"Usages" filmiques de la Cène de Leonard de Vinci

Section de l'exposition "The Mind of Leonardo" à la galerie des Offices

Du 28 mars 2006 au 7 janvier 2007 s'est tenue à la galerie des Offices de Florence une exposition consacrée à l'oeuvre et aux recherches de Léonard de Vinci intitulée «The Mind of Leonardo. The Universal Genius at Work» (voir http://brunelleschi.imss.fi.it/menteleonardo). Or l'une des salles (numérotée V.8 et portant le titre « Motions of the Mind ») fut dédiée à un sujet qui concerne précisément notre étude intermédiale des « usages de Jésus » : à côté d'une projection sur une vaste surface d'une analyse de la Cène de Vinci, de plus petits écrans présentaient des films qui s'inspirent de cette célébrissime représentation picturale - d'autant plus connue après la sortie en librairie puis dans les salles du Da Vinci Code, qui s'est accompagnée de quantité de productions périphériques à fonction commentative ayant conduit à raviver l'intérêt du grand public pour cette oeuvre de l'artiste italien.

Ainsi a-t-on pu voir notamment les 70 images résultant de la décomposition de la Cène par Konstantin Pepinaskvili, étudiant d'Eisenstein qui, en 1934, effectua sur la proposition de ce dernier un travail de dynamisation de l'image fixe grâce au montage cinématographique. Un autre moniteur présentait cinq séquences de Sainte Cène (« On the Set of the Last Supper ») extraites de films dont l'action se référant implicitement ou explicitement à Jésus est située à l'époque évangélique (Vie et Passion du Christ de Ferdinand Zecca, 1902 et Cristo de Giulio C. Antamoro, 1916), transposée au XXe siècle (Jesus Christ Superstar de Norman Jewison, 1973) ou même détournée à des fins parodiques (Viridiana de Luis Bunuel, 1961 et Mamma Roma de Pasolini, 1962). Il s'avère en effet que certains traits de la représentation, hérités de l'oeuvre de Léonard de Vinci, sont récurrents, notamment la frontalité de la composition, l'apparence de la table et, dans une certaine mesure, la disposition des convives. L'un des films mérite selon nous un commentaire plus détaillé en raison de sa rareté : il s'agit de celui d'Antamoro, réalisé la même année qu'Intolérance de Griffith (voir l'article d'Alain Boillat, rubrique "cinéma" de ce site).

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