L’école traitera des arts et des techniques. Comment penser la dimension corporelle ou machinique d’une œuvre avec sa dimension esthétique et spéculative ? Où réside l’aspect poïétique d’un artefact, d’un geste technique ? Exposés des travaux en cours, discussions, conférences pluridisciplinaires, atelier de traduction, activités culturelles envisageront tous les médiums sur une période historique longue.
Le suivi des sessions est réservé aux étudiant·es retenu·es pour l'école d'été. Pour toute demande autre, veuillez contacter au préalable les organisatrices.
Carole Maigné, Université de Lausanne
Carole Maigné est professeure ordinaire de philosophie générale et systématique à l’Université de Lausanne. Ses recherches portent sur les philosophies allemande et autrichienne des 19e et 20e siècles. Elle s’intéresse tout particulièrement à la philosophie de la culture (Warburg, Kracauer, Cassirer), à l’esthétique de la photographie et à la philosophie de l’art (formalisme esthétique, école viennoise d’histoire de l’art, Wölfflin, Klein). Elle a publié récemment : Philosophie de la culture. Textes clés (avec Matthieu Amat, Vrin, 2022), dirigé les dossiers « Austrian Herbartism », Meinong Studien / Studies (2021) et « Philosophie de la photographie », Archives de Philosophie (2022) et co-dirigé (avec Enno Rudolph et Magnus Schlette) le dossier « Logos », Zeitschrift für Kulturphilosophie (2020).
Audrey Rieber, École normale supérieure de Lyon
Audrey Rieber est Maîtresse de Conférences HDR en philosophie à l’ENS de Lyon et membre du laboratoire de recherche IHRIM UMR 5317. Ses recherches portent sur l’esthétique et la philosophie de l’art, notamment sur les questions de forme, d’image, de symbole et d’historicité. Cette réflexion philosophique se nourrit des apports théoriques et méthodologiques d’autres champs qui ont connu un développement original dans le domaine germanophone : histoire de l’art, science de l’art (Kunstwissenschaft), science de l’image (Bildwissenschaft), science de la culture (Kulturwissenschaft), science des médias (Medienwissenschaft). Liste des publications disponible sur : http://ihrim.ens-lyon.fr/auteur/rieber-audrey
Martin Rueff, Université de Genève
Martin Rueff est professeur ordinaire en Littérature moderne à l’Université de Genève ; il dirige le projet FNS Synergia « Herméneutique des Lumières » (https://www.unige.ch/hdl/). Traducteur de l’italien, éditeur de Pavese, de Lévi-Strauss, de Foucault, il a publié une œuvre poétique importante : Icare crie dans un ciel de craie, La jonction.
Philippe Despoix, Université de Montréal
Philippe Despoix est professeur de Littérature comparée à l'Université de Montréal ; il a dirigé la revue Intermédialités / Intermediality et le projet « The Warburg Library Network » au Centre de recherches intermédiales sur les arts, les lettres et les techniques dont il est membre. Paraîtra en 2023 : KBW – La bibliothèque Warburg, laboratoire de pensée intermédiale aux Presses du réel.
Benoît Turquety, Université de Lausanne
Benoît Turquety est professeur à l’Université de Lausanne en section d’histoire et esthétique du cinéma. Il dirige un projet FNS « Nagra. Histoire du cinéma et archéologie des médias sonores en suisse ». Spécialiste des cinéastes Danièle Huillet et Jean-Marie Straub, il vient de publier : Politiques de la technicité - Corps, mondes et médias avec Gilbert Simondon, Mimesis, 2022.
Cette école d’été s’adresse à des doctorants et postdoctorants en philosophie. Elle vise également des jeunes chercheurs en arts et en histoire de l’art, en histoire de la culture, en littérature, en études germaniques ou encore en études cinématographiques s’ils souhaitent interroger philosophiquement leur objet de recherche. L’appel à candidature est international.
S’interroger sur les rapports entre les arts et les techniques constitue en un sens une question philosophique classique dont les grands jalons théoriques et historiques sont connus : des réflexions antiques sur la τέχνη, antérieures au partage moderne entre les arts et les techniques, jusqu’à la séparation, à la Renaissance, des arts libéraux et des arts mécaniques, c’est-à-dire à l’autonomisation d’un champ culturel spécifique que sont les beaux-arts. Le développement, à partir du milieu du XVIIIe siècle, d’une discipline prenant spécifiquement le bel art pour objet pérennise cette séparation. Dans l’article « Esthétique » (1845) que Charles Bénard rédige pour le Dictionnaire des sciences philosophiques, article qui consacre l’entrée du terme d’ « esthétique » dans le vocabulaire philosophique français, on lit : « La partie technique de l’art elle-même, la seule qui puisse s’enseigner, n’est pas du ressort de la philosophie. La philosophie, on ne saurait trop le répéter, aspire avant tout à connaître et à comprendre […] ». Bénard veut dire par là que le philosophe n’a pas à expliquer à l’artiste, à l’architecte comment procéder, ce en quoi il a raison, mais il convient bien au contraire d’intégrer l’élément technique à la spéculation. Ceci afin de réfléchir avec acuité sur la production et la réception de l’art et des arts, et penser leur articulation au corps, au matériau ou encore au geste. La prise en compte philosophique de la technique s’impose avec l’avènement de la société industrielle et technique, au courant du XIXe siècle, et l’apparition de la photographie, du cinéma, puis, constituant sûrement un nouveau paradigme, du numérique. L’enjeu de l’école d’été vise toutefois à penser ensemble les arts et les techniques en se détachant en partie de ce « grand récit ». Par exemple, s’il est exact de soutenir que, pour des raisons sociales, économiques, intellectuelles, la Renaissance voit se séparer le domaine des techniques de celui des beaux-arts, le problème théorique de leurs rapports subsiste. Comment penser ensemble, dans une œuvre d’art, sa dimension manuelle, artisanale et sa dimension esthétique et spéculative ? Où réside la dimension poïétique d’un artefact ? Beaucoup d’artistes, se revendiquant artisans et techniciens, rédigent des traités techniques sur la théorie des proportions, le dessin ou encore la perspective. Ainsi, que la photographie, le cinéma et le numérique posent des problèmes spécifiques et inédits ne signifie pas que la question de la technique ne se pose de nouveau qu’au XIXe siècle, où elle se résorberait dans la question des technologies et des appareillages.
