Le plus ancien comportement social

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Il y a 480 millions d'années, des arthropodes marins se déplaçaient en processions comme le prouve un spécimen du Musée cantonal de géologie à Lausanne

Une publication récente dans Nature Scientific Reports démontre que les Ampyx se déplaçaient en file indienne, à l'instar des langoustes ou des chenilles processionnaires. Les Ampyx sont des trilobites, une branche marine des arthropodes éteinte à la fin de l'ère primaire, ressemblant à certains crustacés actuels. Une des particularités des Ampyx est l'absence d'yeux compensée par trois longs appendices, deux sur les côtés et un sur l'avant. Ces appendices creux jouaient probablement un rôle tactile et sensoriel.

Certaines de ces processions furent ensevelies par avalanches de boue sous-marine figeant à jamais cet instantané de vie sous la forme de fossiles. La découverte en 2008 d'une telle plaque fossilifère dans le sud du Maroc a fortement intrigué Robin Marchant, conservateur au Musée cantonal de géologie. Une publication scientifique avait déjà mentionné des alignements d'Ampyx mais les avait interprétés comme le résultat de l'action des vagues sur les ridules du fond marin qui aurait aligné des carcasses de trilobites. Peu convaincu par cette explication mécanique, le chercheur lausannois a accumulé une base d'images d'autres processions d'Ampyx, principalement sur des sites de ventes sur internet et dans des bourses aux fossiles. A la bourse de Lausanne, il put acquérir une plaque avec la plus longue procession connue comptant 22 individus alignés. Avec l'aide de paléontologues français et marocains, les recherches ont pu être approfondies et ont clairement démontré qu'il s'agit bel et bien d'un comportement collectif, le plus ancien qui ait pu être prouvé.

L'environnement dans lequel évoluaient ces Ampyx il y 480 millions d'années rappelle fortement la mer actuelle des Caraïbes, où à l'approche de la saison froide et des tempêtes, les langoustes migrent en file indienne vers les profondeurs pour aller se reproduire dans des milieux plus calmes. 

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L'article scientifique dans Nature Scientific Reports

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Université de Lausanne