2019 - Mexique

PRATIQUES POPULAIRES DE L'ESPACE URBAIN ET RURAL (MEXIQUE)

Pratiques populaires de l’espace urbain et rural dans deux formes dévotionnelles du Mexique contemporain : les cultes de la Santa Muerte et du Seigneur de Chalma

 

Prof. Silvia Mancini

 

Mes recherches portant sur le Mexique prolongent un questionnement soulevé il y a plusieurs années sur la  relation à trois termes : efficacité symbolique, dispositif rituel, et états hypnotiques, relation envisagée dans le contexte de la religiosité populaire mexicaine étudiée aussi bien dans le cadre rural que urbain.  L’étape de la recherche effectuée en 2019 coïncidait avec le retour sur un premier terrain, réalisé en 2010, ayant pour objet  le pèlerinage vers un sanctuaire situé en l’État de Mexico, dans la zone  archéologique de Cuauhtinchàn, à une centaine de Km de Mexico City. Le lieu de culte est plongé dans un décor naturel profondément rural, presque sauvage. Depuis le XVIème siècle,  on vénère ici l’image d’un Christ Noir crucifié, le Señor de Chalma. Le sanctuaire est situé juste à l'ouest du centre-ville, sur une colline appelée Cerro de los Idolos, qui s'élève à 215 mètres au-dessus de Malinalco. 

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Il s’agit d’une région parsemée de grottes, habitée par des populations Nahuatl, le même groupe ethnique duquel les Mexicas ou Aztèques sont issus. Dans cette région, avant l’arrivée des Espagnols, un culte resté longtemps pratiqué, en l’honneur du dieu Oxtotéotl (le Seigneur obscur des grottes), probablement la personnification d’un aspect de Tezcatlipoca  divinité préhispanique aux traits d’un humain de couleur noir, crédité de pouvoirs thaumaturgiques.

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La recherche menée en 2019 avait pour but de brosser une première comparaison entre certaines pratiques correctives, de nature rituelle, déjà observées à Mexico City dans le cadre de deux cultes urbains (à savoir, d’une part, le culte de la Santa Muerte ainsi qu’une pratique non institutionnalisé, de type spiritualiste, à vocation thérapeutique); d’autre part, la ritualité, inscrite dans la dévotion formellement chrétienne mais destinée à assurer aux dévots des formes de protection ‘magique’ observées dans des zones de montagne ou dans les campagnes péri-urbaines. 

La comparaison a porté sur deux points particuliers : d’une part,  l’usage, de la part de dévots, de transporter avec soi, à l’instar d’un ‘double’ rituel,  l’image sacrée objet de culte jusqu’au centre où a lieu la célébration en l’honneur de celle-ci, d’une part; d’autre part, l’état psychique légèrement dissocié ou semi-hypnotique dans lequel plongent les acteurs de l’acte rituel efficace.  L’étude menée jusqu’ici sur le pèlerinage à Chalma a été abordée à partir de quatre aspects qui m’ont paru centraux dans cette pratique dévotionnelle. À savoir : a) la présence d’un substrat culturel autochtone, d’origine préchrétienne, à vocation thaumaturgique; b) la pérégrination réalisée en compagnie de l’image sacrée ; c) l’effort physique, assorti de mortifications corporelles associées souvent à l’usage de stimulants puissants (alcool, champignons hallucinogènes, marijuana) ; d) la présence de la musique et de la danse, censées contribuer à exaucer les requêtes des impétrants.

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