imposées aux enfants,

- l’institution souffre d’un manque de réflexion et de clarification concernant ses choix éthiques.

 

 

 

 

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