Belles et utiles pierres de chez nous

Plaquette de l'exposition temporaire du 14 janvier au 21 mars 1999 à l'Espace Arlaud.

Introduction

Depuis la plus haute antiquité, l'homme a appris à extraire et à façonner la pierre naturelle. La région lémanique et ses alentours sont bien placés de ce point de vue. En effet, entre la chaîne des Alpes, le Moyen-Pays et le Jura existe un grand choix de matériaux rocheux. Ceux-ci ont servi aussi bien à la construction de murs, d'habitations, de bassins de fontaines qu'à la décoration intérieure. L'exposition montre au moyen de photographies, de documents et d'objets la variété des matériaux pierreux, leur extraction et leur utilisation au cours des âges.

Une carrière romaine

Il est particulièrement délicat d'attribuer aux romains l'exploitation de telle ou telle carrière en Suisse romande. Les techniques d'exploitation au pic, qui laissent des traces obliques et parallèles dans la roche et l'utilisation de coins de fer (ou de bois?) pour soulever les blocs étaient en effet identiques dans l'Antiquité et au Moyen Age par exemple.

La carrière de la Raisse localisée sur le territoire de la commune de Concise (VD) représente une ancienne exploitation romaine. Le calcaire est blanc, riche en débris de coquilles fossiles. Les terrains datent du Crétacé inférieur (entre 113 et 117 millions d'années) et sont typiques de la formation du "calcaire urgonien" déposé en mer chaude peu profonde. Il est intéressant de noter que la plupart des colonnes et bas-reliefs romains d'Avenches sont sculptés dans le même type de roche. C'est évidemment un fort argument pour supposer une exploitation antique de la carrière.

Les fontaines des villages vaudois

Les premières fontaines en pierre commencèrent à se répandre dans le pays de Vaud au cours du XVIIIe siècle. Il s'agissait de beaux bassins polygonaux comme à la Sarraz (1723).

Avec l'année 1790 commence l'âge d'or des fontaines en pierre du canton. Nos villages vont s'enrichir de centaines de bassins en calcaire du Jura, en granite ou en "marbre" de Saint-Triphon. Une des raisons qui poussaient les communes à faire des dépenses pour ces bassins c'était la hantise des incendies. Les gens vivaient dans la crainte constante de manquer d'eau.

Avec le XIXe siècle, l'activité des carriers va connaître un essor extraordinaire. Chaque commune veut avoir son bassin de pierre.

Les marbres du Chablais vaudois

On ne se doute guère, en général, de la richesse du canton de Vaud en diverses variétés de "marbres", en réalité des calcaires de couleurs et de structures très différents.

Le "marbre" de la Tinière, est un calcaire noduleux dont la couleur varie du rouge au brun verdâtre ou au violet. On l'utilise comme décor de cheminée. Le "marbre" d'Arvel est un calcaire échinodermique (à débris d'animaux fossiles proches des oursins) gris-noir ou rosé servant de pierre de construction ou de décoration.  Le "marbre" de Roche ou de Truchefardel est le plus spectaculaire et a été exporté dans plusieurs pays européens. C'est un calcaire multicolore ou domine la teinte rouge à côté du gris, du blanc et du jaune. Il est utilisé pour la décoration en particulier des églises catholiques. Le "marbre" du Châble rouge près d'Yvorne était aussi très prisé pour la décoration intérieure. C'est un calcaire rouge vif traversé de nombreuses veines de calcite blanche. Enfin le "marbre" de Saint-Triphon est un calcaire foncé qui devient noir après sciage et polissage. Il était utilisé pour la décoration mais aussi pour la construction de murs ou de bassins de fontaines.

La molasse pierre de construction

La molasse est un terme général qui désigne plusieurs types de roches que l'on trouve chez nous sur le plateau ou Moyen Pays. Ces roches étaient à l'origine des sédiments sableux dont les dépôts dans des lacs ou des vallées fluviales ont débuté il y a  environ 25 millions d'années. Ces dépôts se sont poursuivis dans une mer au pied des Alpes naissantes entre 15 et 20 millions d'années. La molasse fluviatile est la plus commune, elle est utilisée en abondance comme pierre de construction à Lausanne et dans les villages vaudois. C'est un ancien sable riche en quartz et en éléments calcaires (débris de coquilles d'organismes fossiles) cimentés par une pâte argileuse et calcaire. Le tout forme une roche grenue assez tendre et perméable, qui résiste mal à l'érosion et en particulier au gel. Il suffit de regarder l'état des murs du château ou de la cathédrale de Lausanne pour s'en rendre compte. D'anciennes carrières sont encore visibles en ville de Lausanne, notamment à Sauvabelin.

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Par Michel Septfontaine

Photographies de Stefan Ansermet

48 pages dont 38 illustrations en couleur et en noir/blanc.

ISBN 2-9700149-1-2
 

Epuisé

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Université de Lausanne