Thèses en cours
Hervé Gonzalez : Guerre et prophétie en Judée à l’époque ptolémaïque. Une étude littéraire et socio-historique de Zacharie 9-14
Ma thèse porte sur les chapitres 9-14 du livre de Zacharie, un des derniers livres prophétiques de la Bible hébraïque. Je m’intéresse plus particulièrement à la façon dont le thème de la guerre s’y déploie. Mon hypothèse principale est que cette section du livre de Zacharie est rédigée tout au long de l’époque ptolémaïque (fin du 4ème et 3ème s. av. n. è) et reflète les changements significatifs liés à cette période, notamment les conflits importants entre l’Egypte et la Syrie qui prennent place dans le Levant, les modification de politique administrative par les souverains ptoléméens et l’accroissement de l’influence de la culture grecque. Cette hypothèse permet d’expliquer au mieux la forme et le contenu de Za 9-14 dans le contexte de la littérature prophétique et plus particulièrement des douze prophètes. De plus, elle permet aussi de porter un nouveau regard sur cette période peu connue de l’histoire de la Judée.
Pascaline Maze-Sencier : La signification de Genèse 14
Sa configuration, son intention, sa transmission, et ses techniques de leur mise en action
Le chapitre 14 du livre de la Genèse est un texte hors du commun. Atypique et complexe.
On y découvre en effet un patriarche Abraham intervenant manu militari contre d’impressionnants rois mésopotamiens, eux-mêmes défendant une position hégémonique contre des roitelets cananéens récalcitrants, belligérants uniques en leur genre donc tous pris dans des conflits d’intérêts désaccordés qui interrogent. Or, si faire la guerre, et en ressortir, de surcroît, victorieux, apparaît déjà en soi surprenant et suffisamment préoccupant dans une histoire sous tendue par un tropisme de la postérité, c’est bien inclusivement le pourquoi faire qu’il s’agirait de cerner.
Par conséquent, ma thèse se propose de tenter d’élucider ce texte vétérotestamentaire laissé un peu à part, ce qui devrait en même temps permettre d’éclairer les raisons de cette subtile mise à l’écart.
Car dégager une architecture du sens du texte de Gn 14, c’est doter d’une pierre de construction incontournable de fait un cycle abrahamique demeuré relativement encore obscur à cet endroit. Un redimensionnement, donc, une récapitulation d’une figure identitaire majeure de la bible hébraïque.
Or, dans l’idéal, à texte unique, méthodologie identique. Deux choix s’avèrent dès lors possibles : soit inventer une méthode pour le texte de Gn 14, ce qui demeure tout à fait risqué, soit suivre rigoureusement une démarche « classique », toutefois vite soporifique. Alors c’est finalement l’un et l’autre que l’on choisira ici, de façon à ce que, d’une part, libéré de soucis de méthodologie fondamentaux, il s’avère loisible de rester autant que faire se peut au service du texte, et que, d’autre part, il apparaisse possible de laisser le récit se dévoiler sans plaquer par avance des spéculations tendant à le forcer. Un laisser-être de l’écrit tel qu’il voudra bien s’ouvrir, dans un souci de respect et d’épure – a fortiori lorsqu’il s’agit d’un texte qui constitue « un monde en soi » (von Rad).
Ainsi, dès la critique textuelle, on peut remarquer que le chapitre entretient de façon remarquable un dialogue continu avec un écrit qumrânien (1QapGen). Par une étude concomitante des deux textes, il semblerait alors possible de relever de sérieux indices quant à la datation du texte biblique, son auteur, l’intention fondamentale et la théologie de ce dernier.
Toutefois, au regard de la densité des écrits, c’est peut-être plutôt des datations, des auteurs et des théologies qu’il va s’agir de traiter, puis d’articuler.
Pour ce faire, la progression intellectuelle s’appuiera sur une structure articulée en six points :
1. La critique textuelle de Gn 14
2. Une étude comparative de Gn 14 et de l’Ap Gen
3. L’analyse narrative de Gn 14
4. La recherche de la forme, du genre et des traditions
5. L’analyse rédactionnelle
6. L’interprétation
Fort de cela, le texte de Gn 14 révèlerait des effets miroirs, avec embellissements et caricatures, entre attractions et répulsions, alliances et oppositions, au service, certainement, d’un enjeu identitaire fondateur, travaillé dans un contexte particulier qui pouvait faire reculer l’accessibilité à une tradition patriarcale structurante.
