Sous la direction de Marta Roca Escoda et co-direction d'Annick Anchisi
La pauvreté vécue par les personnes âgées en Suisse reste peu documentée. Pourtant, les inégalités sont multiples, qu’elles soient liées aux catégories d’âge, de classe, de race et de genre. Vieillir sous-tend l’expérience de transformations corporelles multiples. Vivre en-dessous du seuil de pauvreté implique de devoir trouver des moyens pour subvenir aux nécessités vitales : boire, manger, se protéger, se soigner. Le corps est mis à l’épreuve : travailler, mendier, chercher un abri, faire face à diverses atteintes. Cette thèse a pour objectifs d’interroger les effets de la pauvreté sur les corps et la santé des personnes âgées et de questionner les différentes formes de résistance, tactiques ou ruses des un.es et des autres en situation de pauvreté pour échapper aux stigmates qui leur sont assignés.
Pour cela, nous nous intéresserons aux usager.ère.s d’une association caritative qui distribue des repas chauds gratuitement tous les soirs de l’année dans une ville en Suisse romande. Dans ce cas, l’ethnographie est la méthode privilégiée. Le terrain a été négocié sous forme d’engagement bénévole. Dans une perspective itérative, l’analyse croisera des observations participantes et non participantes, la tenue de carnets de bord, des entretiens formels et informels avec des usager.ère.s, des bénévoles et des professionnel.le.s, des documents internes et des photographies. Des entretiens seront également menés avec des responsables de l’action sociale. Ce terrain d’enquête visibilisera la question de la vieillesse pauvre du point de vue microsociale(interactions), méso et macrosocial (institutions, dispositifs et politiques sociales).
Sous la direction de Marta Roca Escoda et Francesco Panese
Ma recherche porte sur les enjeux éthiques liés aux évolutions récentes des dispositifs de prise en charge des patients cérébrolésés en phase aigüe d'hospitalisation. Depuis une dizaine d'années, du fait de l'évolution de la médecine intensive, de la radiologie interventionnelle et de la neurochirurgie, on assiste en effet à l'émergence d'une nouvelle figure médicale : le patient en éveil de coma qu'il s'agit de réhabiliter dès la phase aigüe d'hospitalisation. En Suisse, des stroke center, des stroke unit, des unités de neuro-rééducation aigüe ainsi que des filières de prise en charge sont ainsi mises sur pied afin d'identifier et de répondre aux besoins spécifiques de ce type de patient. Or, malgré les évolutions scientifiques et technologiques, les professionnels, les patients et les proches vivent dans l'expectative des séquelles neurologiques, du potentiel de récupération et des complications pouvant advenir en cours d'hospitalisation. Dans ce contexte, je mène une ethnographie dans l'unité interdisciplinaire de neuro-rééducation aigüe du CHUV de Lausanne. Dans ce cadre, je m'intéresse plus précisément à la façon dont les interactions entre les professionnels, les patients, les familles et le dispositif sociotechnique façonnent les évènements et rythment les prises de décision. Favorisant une approche pragmatique et phénoménologique, je m'attache à décrire la façon dont le travail clinique construit la réalité et constitue la base tangible à partir de laquelle les professionnels jugent du bien-fondé de ce qu'ils font en cheminant collectivement dans l'incertitude. En m'attachant à décrire le travail quotidien des professionnels, mon objectif consiste ainsi à explorer les conditions de l'éthique en train de se faire.