Français
Les grossesses avec abus de substances (alcool, tabac et autres drogues légales ou illégales) sont devenues, depuis une dizaine d'années, un véritable enjeu de santé publique, faisant l'objet de campagnes de prévention. Toutefois, ces grossesses toxicomanes ne sont pas nombreuses d'un point de vue statistique. Un phénomène somme toute marginal mais qui apparaît aujourd'hui comme un problème social, largement médiatisé. Ce travail de thèse vise à retracer la genèse de ce phénomène comme question sociale, médicale et politique en combinant les perspectives théoriques et méthodologiques des études genre et des études sociales des sciences. L'analyse sera centrée sur les pratiques et les discours, en somme sur les dispositifs matériels (du dépistage à la prise en charge médicale) qui objectivent les grossesses à risque et constituent dans le même temps des technologies de subjectivation. La construction des grossesses à risque comme nouveau problème fournira une clé d'entrée pour explorer la question de l'expérience vécue en lien avec la médicalisation et la sexuation des corps des femmes toxicodépendantes.