Fabian Pfitzmann: Les origines du dieu YHWH
Ma recherche de doctorat reprend la question des origines du dieu YHWH. Depuis plus d’un siècle, il existe une hypothèse insuffisamment fondée dans la recherche vétérotestamentaire, selon laquelle YHWH serait originaire du Sud, peut-être du désert édomite. Il faut dire, néanmoins, que les origines exactes de YHWH sont restées assez énigmatiques et la recherche reste imprécise sur beaucoup de points. En effet, cette origine est difficilement « articulable » aux autres origines de YHWH affirmées dans l’Ancien Testament. Si YHWH est une divinité qui provient du Sud quel lien existe-il entre cette origine et le cycle de l’exode ? Et comment YHWH est-il venu jusqu’en Israël pour finalement prendre le dessus sur d’autres divinités ?
Ma méthode pour mener à bien ma recherche est la suivante :
1) l’exégèse de 4 textes poétiques qui se trouvent hors du Pentateuque et qui affirment une origine sudiste de YHWH : Jg 5,4-5 ; Dt 33,2 ; Hab 3,3 et Ps 68,8-9. Ces textes forment une tradition à part, indépendante du cycle du Sinaï, cycle dont la vieille datation a été mise à mal ces dernières années.
2) l’exégèse d’Ex 2-4.18* qui s’insère difficilement dans le cycle de l’exode et qui situe l’origine du YHWH biblique à Madian hors d’Israël, dans un lieu différent du Sinaï et de l’Egypte. La question du lien de ces textes avec le cycle de l’exode est donc aussi traitée ici.
3) Les sources extra-bibiliques qui attestent les premières mentions de YHWH hors d’Israël.
Teresa Scarso : The relationship between Moses and Elijah in the Ancient Judaism
In my research I treat about Moses and Elijah in Qumran and in Rabbinic thought.
The discoveries of Qumran manuscripts have opened new horizons and they raise new questions on Ancient Judaism. The careful study of the non-biblical Qumran manuscripts allows one a new understanding of the functions and roles of Moses and Elijah.
While in Qumran these two figures seem intersect, in Rabbinic writings they are complementary and with a lot of similarities as in the biblical texts or if they are in competition.
Behind these conclusions, I search to identify tension between intellectual and/or social milieus and to find the theological issues of such presentations in the texts.
Andrey Vinogradov : les Actes d'André et de Matthias dans la ville des anthropophages
Le travail de thèse porte sur les Actes d'André et de Matthias dans la ville des anthropophages, un texte daté généralement du début du Ve siècle, étiqueté « apocryphe » et pourtant très populaire tout au long de l'Antiquité tardive et du Moyen Age. Mais actuellement ce récit est tout juste connu des seuls spécialistes et encore est-il largement négligé par les chercheurs jusqu’à aujourd’hui. La recherche se déploiera dans deux champs.
Le premier sera l'étude du texte grec, à travers sa tradition manuscrite, ses remaniements et ses traductions dans les différentes langues du monde chrétien (copte, arabe, éthiopien, syriaque, arménien, géorgien, latin, slavon, vieil anglais). Cette étude aura pour but la reconstruction d’un texte aussi proche que possible de l’original supposé et son édition critique.
Le second aspect de la recherche donnera lieu à la rédaction de notes de commentaire de l’œuvre, selon deux axes principaux. Il s’agira, d’une part, d’analyser les principaux thèmes, les idées théologiques, les motifs et autres realia ainsi que les éventuels fronts polémiques dans l’espoir de pouvoir trancher l'épineuse question du contexte historique de production de ce texte (Scythie ou Egypte). Il conviendra d’examiner, d’autre part, les traditions que ce récit partage avec d’autres textes, relatifs à l’apôtre André notamment, de manière à pouvoir déterminer sa place dans la littérature apocryphe chrétienne et plus largement au sein de la littérature chrétienne ancienne.