Veitch Amelia

La société contre la friche ? Abandon et remise en culture de terres agricoles : une étude anthropologique.

Sous la direction de M. Goodale, Université de Lausanne

 

Un inventaire récent du Département du Finistère estime à 60 000 hectares la surface agricole enfrichée sur son territoire, principalement concentrée en zone littorale. La commune de Moëlan-sur-mer, concernée par ce phénomène, a initié un projet de « reconquête » de l’usage agricole sur ses 600 hectares de friches. En activant un article désuet du Code rural, elle oblige plus de 400 propriétaires à remettre en culture leurs 1251 parcelles cadastrales abandonnées, permettant à cinq exploitations de s’y installer en agriculture biologique. Une expérience inédite à forte dimension citoyenne, débattue et médiatisée, reconduite cette année pour deux nouveaux agriculteurs.

 

Cette thèse, conjuguant l’anthropologie environnementale avec le champ interdisciplinaire des études multi-espèces, examinera le mouvement contemporain de remise en culture de friches littorales. Elle s’appuiera sur trois terrains d’enquête ethnographiques complémentaires : le principal est le projet de « reconquête » mené par Moëlan. Le second se déploie à l’échelle régionale auprès d’un réseau d’agriculteurs exploitant des végétations dites « semi-naturelles ». Le troisième est l’espace de gouvernance où des acteurs institutionnels dominants et émergents négocient les conditions de possibilité et la reproductibilité d’une telle expérience.

 

Dans une région marquée par l’agriculture intensive et la dégradation des milieux marins et littoraux, les friches littorales deviennent un enjeu politique et symbolique primordial. Mobilisant des partenariats avec les acteurs de terrain et des collaborations avec des spécialistes des mondes agricoles et littoraux, cette recherche propose une lecture polyphonique de ces espaces qui mettent à l’épreuve des tentatives d’articulation entre littoralité, naturalité et relocalisation de la production alimentaire, à l’aune d’un questionnement sur la légitimité des interventions humaines sur l’environnement.

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