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Au Sénégal, presque dix années après l’adoption d’une loi pénalisant l’excision, le constat demeure que cette pratique se poursuit toujours dans certains milieux. Une telle situation traduit manifestement un problème d’adéquation entre la loi et la réalité concrète. Le processus juridique et politique qui a conduit à la pénalisation de l’excision semble être, à cet égard, une piste intéressante à explorer. Il est opportun de se demander si ce processus n’a pas procédé d’une perspective faussée.
En observant les actions de lutte contre l’excision, il apparaît que les arguments qui soutiennent la pénalisation de l’excision se construisent principalement autour de deux thématiques, à savoir l’argument sanitaire et l’argument de l’intégrité physique. Or, ces deux catégories d’arguments connaissent chacune leur faiblesse quant à l’éradication complète de la pratique. En effet, la santé laisse place à des suggestions de médicalisation de la pratique, et l’intégrité physique, elle, est nuancée par la non remise en cause d’un ensemble d’actes de marquage du corps (scarification, piercings etc.). D’où l’intérêt d’étudier les enjeux et perspectives de l’abord de la pénalisation de l’excision sous l’angle de l’atteinte aux droits sexuels.