Vincent Capt

Vincent Capt


« Il ne faut pas hésiter à discuter autour de soi des éventuelles possibilités et à entretenir ses contacts malgré l’isolement que peut procurer la rédaction d’une thèse de doctorat. C’est par ces échanges informels que l’on peut être mis au courant d’un poste ou de certaines attentes. »  

 

10052021_Vincent_Capt_photo.jpgVincent Capt a obtenu en 2012 son doctorat ès Lettres à l’UNIL, en cotutelle avec l’Université Paris 8. Il travaille depuis 2016 à la Haute école pédagogique du canton de Vaud, où il a été nommé professeur associé en didactique du français en août 2020.

 

Titre de la thèse : La Manie épistolaire. D'une analyse textuelle à une poétique des lettres asilaires conservées à la Collection de l'Art Brut.

 

GC : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

VC : Je travaille depuis 2016 à la HEP-Vaud en tant que spécialiste de la didactique de la lecture et de l’écriture au primaire. J’apprends à mes étudiants qu’ils sont amnésiques (rires). Je leur présente et j’analyse avec eux les façons dont vous et moi avons appris à lire et à écrire à l’école, sous l’effet de certains gestes professionnels et dispositifs d’enseignement.

 

Pourquoi avez-vous choisi d’effectuer un doctorat ?

Ce sont tout d’abord des raisons personnelles. Je suis le premier de ma famille à avoir effectué des études universitaires, ce qui a représenté un défi et une source de motivation. Par goût et par intérêt, je m’étais beaucoup investi dans mes études universitaires en français. C’est une branche qui m’a passionné. Jean-Michel Adam, alors professeur de linguistique française à l’UNIL, avait apprécié la qualité de mes travaux et m’avait alors signalé qu’un poste d’assistant allait se libérer… J’ai pu faire ma thèse de doctorat sous sa co-direction. C’est un choix que je ne regrette pas ! Mon doctorat me permet aujourd’hui, dans mon poste de chercheur et de formateur, d’avoir des outils professionnels à de nombreux niveaux.

 

Aviez-vous un plan de carrière durant votre doctorat ?

Je dirais que cela s’est passé en deux temps. Durant les deux premières années, je me suis concentré sur la réalisation de mon projet de thèse tout en consacrant beaucoup de temps aux lectures. Ensuite, au fur et à mesure que le projet se mettait en place et que j’avançais dans l’écriture, j’ai commencé à réfléchir à la suite. J’ai appris qu’un poste de maître assistant allait se libérer au moment où je terminais ma thèse. J’ai eu de la chance que cette opportunité se soit présentée à ce moment-là car je souhaitais continuer dans la recherche. J’ai obtenu ce poste que j’ai occupé durant quatre ans. Puis, pendant mon maître assistanat, j’ai dû réfléchir à ce que je souhaitais faire après ce poste. J’avais très envie de poursuivre la voie académique, mais je savais que mes perspectives étaient bloquées à l’UNIL car des postes fixes de maître d’enseignement et de recherche (MER) et de professeurs venaient d’être repourvus. J’ai choisi de faire une sorte de « pas de côté » et de me diriger vers la formation d’enseignant·e·s.

 

Vous êtes professeur associé à la Haute école pédagogique du canton de Vaud. Le jour de votre soutenance, auriez-vous imaginé occuper ce poste aujourd’hui ?

Non, pas du tout. Il a fallu du temps, de la maturation et du recul vis-à-vis de soi, ce dont on ne dispose pas forcément lorsque l’on est plongé dans sa thèse…

 

En dehors de vos activités d’enseignement et de recherche, exercez-vous d’autres activités ou avez-vous d’autres engagements dans le cadre de votre fonction ?

Dans le cadre de mes enseignements, je fais principalement de la formation initiale aux niveaux Bachelor et Master. J’enseigne également dans le cadre de formations continues. La recherche en didactique du français est désormais organisée au niveau international, ce qui conduit à des collaborations avec des collègues québécois, belges et français. En plus de ces activités, j’ai différents mandats, comme les visites de stages disciplinaires qui visent à évaluer les enseignements en français d’étudiant·e·s en formation, la participation à titre d’expert didactique aux épreuves cantonales de référence (les épreuves qui décident de l’orientation des élèves en 8e année Harmos) et aux épreuves nationales sur les compétences fondamentales en compréhension écrite (dirigées par la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l'instruction publique), ainsi qu’un rôle de conseiller didactique pour la constitution en cours des nouveaux moyens d’enseignement romands.

 

Qu’aimez-vous le plus dans cette fonction ?

D’avoir le sentiment d’être « utile » – modestement. Pour de nombreuses raisons, souvent structurelles, l’impact des recherches sur l’enseignement s’évalue sur le long terme. On compte environ une génération d’enseignants pour que les pratiques se modifient de façon significative. En ce qui concerne la didactique du français, je suis par exemple très sensible à mobiliser des activités d’écriture qui soient proches des pratiques « authentiques » des élèves : restreindre l’enseignement de la production écrite aux rédactions ou aux dissertations, par exemple, crée un décalage qui dessert la motivation et les apprentissages. J’apprécie aussi faire des visites d’étudiants dans les classes et constater parfois que les dispositifs d’enseignement-apprentissage proposés en formation sont mis en place de façon cohérente, qu’ils fonctionnent bien, voire qu’ils sont appréciés aussi par les praticien·ne·s-formateur·trice·s qui accueillent le ou la stagiaire !


Expliquez-nous le parcours qui vous a mené jusqu’à votre poste actuel ?

Après avoir été maître assistant à l’UNIL, j’ai été engagé en tant que chargé d’enseignement à la HEP-Vaud, puis j’ai obtenu le poste de professeur associé que j’occupe actuellement. Avant d’effectuer mon doctorat, j’ai été enseignant au degré primaire dans des classes vaudoises pendant six ans, parallèlement à mes études de licence à l’UNIL. J’ai eu dans mon parcours à la fois une expérience d’enseignant et une formation scientifique en linguistique française, avec des intérêts centrés sur l’analyse de discours, la linguistique textuelle et les théories de l’énonciation. Actuellement, la HEP-Vaud recrute de plus en plus des profils ayant à la fois une expérience dans l’enseignement et dans la recherche. Par ailleurs, la culture de travail à la HEP-Vaud me semble plus collaborative que ce que j’ai pu connaitre en section de français à l’UNIL. Cette organisation du travail a été un grand facteur d’intégration et de motivation.

 

Quel conseil donneriez-vous à un·e doctorant·e ou à un·e post-doc qui prépare la prochaine étape de sa carrière ?

Il ne faut pas hésiter à discuter autour de soi des éventuelles possibilités et à entretenir ses contacts malgré l’isolement que peut procurer la rédaction d’une thèse de doctorat. C’est par ces échanges informels que l’on peut être mis au courant d’un poste ou de certaines attentes. Il est très important d’avoir cette oreille attentive. Mon autre conseil serait d’identifier ce qui, dans la société, correspond le plus à nos attentes concernant la discipline dont on est le spécialiste. En cela, faire l’exercice de penser sa discipline en dehors de l’université peut être très utile. Par exemple, on peut se poser la question suivante : si je suis chercheur en biologie ou en psychologie, quelles sont les options qui peuvent m’intéresser si je n’occupe pas précisément un poste de biologiste ou de psychologue ? Il vaut la peine de se demander quels sont les aspects qui me plaisent le plus, si c’est par exemple la dimension éducative, sociale ou communicationnelle.

 

 

Portrait publié le 10 mai 2021

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