Afin d’envisager la question des arts et des techniques dans tout son ampleur, la discussion ne se limitera pas aux productions dites « média-techniques » (Kittler) que sont la photographie, le cinéma, la télévision et l’ordinateur, même si elles reconfigurent la façon dont est pensé le sensible. Les réflexions sur la littérature (notamment la poésie), la musique, les beaux-arts (peinture, sculpture, architecture, art des jardins), les arts de la scène, de la danse, le design, les théories de l’ornement seront considérées avec intérêt. Seront accueillies des propositions issues de différents horizons philosophiques (idéalisme, formalisme, structuralisme, phénoménologie) ou à l’intersection entre philosophie, Kunstwissenschaft, Bildwissenschaft, anthropologie, théorie des médias, et, bien sûr, histoire des techniques. Benjamin, Kracauer, Leroi-Gourhan, Simondon et, de manière plus contemporaine, Latour ou Stiegler pourront être d’utiles points de référence communs à la discussion, mais aucune référence n’est imposée. Enfin, on sera sensible aux difficultés méthodologiques posées par la prise en compte de la technicité des artefacts étudiés ou des corpus textuels considérés, des traités d’architecture aux manuels infographiques en passant par la littérature musicologique. Jusqu’à quel point un philosophe, à l’exigence « spéculative » aurait dit Bénard, doit-il entrer dans la connaissance technique de l’objet qu’il étudie, qu’il s’agisse d’une gravure, d’une sonate, d’un bâtiment ou d’un film ?
L’école d’été en esthétique et philosophie de l’art offrira aux participants la possibilité de travailler de manière intensive au thème annuel à partir d’une méthodologie plurielle car internationale. Une dimension interdisciplinaire permettra aux jeunes chercheurs de mesurer et déplacer leurs méthodes de travail. Chacun sera amené à s’impliquer de manière active pendant la semaine de travail, afin de rompre une situation d’apprentissage passive. L’école d’été aidera ces jeunes chercheurs à constituer leurs réseaux, en se voulant résolument internationale quant au choix des participants (enseignants et étudiants) comme des méthodologies.
Chaque participant est invité à présenter son travail de recherche en cours (travail de thèse, article en cours de rédaction, traduction en cours de réalisation) sous l’angle des arts et des techniques. Outre une conférence inaugurale des organisatrices, le travail commun sera enrichi d’une table ronde avec Carole Maigné (philosophie, Unil) et Benoît Turquety (études cinématographiques, Unil) autour de Simondon. Deux conférences plénières (conférence longue suivie de discussion), l’une avec Martin Rueff (langue et littérature françaises, Genève), l’autre avec Philippe Despoix (littérature comparée, Montréal) sont organisées. Une demi-journée sera consacrée à un atelier de traduction prenant le français, l’allemand et l’anglais pour langues de travail. Des activités culturelles qui permettront de développer la réflexion dans des institutions muséales, devant les œuvres et avec des spécialistes, sont prévues à Genève et à Lausanne.
La langue de travail principale est le français. Des exposés peuvent être tenus en anglais à condition que les étudiants aient une très bonne compréhension passive du français.
L’école d’été en esthétique et philosophie de l’art se fixe comme but d’offrir aux étudiants les possibilités suivantes :
Le prix comprend :
L’hébergement peut être pris en charge, sous réserve de places disponibles. Veuillez nous indiquer si vous avez besoin d’un hébergement lors du dépôt de votre candidature, dans la section « Remarques ».
Les étudiants intéressés sont priés d’ajouter ces documents lors de leur inscription :
Lorsque votre dossier est complet, merci de sélectionner l’option “soumis” qui se trouve dans la colonne “Statut dossier”. Votre candidature sera alors examinée par les responsables académiques de l’école d’été. Les candidat·es sélectionné·es seront invité·es à payer les frais d’inscription à la suite de l’approbation de leur candidature. L’inscription sera confirmée après réception du paiement.
Le délai de candidature est fixé au 3 avril 2023.
Cette école d’été est organisée en collaboration avec l’École normale supérieure de Lyon et de l’Institut d’Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités (IHRIM UMR 5313).